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Rétrospective - Red Harvest : Plus de futur
Depuis ses débuts dans le Thrash, Red Harvest a toujours confondre les attentes de ses fans et des critiques en ne restant fidèle qu’à son désir d’illustrer au mieux possible une vision futuriste et apocalyptique sans aucun lien avec les clichés à la Fear Factory. Le Metal Industriel de Red Harvest ne fait pas qu’inclure un peu de bidouillages et quelques samples, c’est une parfaite fusion entre les genres et les esthétiques. Trop électronique pour les fans de Metal, trop Metal pour les fans de musiques électroniques, Red Harvest est sa propre bête et n’a donc jamais trouvé un public compréhensif. Pour les avoir vus en ouverture de Arcturus à Paris, je me souviens être resté au premier rang avec un pote et deux fans tandis que le reste de l’auditoire s’était caché bien au fond de la salle pour observer sans prendre le risque de se brûler. Un groupe méconnu qui revient, après une rupture il y a six ans, avec d’abord une réédition de Hybreed, leur premier chef-d’oeuvre (avant d’en enchaîner deux autres, Cold dark matter et Sick transit gloria mundi), et la promesse d’un nouvel album en 2017.
Nomindsland (1992)
Quand Red Harvest sort son premier album, les meilleures années du Thrash sont passées. Metallica a déjà commis l’irréparable et sorti le Black album l’année précédente et chacun sait que rien ne sera plus comme avant. Ce premier album possède toutefois des points communs avec le Contradictions collapse de Meshuggah avec sa production froide et sa passion pour le son de Voivod avec ses refrains Punk, sa batterie frénétique et ses riffs étranges intercalés entre des passages Thrash de la Bay Area.
There’s Beauty in the Purity of Darkness (1994)
Deux ans plus tard, Red Harvest passe à l'industriel et oublie Voivod. Plus de chant éraillé mais des cris gutturaux et mélodies gothiques à la Type O Negative, l’accordage descend de plusieurs tons, la rythmique ralentit pour laisser place à des passages plus atmosphériques (Mastodome), ou s’accélère façon Gabba (Wounds). Plus de place pour l’espoir, l’apocalypse nucléaire est sur le point d’arriver.
Hybreed (1996)
Place à l’expérimentation. Red Harvest emboite le pas à Neurosis qui en est à son troisième album de Post-hardcore à l’époque et inclut beaucoup plus de passages lent et cinématique dans son univers. Ozhram, On sacred ground, The lone walk décrivent tous des paysages dé-humanisés dominés par une influence Dark ambiente et des cris à la James Hetfield, blindés d’effet, et sous le coup d’une dépression. Red Harvest ne se presse toutefois pas sur la route vers la fin du monde et use de nombreux effets. Mutant renoue même un peu avec le Thrash de Nomindsland dans un format à la fois plus Punk et plus Industriel. Pendant que la Norvège se fascine pour le Black metal et que les Etats-Unis s’enthousiasment pour le Néo metal, Red Harvest n’en a que faire et prépare de son côté sa propre révolution.
Cold Dark Matter (2000)
Quatre ans plus tard, Red Harvest est plus sûr de sa direction et affine sa formule. Les longues plages Dark ambient sont abandonnées pour privilégier des sonorités saturées comme les étouffantes nappes de clavier placées au second plan tout au long du morceau d’introduction, Omnipotent, ou de Last call. Les morceaux sont tous beaucoup plus courts en moyenne que ceux de Hybreed ce qui les rend aussi plus faciles d’accès et plus mémorables. La mécanique des rythmiques devient plus musculaires et moins hypnotique comme sur Death in cyborg era ou Move or be moved où les guitares viennent s’y appuyer. Bien que l’album n’a rien d’un sacrifice de l’art pour obtenir un quelconque bénéfice commercial, Red Harvest se rend ici plus approchable mais aussi plus corrosif comme le prouve les mécaniques et destructeurs Absolut dunkel:hell, Fix, hammer, fix et le final explosif Move or be moved.
Sick Transit Gloria Mundi (2002)
Après un EP très efficace de morceaux dans la même veine que Cold dark matter (dont le monstrueux Swallow the sun, très Ministry), la musique de Red Harvest redevient plus hypnotique pour un album consacré aux sectes obsédées par l’apocalypse. Première surprise, A.E.P. intègre des éléments Black metal au son Industriel pour une fusion jamais aussi réussie de Gabba et de trémolos sataniques. Red Harvest tisse aussi un lien avec Neurosis sur des pistes plus hypnotiques et martiales comme CyberNaut et Beyond the end dont le final à de quoi porter tout un public vers la cruche la plus proche de Kool-Aid. Impossible aussi de ne pas mentionner la reprise de 7 Year Bitch, un groupe Punk de Seattle composé uniquement de femmes dont le brûlot Dead men don’t rape laisse peu de place à l’imagination. Sick transit gloria mundi décrit un monde plongé dans le chaos où il n’y plus d'échappatoire possible.
Internal Punishment Programs (2004)
Plus de dix ans après avoir laissé tomber le Thrash, Red Harvest y retourne mais sans avoir oublié toutes les leçons tirées de leurs années d’expérimentations. Internal punishment programs, le bien nommé, renoue avec le Metal pour un disque plus brut mais pas moins Industriel. Anatomy of the unknown, Wormz ou Mekanizm tapent juste et tapent fort tandis que Abstract morality junction ou Synthesize my DNA attaquent le Dance floor des Goths et des fans d’EBM. Red Harvest joue toujours avec les couches de son mais le résultat est moins aéré et donc plus punitif. Une atmosphère de fin de monde mais où le groupe allume la flamme pour tenter de faire brûler tout ce qu’il reste.
A Greater Darkness (2007)
Dernier chapitre à ce jour dans la carrière de Red Harvest et nouveau changement, comme d’habitude, avec d’abord un accordage des guitares plus Black metal que jamais mais aussi des compositions moins ancrées sur des éléments électroniques ou mécaniques. Deux titres échappent à la régle, Beyond the limits of physical Xperience et War themes, avec des beats et des mélodies Indus. Ailleurs, c’est le retour à la bonne vieille alliance guitares, basse, batterie qui règne pour un résultat plus organique mais pas moins froid et étouffant. A greater darkness est sûrement le disque le plus proche de Neurosis que Red Harvest ait jamais composé tout en restant fidèle à son esthétique apocalyptique. Un dernier disque à l’opposé de leur carrière, de quoi rappeler que Red Harvest ne sera jamais là où on l'attend.
25/02/82, 1m80, à peine 60 kilos et élevé pour parcourir le macadam parisien de refuge en refuge jusqu'à son déménagement à Londres. Chroniqueur rock de 2004 à 2010 sur Eklektik-rock puis sur la fille du rock depuis 2010, bibliothécaire 2.0 depuis 2008, passionné de musique (metal, jazz, rap, electro …) et de comics. Ecrit aussi en anglais sur Delay and Distorsion (Chronique musicale). |
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