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Darkest Hour + Norma Jean + Branson Hollis + Coilguns 13/08/2012 @ Batofar, Paris

Portrait de Andrey
Darkest Hour + Norma Jean + Branson Hollis + Coilguns 13/08/2012 @ Batofar, Paris

Depuis mon arrivée chez Pelecanus, il m'est plus d'une fois arrivé de couvrir des concerts à la limite de la ligne éditoriale du webzine. On ne peut pas dire que ces cas là furent des succès resplendissants au niveau du nombre de visites, mais je persévère. Cette fois, cependant, je suis allé presque trop loin, et ce n'est qu'après quelques jours de discussion que j'ai eu le feu vert (ou plutôt le "whatever") des collègues de la rédaction. Et c'est en grande partie grâce au premier groupe, Coilguns.

Il y a des groupes à qui l'on reproche parfois d'être un peu trop chaotiques. Ce n'est pas le cas de Coilguns. Non pas que leur musique soit particulièrement calme, détrompez-vous, les compositions de ce trio suisse sont un bordel sans nom, mais plutôt parce que ce collectif a élevé le chaos au rang de l'art. Et ça commence par la composition même du groupe : initialement prévu comme un power trio, l'idée est écartée après les premiers enregistrements, le bassiste préférant se dévouer entièrement au chant. C'est donc à Jona, le guitariste (aussi officiant, comme le reste du groupe, dans The Ocean) que revient la lourde tâche d'assurer toute la partie mélodique, à l'aide d'une guitare, de quelques amplis, et d'un paquet de pédales qui ferait pâlir un membre de Kylesa. 

Le concert commence, et dès les premières notes, on remarque que le bougre s'en sort vachement bien, en jouant sur les harmonies et les effets de sorte à assurer un son semblable à celui d'une basse, tout en balançant un nombre de notes ridiculement élevé par dessus. Respect. Ce déluge de notes est soutenu par une batterie à configuration très simple, mais au jeu extrêmement précis et efficace, et le groupe n'a absolument aucun mal à enchaîner des passages qui peuvent sembler sans aucun rapport aux néophytes du groupe, totalement décousus et bordéliques. Mais c'est ça qu'est bon, on ne sait jamais sur quoi le morceau va enchaîner, on passe donc notre temps à regarder dans tous les sens, de peur qu'un passage plus "violent" surgisse de nulle part et que le chanteur, véritable furie, ne te foute un coup de pied par mégarde. Ce dernier n’hésitera par ailleurs pas à descendre dans le public pour continuer sa prestation en se roulant par terre. Normal. Cependant, malgré toute la sympathie dégagée par le groupe, plutôt communicatif, la sauce aura du mal à prendre dans ce Batofar, et le public restera en majorité à une distance respectable de la scène, malgré les incitations du chanteur, Louis. Le groupe finira néanmoins sur l'excellent morceau Parkensine, et laissera la place au deuxième groupe de la soirée. Rien à redire pour ma part, si ce n'est que la voix était à peine assez forte. 

Le deuxième groupe à envahir la scène ce soir fut Branson Hollis, et je dois avouer que non seulement je n'avais jamais entendu parler de ces gars-là avant, mais jusqu'au jour du concert je ne savais même pas qu'ils étaient sur l'affiche. Et pour le coup, alors que le public eut l'air de bien plus apprécier leur performance que celle des Suisses, je n'ai pas réussi à accrocher à leur oeuvre à cause d'un gros point noir : la voix, ou plutôt les voix. Car il se trouve que dans ce groupe, toute personne ayant un manche dans les mains (ne pas sortir du contexte, merci) contribue aussi au chant : on se retrouve donc avec trois voix différentes (dont une clean), et ... c'est trop. Si la musique des Français est plutôt sympathique, officiant quelque part dans le post-hardcore, j'ai rapidement l'impression qu'il ne peut s'écouler plus de quinze secondes sans chant, il y en a quasiment partout, et à toutes les sauces. De plus, au moins une des voix ne me semble pas très juste (problème de volume dans les retours ?), et je passerai donc une bonne partie du set à grincer des dents. Dommage.

Vient ensuite le tour de Norma Jean, et je dois avouer que le groupe n'a pas subi de grands changements depuis leur passage début mars. On remarquera tout au plus un léger changement de setlist (A Media Friendly Turn For The Worse viendra remplacer Bastardizer), et un léger changement de bassiste. Sinon, c'est un peu la même chose que la dernière fois: un groupe bien énergique, des breakdowns toujours un peu kikoo mais plutôt efficaces, et une fin sur la dantesque Memphis Will Be Laid To Waste. Bref, une performance totalement honnête et sympathique.

La fatigue commence à se faire sentir lorsque Darkest Hour s'installent sur scène. Je pense que je dois une petite explication : Darkest Hour, c'est un peu le groupe que je n'ose pas mentionner lorsque je suis entouré de personnes de bon goût, celui que j'aime sans comprendre pourquoi, et que je n'assume pas trop. J'ai découvert ça grâce à la pochette de Deliver Us dessinée par un certain John Baizley, et pour une raison totalement obscure, j'ai tout de suite accroché à ce groupe, jouant quelque chose s'approchant dangereusement du death mélodique, un genre que je hais d'habitude. Pourtant, Darkest Hour en présentent pas mal d'éléments... une batterie tout en double pédale ? Pas grave, ça passe. Des solos que je traiterais en état normal de "branlette de manche" ? No big deal. Des guitares toutes pointues et bien laides ? Bon ok, ça c'est un manque de goût flagrant...

Le groupe commence donc son set, et, tout comme en studio, sans même comprendre pourquoi, je trouverai ça hyper catchy, accrochant dès les premières secondes, d'autant plus que la prestation est très précise et totalement maîtrisée. Bien que de base j'avais prévu de rester juste le temps de deux-trois morceaux, histoire de prendre quelques photos, je me surprends à rester jusqu'au bout du show, y compris le rappel, en bougeant au rythme de Demons, Doomsayer et autres morceaux dont je ne connais pas forcément le titre, comme le dernier des metalleux ayant envahi la salle à ce stade de la soirée. J'ai honte.

J'aime les ours, le whisky et les internets.

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