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Ras G - Fly Away (Down To Earth Vol. 2) (2014)
Dans le monde des musiciens plus préoccupés par la création d’instrumentaux que dans la collaboration exclusive avec des rappeurs, l’influence de Flying Lotus, Madlib et J Dilla est omniprésente au point de devenir une référence un peu lassante malgré le talent de certains (Dibiase ou Mndsgn en particulier).
Ras G en revanche propose une optique bien plus rafraichissante tout en restant pas si éloigné de Madlib. Les deux producteurs se retrouvent en plusieurs points. D’une part leur productivité étonnante, leur amour de la weed et surtout de Sun Ra. Si ce n’était pas déjà assez évident vu son choix de pseudonyme, Ras G regarde vers les étoiles comme le défunt jazzman et continue dans ses pas en samplant brillamment sa musique.
Sur Down to earth vol. 2 il prétend se tourner vers le boom bap et lui donner une nouvelle jeunesse mais ce serait sans compter sans sa personnalité omniprésente. A l'inverse de producteurs plus proches de l’esthétique new yorkaise des années 90, le côté brumeux de Ras G se ressent immédiatement dans cette collection d’instrumentaux. Le producteur ajoute de sévères doses de delay aux instruments qu’il sample et y incorpore des effets rétro (Uno uno, Duppy conquer…) qui donnent à sa musique une couleur afro-futuriste bien éloignée du rap urbain.
Les beats tapent en revanche fort sur la caisse claire afin de leur donner ce côté boom bap si dynamique. Le contraste permanent entre les pulsations sèches et les instruments brumeux font de Down to earth vol. 2 un album de parcours plutôt que d’introspection. Les beats rythment les pas tandis que les mélodies vocales et instrumentales procurent une toile de fond parfaite pour se laisser bercer dans nos songes les plus profonds. Préférer donc lancer ce disque sur un parcours forestier plutôt que dans une ville pleine de bagnoles prêtes à vous percuter.
Au fil des sorties, le nom de Ras G s’est imposé comme l’un des producteurs les plus fascinants à découvrir sans plus attendre. Fort d’une identité musicale forte pas si éloignée d’un Madlib ou d’un Flying Lotus, il trouve toutefois avec aise sa place quelque part entre les deux tout en développant son propre son au-delà des territoires de chacun. Une preuve supplémentaire, si il en fallait, que le sampling n’a pas fini de révolutionner la musique.
25/02/82, 1m80, à peine 60 kilos et élevé pour parcourir le macadam parisien de refuge en refuge jusqu'à son déménagement à Londres. Chroniqueur rock de 2004 à 2010 sur Eklektik-rock puis sur la fille du rock depuis 2010, bibliothécaire 2.0 depuis 2008, passionné de musique (metal, jazz, rap, electro …) et de comics. Ecrit aussi en anglais sur Delay and Distorsion (Chronique musicale). |
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