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Swans - The Seer (2012)

Portrait de Andrey
Swans - The Seer (2012)

Depuis quelque temps déjà, un collègue (je vous laisse deviner lequel) me pousse à écrire des chroniques, en ponctuant ces incitations d'un nombre plutôt conséquent d’obscénités. Jusqu'à aujourd'hui, je refusais en bloc, en lui répondant des trucs du genre "nan c'est chiant les chroniques, y a pas de photos", mais s'il y a bien un groupe pour lequel je me DEVAIS de faire une exception, c'est bien Swans.

Avant de passer à l'album, je voudrais vous parler brièvement du groupe lui-même. Enfin, pas tant du groupe, mais plutôt de la façon de le découvrir. Car il se trouve, en effet, que des amis m'ont plusieurs fois posé la question "mais en fait, qu'est-ce que tu y trouves de si spécial à ce groupe ?", et j'ai beau chercher, j'en ai toujours aucune idée. Pour ma part (et à priori, je ne suis pas le seul dans ce cas), ça s'est passé de la manière suivante: j'ai écouté un album ou deux, pas trouvé ça exceptionnel, en dehors de quelques morceaux et laissé tomber. Puis, un peu plus tard, je suis retombé sur Soundtracks for the Blind, et, peut-être à cause de mon humeur du moment, ou de la quantité d'alcool dans mon corps, j'ai eu le déclic. Et à partir de ce moment, j'ai compris: Michael Gira est un génie, un dieu vivant, et son oeuvre est l'une des meilleures choses qui soient arrivées à la musique depuis des années. Et pourtant, je n'ai toujours aucune idée de ce  qui me fait cet effet, car il est vrai que, analysés séparément, chaque élément (mélodies, rythmes, voix...) de ce groupe n'a rien d'extraordinaire. Et pourtant, une fois tout cela mélangé, chaque note est teintée d'une atmosphère totalement inimitable. Un des grands mystères de ma vie, décidément. The Seer, donc. Deuxième album depuis le renouveau de Swans en 2010, décrit par Gira himself comme la culmination de ces 30 années, le haut point de tout ce qu'il ait jamais créé musicalement. "Wow, rien que ça ?" me dis-je alors, en lançant la première écoute, avec une appréhension non-dissimulée. Première écoute terminée, je ne comprends pas totalement ce qui s'est passé. C'était... inattendu. Moi qui pensais me retrouver avec quelque chose dans la continuité de My Father Will Guide Me A Rope To The Sky, j'étais loin du compte. Des choeurs, un morceau au piano et avec une voix féminine rassurante, des onomatopées... Une deuxième écoute s'impose. Et ça ne sera pas ma dernière (je tiens à préciser que l'album dure deux heures; ah, si seulement les heures sup étaient payées dans le milieu...), j’enchaînerai donc l'album plusieurs fois avant de commencer même à savoir si je le trouve bon ou pas.

Et la réponse sera oui. Un grand OUI même. C'est un putain de chef-d'oeuvre. Commençant plutôt calmement, avec des choeurs accompagnant Gira dans Lunacy, un titre relativement doux, on déboule rapidement sur l'intense Mother of the World et ses "IN AND OUT AND IN AND OUT AGAIN", transperçant de frissons. Un petit interlude plus tard, et c'est parti pour le morceau éponyme, qui dure quand même une petite demi-heure, sans pour autant jamais devenir ennuyeux, tant les progressions sont maîtrisées. Et encore cette voix, répétant une phrase en boucle. La sensation de malaise, inhérente au groupe est bien de la partie, nous voilà rassurés. On enchaîne directement sur la suite, The Seer Returns, morceau transpirant, lui, un je-m’en-foutisme lui aussi bien présent dans l'oeuvre de Swans, non sans me rappeler leur milieu de carrière. Le reste du premier cd ne sera que montées et descentes d'une grande intensité, telle une éruption volcanique de sons inconfortables. 

Après la tempête, vient le calme. C'est donc par un morceau au piano et chanté par Karen O des Yeah Yeah Yeahs que commence le deuxième cd, comme dans une tentative de reconstruire ce qui a été détruit jusque là. Et ça enchaînera sur la plus belle progression de l'album, et sûrement le meilleur morceau que j'ai entendu cette année: Avatar. Rien à redire, tout y est. La fin de l'album ne sera pas en reste, avec des moments non sans rappeler des passages planants de ISIS, et d'autres moments donnant envie de partir dans une série de headbangs dignes d'un bon No Words / No Thoughts. Sixième écoute finie. Je sais dorénavant que j'aime cet album. Peut être pas autant qu'un Swans are Dead ou un Soundtracks for the Blind, mais on s'en rapproche vraiment. Je pourrais le décrire pendant longtemps encore, mais je ne pense pas être en mesure de transmettre par écrit toutes les petites subtilités que l'on peut entendre par-ci par-là. C'est un album qu'il faut entendre, mais surtout écouter. Plus d'une fois. Un album qu'il faut vivre. Rendez-vous donc en novembre (octobre pour les Québéquois) pour se prendre une claque monumentale en live. En plus Avatar sera jouée. Vous n'avez donc vraiment aucune excuse pour ne pas y être.

Swans - The Seer (2012)
Swans
The Seer
Lunacy
Mother Of The World
The Wolf
The Seer
The Seer Returns
93 Ave. B Blues
The Daughter Brings The Water
Song For A Warrior
Avatar
A Piece Of The Sky
The Apostate
J'aime les ours, le whisky et les internets.

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