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Beau Navire + We Were Skeleton + The Discord Of a Forgotten Sketch + Dark Circles 12/06/12 @ Divan Orange, Montréal
Montréal ne vibre certainement pas au même rythme que les États-Unis ou l'Europe lorsqu'il est question de musique screamo. Ce style fort intéressant peine à attirer les artistes dans notre belle province. Heureusement, les choses semblent changer tranquillement et le concert de Beau Navire en est un bel exemple. Ce nom important de la nouvelle vague de screamo américain est venu pour la première fois à Montréal, et au Canada, pour nous faire vivre sa symphonie chaotique.
Lorsque je suis entré au Divan Orange, l'ambiance était sombre et glauque. Les très courus, Dark Circles, s'apprêtaient à grimper sur la scène pour une trentaine de minutes de brutalité. Malgré quelques difficultés techniques qui semblaient monopoliser beaucoup de temps durant la balance de son, le résultat fut percutant et direct. Ces problèmes retardèrent le concert de quelques minutes, alors je n'étais pas trop déçu d'être arrivé en retard puisque je n'ai pas raté une seule note. Comme à l'habitude, c'était du bonbon pour les oreilles, une dose d'agressivité bien dosée, mais somme toute répétitive. N'allez pas croire que je mentionne l'aspect répétitif parce que leurs prestations deviennent ennuyeuses après quelques morceaux, loin de là, mais je crois que nous avons tous vu Dark Circles au moins cinq à dix fois cette année. Ce qu'ils ont à offrir ne nous déstabilise pas autant que par le passé, ils devraient sans aucun doute prendre une petite pause et revenir avec une recette plus épicée, plus surprenante et fatale. Quoi qu'il en soit, si vous ne les avez jamais vus et que vous êtes un nostalgique de la période de Black Ships ou Cobra Noir, n'hésitez pas à vous déplacer pour leur prochaine sortie.
Allez hop! Terminées les âneries sur la scène, c'était l'heure du vrai screamo, et évidemment tout se passe à même le sol. Tout comme les très populaires Pneu ou Lightning Bolt, la scène screamo n'hésite pas à sauter dans la foule pour faire valoir sa puissance. Les prochains à faire couler le sang de nos tympans étaient les fameux Montréalais de The Discord Of A Forgotten Sketch. Ce groupe ne requiert aucune présentation dans sa terre natale, mais pour ceux qui liraient la critique outre-mer, il faut rappeler qu'ils proposent un fabuleux mélange de screamo, math rock et de jazz. Ils ont fait une tournée avec les incroyables The Locust dans leurs années folles, mais maintenant le groupe œuvre sous la forme d'un trio et s'est grandement assagi pour offrir des prestations beaucoup plus musicales que dérangeantes. Leur dernière prestation remontait à quelque temps, en ouverture pour les populaires Pianos Become The Teeth à L'Escogriffe. À ce moment, leurs nouveaux morceaux ne m'avaient pas renversé, et m'avaient même laissé de glace. Le dicton mentionne qu'il faut toujours donner une deuxième chance au coureur et c'est ce que j'ai fait la semaine dernière. Ce fut une excellente idée puisque le trio livra une splendide performance sur le parterre du Divan Orange. Nous avons eu droit à une longue prestation avec une seule vieille composition, soit la très mémorable Pluto paru sur leur disque « Don't Pay More Than 5$ ». Le reste fut chirurgicalement exécuté par les musiciens, ils nous firent voyager en terre inconnue avec une multitude de nouvelles compositions. De l'intensité à l'état brut, des machines de guerres et d'originalité. Vous ne trouverez pas deux groupes comme celui-là, ils ont un son extrêmement particulier et unique. Si vous ne les connaissez pas, passez par le Pelecanus Summer Fest le 13 juillet et vous serez comblé.
Le moment clef de la soirée s'entamait avec la présence des Américains de We Were Skeleton. Leur screamo est un peu plus mélodique que celui des autres groupes de ce soir, par contre je dois avouer que We Were Skeleton est de loin mon favori des quatre en version studio. Leur excellent album éponyme paru en 2010 tourne beaucoup chez moi depuis les derniers mois, les riffs sont précis et se chevauchent de manière splendides. Le chant est hurlé sans toutefois être agressif, tout est bien dosé et c'est le genre d'album qui vous botte le cul pour commencer une journée plus difficile. Malheureusement, la transposition en live fut un chaos total… C'était plus ou moins la faute des musiciens, ce fut plutôt une succession de problèmes techniques extrêmement déplaisants et long à fixer. Une tête d'ampli qui lâche, une corde qui éclate, un pied de cymbale qui fait des siennes, bref que de la merde. Croyez-moi, il est difficile de garder le rythme lorsque les musiciens font des morceaux de deux minutes et qu'entre chacun d'eux il y a cinq minutes d'attente. Heureusement, les dix dernières minutes furent bénies par les dieux et nous avons eu droit à l’enchaînement de quelques titres. Nous avons presque pu admirer l'excellent potentiel de We Were Skeleton, mais au moment où tout semblait prendre forme c'était déjà terminé. Meilleure chance la prochaine fois, téléchargez l'excellent album éponyme ou leur split avec The Saddest Landscape, c'est du régal!
Est-ce que Beau Navire allait avoir plus de chance? Bien entendu! Il leur suffit de quelques notes pour écraser la compétition. Quelle lourdeur… sérieusement c'est possible de faire autant de bruit? Oui! Après ces deux réponses obtenues, je me suis laissé bercer par cette avalanche d'atomes sonores. La saturation des guitares était sans faille, un mur de son, un poing sur la gueule. Le chant écopait évidemment de cette lourdeur, mais nous entendions un petit bruit qui semblait être des cris de détresse lointains et c'était suffisant. Nous avions l'intensité maximale, la foule le rendit bien aux Californiens avec une bonne ambiance et quelques petites agitations sur le parterre. Ce fut court et intense, Beau Navire ne s'éternise pas et ne fait pas dans la dentelle. À peine 20-30 minutes et c'était terminé, heureusement nous avons eu un rappel de deux morceaux grâce à notre insistance et à la gentillesse du bassiste de The Discord Of A Forgotten Sketch qui laissa le musicien de Beau Navire utiliser son instrument puisque sa basse avait rendu l'âme sur le dernier morceau. Encore une fois, le rappel fut fantastique et nous avons eu l'une des meilleures prestations screamo depuis longtemps. La dernière très mémorable fut celle de Loma Prieta à la Death Church ou celle de Suffix à l'Escogriffe. Il n'y a d'ailleurs pas de hasard puisque Beau Navire comporte un membre de Loma Prieta. Le monde est petit et le talent très condensé, alors faites vos devoirs et allez écouter les groupes dont je viens de vous parler dans cette critique. Au plaisir de vous revoir à leur prochain passage.
Chroniqueur montréalais pour Pelecanus depuis juin 2010 ayant participé à l'organisation de concerts ainsi qu'au défunt projet de webradio. |
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