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Boîtes à rythmes et bottes de cuir : 9 albums majeurs du metal industriel

Portrait de Léo
Boîtes à rythmes et bottes de cuir : 9 albums majeurs du metal industriel

Le metal indus est en perte constante de vitesse depuis le début des années 2000, ce n'est un secret pour personne. Alors que la plupart des pionniers du genre ont, avec plus ou moins de réussite, fait dans la continuité de leurs œuvres fondatrices, un manque cruel d'innovation et surtout de nouveaux groupes à qui passer le flambeau se fait violemment sentir… Après cette déclamation assez "vieux con" dans l’esprit, vous vous attendez peut-être à une petite sélection de jeunes groupes d’indus géniaux qui contredirait ces dires quelque peu réacs. Eh bien que nenni mes chers, puisque aujourd’hui on rappelle cette chienne de nostalgie à coup de "c’était mieux avant" et on vous propose une petite sélection des prolifiques années 90, berceau boulimique du metal indus. D'artistes en plein sous le feu des projecteurs à ceux restés dans l'ombre, voici 9 albums qui ont construit le genre.

Godflesh – Streetcleaner (1989)

Déshumanisée, angoissante, torturée, les adjectifs ne manquent pas pour décrire la musique de Godflesh. De loin l'album le moins accessible de cette sélection, il n'en reste pas moins révolutionnaire, tant dans ses sonorités que dans ses mélodies. Là où la plupart des groupes extrêmes de l'époque privilégiaient la vitesse, Godflesh inflige des rythmes d'une lenteur implacable, appuyant la lourdeur de ses effets indus crasseux. Premier long format du groupe, ce Streetcleaner plutôt anonyme à sa sortie, sera un précurseur brut de décoffrage acquérant un statut culte au fil des années. Vu le côté très joyeux et bucolique du machin, on vous déconseille tout de même de l’écouter en période de profonde dépression ou entre deux épisodes de Derrick, on n’est jamais trop prudent.

Godflesh inflige des rythmes d'une lenteur implacable, appuyant la lourdeur de ses effets indus crasseux.

 

The Young Gods - T.V. Sky (1992)

Cités en référence par de nombreuses pointures telles que Devin Townsend, Mike Patton, Maynard James Keenan ou même David Bowie, excusez du peu, les Young Gods ont profondément, pour ne pas dire totalement, influencé la fusion et la musique industrielle. Après deux excellents albums (The Young Gods et L’Eau Rouge), les Suisses délaissent le français au profit de la langue de Shakespeare pour ce T.V. Sky, un album qui va leur apporter une certaine reconnaissance internationale. Le disque est un immense mélange d'influences qui réussit le tour de force d'accoucher d'un son unique et pourtant ultra-référencé. C’est plus typé rock indus que véritablement metal, mais la musique de The Young Gods a tellement contribué à l’évolution du genre qu’on ne pouvait omettre de les citer ici.

 

Ministry – Psalm 69: The Way to Succeed and the Way to Suck Eggs (1992)

Psalm 69 est incontestablement le grand chef-d’œuvre de Ministry. Sixième opus du groupe, il sera l'un des premiers albums de metal indus à acquérir un véritable succès commercial. Une grosse critique de la politique américaine de l’époque (toujours actuelle cela dit), des rythmiques implacables et une vraie efficacité mélodique tenue sur chaque morceau, le Billboard n'en demandait pas plus. Un disque autant jouissif qu'intelligent, indéniablement un de ceux qui ont popularisé le genre.

 

Nine Inch Nails - The Downward Spiral (1994)

Vous connaissez ce pote un peu énervant qui réussit tout ce qu’il entreprend avec brio mais toujours en se donnant des airs désintéressés ? Trent Reznor fait indéniablement partie de ce genre de personne (si ce n’est que vous n’êtes sans doute pas son pote). Vas-y que j'te révolutionne le paysage indus tout seul, et que j’te compose des BOs de films cultes, et que je produis des artistes hors normes, le gars semble réussir un quasi sans faute depuis le début de sa carrière. Reste que sa popularité vient principalement de son one man band culte : Nine Inch Nails. Un succès acquis dès 1989 avec l’album Pretty Hate Machine (attention il a plutôt mal vieilli) et qui se confirmera 3 ans plus tard avec l’excellent Broken. Mais c’est finalement en 1994 que NIN sera à l’apogée de sa carrière avec le monument qu’est The Downward Spiral. Album extrêmement sombre et subversif, ce sera néanmoins un succès retentissant dès sa sortie, rejoignant rapidement le panthéon des albums cultes des 90s. Un putain d'indispensable.

