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Roadburn 2014 : jour 01 - « Planète Roadburn »
« Est-ce que tu pourrais me faire pour la semaine prochaine… » NON. Je ne serai pas disponible. Je suis en déplacement. La deuxième semaine d’avril, il ne faut pas compter sur moi. Idem pour quelques autres milliers de personnes qui viennent des quatre coins de la planète pour se retrouver dans la charmante ville de Tilburg aux Pays-Bas. Direction : Planète Roadburn.
Ouais, pour reprendre l’expression de Walter, le directeur du festival, la bourgade de 200 000 habitants se transforme en quelque chose d’autre, de « différent » pendant quatre jours. D’ailleurs, force est de constater que cette année, plus que jamais auparavant, la municipalité a totalement embrassé le Roadburn : le merch se trouve sur des stands dans la rue piétonne devant le 013 et le Patronaat (les salles), des « menus » dans tous les restaurants et bars proches, des drapeaux qui flottent au vent à l’entrée de la ville, …
Avec un total de quatre salles (trois dans le 013, plus le Patronaat), les rues piétonnes, celles adjacentes, remplies de bars aux terrasses spacieuses, voient une foule d’enfants du Très-Bas défiler dans une ambiance chaleureuse malgré la température pas forcément clémente des Pays-Bas à cette période de l’année. Pas de hurlement, pas de cri, aucun débordement, aucune petite raclure pour foutre la merde ou minable en train de se vomir dessus à deux heures de l’après-midi. Aucune présence policière non plus. Tout juste vu six policiers en quatre jours, à vélo, et ils n’ont fait que passer devant les salles, le regard amusé. Oui, je sais, ça peut laisser un Français rêveur…
Mais trêve de palabre, il est temps de devenir votre Dominique Paturel personnel et de vous compter cette édition 2014. Vous êtes prêts ? Alors commençons…
JOUR 1, ou comment on va te mettre tout de suite d’accord.
N’étant pas trop fan du groupe, je laisse filer Andrey, notre photographe, à Locrian et je me dirige rapidement vers Brutus. Ça sonne, c’est carré et loin d’être inintéressant. Pas transcendant mais certainement un groupe à suivre pour leur prochain album.
Le temps d’attraper une bière et nous nous dirigeons vers la Main Stage pour Sourvein. Là, ce n’est plus du tout la même catégorie. Comme une chape de plomb qui me tombe sur le coin de la gueule. Sale, violent. La machine avance inexorablement, mes cervicales s’activent et atteignent leur vitesse de croisière pour les jours à venir. Massif et gras, leur set fera l’unanimité et je ne partirai qu’à la fin pour courir – enfin, toute proportion gardée, faut pas déconner non plus – devant Regarde Les Hommes Tomber. J’aimais sur disque, plein de connaissances m’en avaient dit du bien de leurs concerts. Ils avaient raison. Leur musique lorgne entre le hardcore, le black et le sludge. Evil as fuck baby. Pas mal de personnes autour de moi prononcent le mot « Shrine » puisque le groupe sera bientôt sur scène, ce qui, pour moi, se traduit par « sors, retrouve les camarades et va tranquillement te poser en terrasse avec une pinte ».
Pas mal curieux – à plus d’un titre - du « fameux » set lourd et lent de Napalm Death, je finis ma mousse pour leur concert. Bien tenu… Un, deux morceaux. Pas plus. Non, merci. The Cult Of Dom Keller joue au même moment et je me sens l’âme psychédélique. Plus d’une semaine après, au moment où j’écris ces lignes, je me félicite encore de ce choix. Dans la case « bon, à suivre absolument ».
20h15, le soleil se couche sur la Planète Roadburn et Correction House commence. Putain de pute… Leur album me laissait la même impression qu’avec pas mal de trucs de metal indus des 90s (le prendre comme un compliment) mais sur scène, en prime, j’y retrouve une puissance et une énergie propre au hardcore de la même période. Jouissif et massif. Rarement un « super groupe » ne m’aura fait autant vibrer sur album et maintenant sur scène. L’heure tourne et je sais qu’ils feront un second set le lendemain. Surtout, je sais que Conan va bientôt jouer au Patronaat. Voir les enfants de Crom dans une ancienne église aux sublimes vitraux…
Et là, oui, là, à l’instant précis où débute leur concert, le Roadburn 2014 va « vraiment » commencer pour moi. Chaque petite molécule de mon être vibre sous les basses. Pas la première fois que je vois le groupe, loin de là, et pourtant, ce 10 avril 2014, tout va changer. Conan a atteint un autre niveau, une autre sphère. Je sais que l’expression a été employée mainte fois mais putain de pute, c’est tout simplement l’Apocalypse. Mon petit corps, mon cortex, toute la salle se prend un déluge de coups de hache sur le coin de la gueule. Ce sera violent, sans merci, sans rémission. LA MANDALE. Leur concert restera dans les annales et je n’ai aucun problème à le ranger à côté de ceux que j’ai pu voir de Sleep ou Neurosis.
Je laisse le soin à Andrey de couvrir Crowbar et True Widow dont il ressortira avec un sourire vissé sur la gueule. Lâche me direz-vous ? Certainement pas. Simplement pas encore prêt à de nouveau écouter du son après Conan. Ouais, l’expérience a aussi été physique. Il est temps de faire le point sur une terrasse avec l’équipe, de vider quelques godets (ouais, la pinte de bière à 3,50 ; encore une donnée qui laisse le Français rêveur…) et d’envisager la suite.
Minuit approche. Ce sera Bong. Vous ne connaissez pas ?! Filez les écouter de suite. Il ne me serait pas difficile d’en parler en long, en large et en travers mais à quoi bon ? Comment décrire « réellement » un voyage extravéhiculaire que même cette merde de Leary aurait pu apprécier ?
Il est temps pour nous de récupérer notre cargo modifié YT-1300 (Seigneur Marie Jésus, pourquoi ressemble-t-il tant à une Renault Kangoo ce soir ?!) et de mettre le cap sur notre maison girafe.
Crédits photos : Andrey Kalinovsky / CSAOH.com
Journalist, radio speaker, PR guy, booker, crate digger, community manager, promoter. Je pourrais aussi l'écrire en français, il est vrai... |
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