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The Picturebooks - Imaginary Horse (2014)
The Picturebooks c'est l'histoire de deux potes férus de skate, de vieilles bécanes et de musique. Ensemble ils travaillent avec tout ce qu'ils peuvent trouver de bizarre, de vintage ou d'inadapté. Fynn Claus Grabke au chant et à la guitare, et Philipp Mirtschink à la batterie, enregistrent leurs titres sur d'anciens appareils à bandes, très old school. Un mode opératoire qui met parfaitement en valeur le côté artisanal de leur musique, une espèce de blues/punk crade et singulier. Le duo allemand possède une rythmique qui ne déplairait pas à Otis Taylor, et un son que jalouserait The Jim Jones Revue. Le morceau The Rabbit And The Wolf, par exemple, pourrait très bien illustrer le film Easy Rider, pour les connaisseurs. A l'instar du reste de la galette, il donne envie de se faire une petite virée en moto, sur une route brûlante...
C'est Imaginary Horse qui démarre l'opus, avec une voix claire et une rythmique ultra basique. A vrai dire il ne s'agit que d'une mesure battue sur un seul fût. Sur PCH Diamond, Philipp Mirtschink le frappe directement à main nue... On entre dans le processus artisanal de la création de l'album. La résonance et la particularité du son viennent du fait que l’enregistrement se déroule dans le même garage où les musiciens réparent leurs motos et bidouillent leurs instruments. The Picturebooks est un vrai concept !
Les titres Your Kisses Burn Like Fire ou Fever mettent en exergue le côté sensuel de l'album. En se basant sur des techniques habituellement utilisées chez les bluesmen, comme le jingle stick ou le tambourin au pied, le duo impose une énergie brute, tribale. Les percussions vintage et "maison", que l'on retrouve également sur 1000 Years Of Doing Nothing soulignées par des chœurs, renvoient aux inspirations de la Nouvelle-Orléans. La puissance du son suit de très près les incartades de la voix, comme si la composition dépassait les interprètes pour laisser s'exprimer une passion torride. On pourrait caractériser leur musique de blues/rock minimal. Sur chacune de ces deux pistes on entend aussi une guitare saturée à l'extrême et couverte par une production enrayée. On imagine aisément une moto qui ronronne au loin, cachée par une brume de chaleur : tous les sens sont en éveil.
L'aspect lascif est présente tout au long de l'album. La voix claire de Fynn Claus Grabke, parfois a cappella, confère de la douceur et de la chaleur à des morceaux comme E.L.I.Z.A.B.E.T.H, Hail These Words ou Woman. Ces titres sont très imagés, lents, romantiques. Mieux vaut compter sur Learn It The Hard Way pour retrouver une ardeur marquée, qui alterne lascivité et agressivité.
La piste qui referme Imaginary Horse s'intitule Make It Last. Elle met en scène la guitare et la voix de façon très mélancolique. Victor Hugo disait que « la mélancolie c'est le bonheur d'être triste ». C'est plus que vrai pour ce morceau qui donne la sensation que le duo voudrait retenir la personne qui écoute l'album, tout en la faisant rêver de liberté et d'escapades sur des Choppers...
Journaliste - rédactrice, à l’affût des nouveautés rockailleuses venues du désert et d'ailleurs... |
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