 

Killing Joke – Pandemonium (1994)

Killing Joke peut sans aucun mal se targuer d'être l'une des influences majeures de tous les groupes cités dans cette sélection. Alors que depuis les années 80 il posait les prémices du metal indus, le groupe semblait avoir éclaté au début des années 90 avec la multiplication des projets solo de ses membres fondateurs. Mais quelques mois après le Downward Spiral de NIN, ils opèrent un retour retentissant avec Pandemonium, un album qui va remettre toute la scène indus à sa place prouvant qu'ils sont bel et bien à l'origine d'un genre dont ils ont la parfaite maîtrise. Le disque est accessible sans tomber aucunement dans la facilité et entretiendra certaines anecdotes cultes sur sa création (parties enregistrées clandestinement dans la pyramide de Gizeh entre autres), ce qui en fera rapidement l'un des préférés auprès des fans de la formation. Sans égaler le génie de ce dernier, le groupe maintiendra un haut standard de qualité jusqu’à encore aujourd'hui, en témoigne la sortie en 2015 de Pylon, un disque autant acclamé par la critique que par les fans.

Un album prouvant qu'ils sont bel et bien à l'origine d'un genre dont ils ont la parfaite maîtrise.

 

Rammstein – Sehnsucht (1997)

Deuxième album du groupe, Sehnsucht, est peut-être aussi le dernier disque de Rammstein à exploiter des sonorités indus en si grande quantité. Après un premier opus plutôt quelconque (Herzeleid), les Allemands posent les bases fulgurantes de leur succès international. Tout ici est extrêmement simple mais d'une efficacité maximale. Le chant clair, grave et puissant de Till Lindemann se marie parfaitement avec les rythmes martiaux et les mélodies entêtantes des musiciens. Si le groupe a bien moins expérimenté que les autres artistes cités ici, il a su tirer son épingle du jeu avec des lyrics provocatrices, des clips cyniques à souhait et surtout des shows excessivement spectaculaires.

 

2wo – Voyeurs (1998)

Etrange projet que celui de 2wo, sous un metal indus plutôt classique mais très efficace, se cache ni plus ni moins que le peu chevelu Rob Halford. Oui oui, le chanteur de Judas Priest qui délaisse ici sa voix haut perchée (This Is The Paiiiiiiiiiinkiller) pour une tessiture bien plus sobre et planante mais pas moins maitrisée pour autant. Le monsieur est plutôt bien accompagné pour cette réalisation, puisque c'est ni plus ni moins que John 5 (Marilyn Manson, Rob Zombie) à la gratte et…Trent Reznor à la production, décidément cet homme est partout, bordel. Unique album du super-groupe, Voyeurs reste un petit bijou d'indus : sombre, entêtant et d'une cohérence exemplaire. Un disque malheureusement oublié du grand public et, peut-être aussi, injustement délaissé par ses géniteurs.

Voyeurs reste un petit bijou d'indus : sombre, entêtant et d'une cohérence exemplaire.

 

Pitchshifter – www.pitchshifter.com (1998)

La première comparaison évidente à l'écoute d'un disque de Pitchshifter est incontestablement Prodigy. On y retrouve ici nombre de rythmiques en commun, une voix plutôt similaire et surtout la même énergie brute qui s'en dégage. Bien sûr le tout est bien plus saturé et rock, mais le noyau reste substantiellement le même. www.pitchshifter.com , le cinquième album du groupe, a une sorte d'immédiateté qui le classe parmi ces disques que l'on peut écouter quel que soit le moment, une sorte d’efficacité inventive le rendant quasi intemporel. N'espérez cependant pas écouter un nouvel album de Pitchshifter de sitôt, puisque le groupe, à part quelques reformations live, est dans une profonde inactivité depuis 2005.

 

Rob Zombie – Hellbilly Deluxe (1998)

Musicien et réalisateur, Rob Zombie a modelé ces deux dernières décennies un univers qui lui est réellement propre. Inspirée de l'ambiance kitsch des vieux films d'horreur de série B, sa musique autant que ses œuvres cinématographiques s'auto-alimentent entre elles, tels les morceaux disparates d’un Frankenstein sous ecsta. C'est fouillis, chaque piste semble être dans son délire propre mais le tout est diablement jouissif. Ce "bordel ambiant" revêt même au final d'une certaine cohérence puisque que c'est justement l'un des propres de la série B : un tas d'idées sans grand rapport, assemblées avec des bouts de ficelle pour accoucher d'une œuvre un peu bancale mais au charme fou. Hellbilly Deluxe est un album génial pour peu que l'on accroche à ce genre d'ambiance, ça reste très accessible et c'est sûrement l'album le plus inventif de monsieur Zombie à ce jour.

Boîtes à rythmes et bottes de cuir : 9 albums majeurs du metal industriel
Élément suisse de la rédaction, j'adore écouter de la musique de bourrin entre deux évasions fiscales.

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