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Brant Bjork and the Low Desert Punk Band - Black Power Flower (2014)
Tu t'attends à entrer lentement dans le désert. Tu t'installes, tu t'ouvres une cannette de bière bien froide, tu mets le disque dans le lecteur et tu appuies sur PLAY et ça part. Tu crois t'être trompé, tu prends la pochette qui repose sur la table du salon. Pas de doute, c'est bien Brant Bjork. L'addition des Low Desert Punk aura-t-elle modifié à ce point l'univers sonore du légendaire batteur ? Car dès les premières notes, tu croirais entendre une pièce oubliée de l'enregistrement de Master of Reality de Sabbath. Puis, une pause. La basse sonne la charge timidement. Suit la guitare, beaucoup plus distortionnée que ce à quoi nous a habitué le Bjork. Puis, la voix, la voix empâtée, un peu traîneuse, la voix que tu reconnais. C'est bien lui. Ça se replace. Tu prends une première gorgée de bière, tu te cales dans ton fauteuil. Ça va bien.
À ta première écoute, tu n'accroches pas. Le son, bien sûr, la guitare beaucoup plus fuzzée, la production plus maîtrisée. Disparues les hésitations et petites fautes du batteur qui joue de la guitare sur "Let's Get Chinese Eye". Disparu, le petit côté amateur de Jalamanta, le son résolument lo-fi, drum, bass, deux guitares panées à gauche et à droite et go, on y va. Fini les grooves de "Dr. Special" ou de "Low Desert Punk" qui se pointent timidement dans "Ain't No Runnin'".
Les autres membres de Kyuss qui ont poursuivi des carrières solos ont emprunté d'autres voies. Josh Homme s'est redéfini tout en se réclamant d'une relative continuité. Garcia, quant à lui, a erré longtemps, cherchant à revamper à sa manière le spectre de la légende avec des résultats parfois approximatifs, mais souvent agréables, sans plus. Il possède toutefois un avantage que les autres membres n'auront jamais: sa voix. Même la dernière incarnation de son ego, Vista Chino, se réclame explicitement de Kyuss, sans en atteindre néanmoins la force et la puissance.
Tu t'ouvres une autre bière. Peut-être que... Tu descends au sous-sol, tu mets le disque et tu branches ta bass dans ton Ampeg. Tu montes le son du disque et celui de l'ampli. Tu prends une gorgée et tu pars. Ça commence à vibrer et à jammer. Voilà. Ça y est. Tu entres dans la bulle, dans l'éternel recommencement. Brant Bjork c'est quoi ? C'est toujours laid back. L'atmosphère qu'il mettait en place avec Jalamanta et qui s'est poursuivie jusqu'à l'excellent Gods and Godesses a disparu pour se moduler en un stoner rock plus ou moins générique, fier héritage de Sabbath. Brant Bjork a voulu changer de voie. Il s'est un peu trompé de chemin. Mais qu'importe. That's only rock'n'roll.
Écrivain/ébéniste. |
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