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The Alchemist - Retarded Alligator Beats (2015)
La production solo d’Alchemist est assez aléatoire mais ses collaborations sont elles généralement très satisfaisantes, même quand le MC sort les pires idioties du monde (voir le disque Albert Einstein avec Prodigy de Mobb Deep). Il y avait donc peu à attendre d’un nouvel album du producteur puisqu’il se préparait aussi à sortir un très attendu nouveau Gangrene avec Oh No. Pourtant, malgré la déception de Israeli salad, agréable mais manquant de cohérence et peu entrainant, ce Retarted Alligator Beats est une excellente surprise.
Le producteur semble avoir pris exemple sur le grand frère de son partenaire de crime dans Gangrene et appris comment rendre cohérent un disque instrumental. Le résultat sonne comme le cousin gangster de Madlib, blindé de swagger et de gros beat. On retrouve toutefois un rappeur dans l’affaire, l’Obelix du rap, Action Bronson, venu balancer son flow nonchalant sur un Voodoo que l’on aurait pu imaginer sur un Gangrene avec sa ligne de guitare wah wah confrontée à une trompette chaleureuse faite pour annoncer un autre genre de MC, plutôt en costard cravate qu’en sneakers et tee-shirt.
Tout se passe très vite ici avec seize titres pour une vingtaine de minutes de musique. Pas le temps de niaiser, comme dit l’autre, et on enchaine les bangers après les bangers. On pourrait ici imaginer la bande son d’un film de blaxspotation moderne plongé dans la cocaïne pour le déficit de l’attention dont est atteint le producteur dans sa propension à faire voler les plages instrumentales les unes après les autres.
Même si l’emploi du mot « retarded » n’est pas des mieux choisis, on comprend l’idée derrière son choix. Vouloir faire la fête de façon ignorante, se laisser abandonner aux émotions et tout balancer avec une certaine absence de subtilité, comme « Kirk fucking Douglas » comme dit l’un des samples sur le titre du même nom. Il y a à boire et à manger ici, et puis il y a aussi du bizarre, mais rien que l’on ne puisse repousser non plus. Un disque un peu à part, fait des meilleurs fonds de tiroirs.
25/02/82, 1m80, à peine 60 kilos et élevé pour parcourir le macadam parisien de refuge en refuge jusqu'à son déménagement à Londres. Chroniqueur rock de 2004 à 2010 sur Eklektik-rock puis sur la fille du rock depuis 2010, bibliothécaire 2.0 depuis 2008, passionné de musique (metal, jazz, rap, electro …) et de comics. Ecrit aussi en anglais sur Delay and Distorsion (Chronique musicale). |
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