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Zelooperz - Bothic (2016)
A l’instar de Edan qui rappait « Instead of R&B bitches, I do my hooks with Japanese kids » sur Sing it shitface, Zelooperz remplace les klaxons de vuvuzella présents sur tant de productions rap de ces dix dernières années par des cris de dauphins. Rien qu’avec ce détail, vous pouvez vous douter que Zelooperz regarde le rap de son époque avec la même attitude que Old Dirty Bastard ou Danny Brown (dont il est le petit protégé) : un costume à endosser et à découper à son bon vouloir.
Ainsi, bien que les beats de Bothic ne dérogent pas à la règle du trap rap contemporain, les instrumentaux prennent des tournures plus surprenantes comme sur Paypal et sa rythmique dansante rappelant Dip de Danny Brown. A l’instar de celui-ci, Zelooperz n’hésite pas à briser la monotonie de manière brutale en passant à un instrumental au piano après avoir enchainé des titres électroniques tout en continuant à rapper avec son flow biscornu à la Old Dirty Bastard.
L’influence d’un autre iconoclaste du rap contemporain, Lil B the Based God, se fait sentir sur Elevators où le refrain quasi chanté et l’accroche principale repose sur la répétition des phrases « Elevator up, down » et « Let dem hoes fight » (une référence, sans doute, à la tromperie ultra médiatisée de Jay Z envers Beyoncé). Bien qu’indéniablement mysogine (mais beaucoup moins que le titre suivant, Automatic), Elevators réussit pourtant à s’insinuer dans votre cerveau avec la même facilité qu’un Elen Degeneres ou un Wanton soup à leur époque. Le genre de rap ignorant né des dézinglés d’internet qui fait écho à la folie des catch phrases répétées à l’infini dans les collections de gif trouvés sur Tumblr et Twitter.
D’apparence homogène grâce à la constance des beats tressautants, Bothic est le parfait rejeton moderne de Return to the 36 chambers. Si il devrait être mort, selon son single ISBD (« I should be dead »), la musique de Zeloopez ne devrait surtout pas être aussi entêtante tant elle parait étrange sur le papier. Déglingué, écorché, parfait grâce à toutes ses imperfections, Zelooperz impose une identité forte faite de dauphin, de confession meurtrière et d’une folie toute particulière qui en fait un rappeur à suivre.
25/02/82, 1m80, à peine 60 kilos et élevé pour parcourir le macadam parisien de refuge en refuge jusqu'à son déménagement à Londres. Chroniqueur rock de 2004 à 2010 sur Eklektik-rock puis sur la fille du rock depuis 2010, bibliothécaire 2.0 depuis 2008, passionné de musique (metal, jazz, rap, electro …) et de comics. Ecrit aussi en anglais sur Delay and Distorsion (Chronique musicale). |
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