Queens of the Stone Age - ...Like Clockwork (2013)

Un deuxième album d’une discrétion similaire les place dans le cœur de quelques rockeurs en manque de gros son comme les fiers représentants d’un heavy rock à relent pop plutôt bien foutu et aligne, comme précédemment, une poignée de titres puissants à l’efficacité indiscutable. Les plus curieux collectionnent et vénèrent le Desert Sessions, sorte d’antichambre où Homme et des amis esquissent ce qui deviendra du QOTSA la plupart du temps sur de plus grosses productions. Ces disques, sortis mystérieusement par paire sortent sur des labels plus confidentiels encore (Man’s Ruin, à quelques mois de la faillite jadis puis Ipecac) sur des 10" se revendant à prix d’or lorsqu’en 2004, le groupe cartonne sans aucune autre raison que celle d’aligner un Dave Grohl en grande forme derrière le kit, qui gratouillait du rock chez Foo Fighters jusque là (et tout le monde se carre de son passage chez Killing Joke un an plus tôt ou de son Probot sorti en toute confidentialité sur Southern Lord).

Couvertures de magazines, début de gloire rock’n’roll, Homme et son posse (qui se compose également de Lanegan, héros, aussi, discret d’un rock plus sombre) incarne le rock sauvage, celui qui sonne et qui joue avant de se plaindre, cesse de s’acoquiner avec le rap et pose ses bottes sales sur la table.

Suivront deux albums qui ne remporteront pas le même succès. Oliveri se fait remercier et Castillo ne possédant pour sa part, pas l’aura de l’ancien Nirvana : le line up ne dégage pas l’élan de grandeur de Song for the Deaf. Era Vulgaris, qui suit, est un album à la durée de vie ridicule. Aussitôt sorti, sans être mauvais, aussitôt oublié. Homme va dans le désert, fait le point sur sa vie, et se remet à trainer avec Grohl et un ancien Zeppelin : John Paul Jones. Them Crooked Vutlures est un projet abrutissant de par sa longueur et prouve qu’un « super groupe » n’est pas forcément un groupe super.

6 ans sans la moindre note enregistrée, que ce soit avec les Reines ou du côté Desert Sessions, Queens Of The Stone Age sort son « …Like Clockwork » comme l’album du retour, et ce grâce à un casting impressionnant. Troy Van Leeuwen (Failure, A Perfect Circle) reste le seul fidèle et officiel membre du groupe avec Homme (et deux jeunes « inconnus » en la personne de Fertita et Shuman). Reznor, qui doit voir QOTSA comme un équivalent desert rock de NIN (Reznor is NIN, Homme is Queens of the Stone Age) participe à une paire de morceaux en assurant chœurs et caisse claire (!),  tout comme Oliveri qui fait son grand retour, quasi insignifiant, en assurant les chœurs sur deux plages.

Bien que brouillé dans le fin fond du désert avec Homme, Castillo est tout de même présent/crédité sur 3 morceaux. Il est épaulé par Grohl qui assure le strict minimum sur une poignée de chansons, tandis que l’excellent Jon Theodore (Mars Volta, One Day As A Lion) devient le batteur officiel du groupe en participant au titre final du disque. On espère surtout qu’à ce stade, cette participation n’empêchera pas le groupe qu’il forme avec Zach de la Rocha et Joey Karam (the Locust) d’enregistrer un album. Mark Lanegan reste dans les parages, lui aussi pour assurer quelque chose plus proche de la figuration que de la réelle participation. Brody Dalle, l’élégante femme de Homme et chanteuse de feu Distillers, et Alain Johannes sont aussi là - où ? James Lavelle, patron de Mo’Wax et UNKLE, projet électro hip hop s’étant découvert une passion tardive pour le desert rock est à la co-prod du dernier morceau.

Beaucoup plus étonnant, LA star des chansons de fin de soirée des années 80 vient prouver qu’il a de l’humour une fois tous les 10 ans : Sir Elton John, qu’on n'avait pas vu au casting d’un projet aussi charmant depuis la BO de South Park, vient poser piano et chœurs sur un morceau. Quand on fait la liste, on a surtout l’impression de voir beaucoup de figurants, et à l’écoute, on est conforté dans cette idée.

Seulement, si on ne s’ennuie pas complètement à l’écoute de ce nouvel enregistrement, on ne s’enthousiasme que trop rarement au long de ces 10 morceaux. Il faut attendre le quatrième pour sentir un début d’intérêt. On se prend au jeu sur « If I Had a Tail » et son évidence mélodique, pop velue qui ne s’excuse pas d’être agréable. Si la sieste se prolonge, on serait presque réveillé par « My God Is The Sun », single au degré d’énervement tout relatif. Heureusement, on peut se recoucher tranquillement avec la suite et son piano, ses mélodies terriblement proches de la grande époque des Smashing Pumpkins.

Ca ne décolle pas. Fairweather Friends a des élans de grandiloquence mais reste étonnamment sage sans jamais devenir un tube sur-puissant. Et c’est bien là tout le problème de l’album. Aucun invité, aucune personnalité n’imprègne le son QOTSA. Oliveri donnait un cachet certain à ses chansons sur les 3 premiers albums. Lanegan habitait royalement les morceaux qu’il interprétait sur Rated R et Songs for the Deaf. Ici, on ne sent jamais que Reznor est venu poser quelque chose de valable. Le piano d’Elton John n’incarne rien. Grohl comme Theodore assurent le rythme mais ne jouent pas de batterie – tu vois la nuance ?

Homme est le seul maître à bord, il aurait pu faire son album seul que la différence n’aurait pas été remarquée. Nick Oliveri est sensé avoir enregistré sa voix quelque part, mais elle est impossible à distinguer. Tous les chœurs semblent être là pour gonfler les crédits, sans aucun impact derrière. Et le disque n’est même pas désagréable, il est juste vain.

On n’arrive pas au bout de ses 10 morceaux comme ayant l’impression d’avoir entendu un grand disque. Ronronnant gentiment la plupart du temps, on finit l’album en ayant l’impression d’avoir écouté la radio ou une compilation un peu triste et sans âme. On passe très rapidement au disque suivant, sans vraiment trouver quoi que ce soit à redire. Non, ce n’est définitivement pas mauvais, c’est simplement insipide