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Roadburn 2017 : jour 04 - « Une réussite inconditionnelle »
Dernier jour de festival, c’est le moment pour les dur(e)s à cuire de montrer leur persevérance et de laisser les plus fatigués dehors. Qu’à cela ne tienne, les queues sont encore très longues devant les plus petites salles, preuve que le Roadburn n’est fréquenté que par des passionnés.
Je manque la dernière carte blanche donné à GNOD sous la forme d’un big band drone hypnotique prénommé Temple Ov BBV pour priviléger Oxbow, programmé à l’heure « matinale » de 15:30. Les cheveux grisonnants de Eugene marquent le temps passé depuis la dernière fois que je les ai vus à la Maroquinerie avec Pneu, mais le groupe n’a rien perdu de son audace et interprète avec brio des titres toujours aussi personnels issus de son dernier album et d’autres plus anciens. Pas de problème de son (comme sur les dates des concerts français) et même un rappel issu de The Narcotic Story.
Je zappe Author & Punisher dont la prestation londonienne l’an passé m’avait laissé dubitatif bien qu’impressionné par la machinerie conçu par l’artiste pour interpréter sa musique en solo, et je passe plutôt à Pallbearer. Certes, les Américains ne réinventent pas l’eau chaude mais ils interprètent leur mélange de Baroness et de Tool à la perfection. Un bon concert pour patienter l’heure de Sumac qui ne viendra pas faute de salle blindée et de public qu’on laisse rentrer au compte-goutte. Frustrant mais ce sera la seule fois en ce qui me concerne donc pas trop de quoi se plaindre.
Entre temps je passe rapidement devant Caïna / ACB dont le set acoustique est apprécié par un public clairsemé (et pour d’excellentes raisons tant ce que j’ai entendu manquait d’originalité), et les Discrets dont le set me laisse incrédule quant aux raisons de la programmation d’un groupe aussi peu aventureux.
Passons maintenant à Ulver dont je n’attendais pas vraiment le set mais qui aura divisé bon nombre de festivaliers. Entre génie, rejet ou déception, la nouvelle orientation du groupe n’a pourtant rien de bien surprenante puisqu’ils n’ont jamais caché leur amour pour la New Wave et le fait que le musicien Daniel O’Sullivan, venu rejoindre le groupe comme membre permanent avant War of the roses, avait sorti un side project New Wave au nom de Miracle. Comme on pouvait s'y attendre, hormis un fan desespéré au bout de trois morceaux « Go back to Black metal », Ulver ne s’est pas transformé en Tears for Fears ou en Depeche Mode mais a choisi la batterie électronique (interprétée toutefois par un batteur tapant sur des pods), les claviers et de grosses touches de clavier, pour sa nouvelle orientation. Le résultat sonne comme un Blood Inside enregistré durant les années 80 et debarrassé de Mike Pattonisme, le tout agrémenté de projection à l’esthétique bien en rapport avec l’époque explorée mais avec un minimalisme d’économiseur d’écran Windows 3.1. Du génie en ce qui me concerne et un concert qui m’aura réconcilié avec le groupe que j’avais quitté avec War of the roses.
Je n’arrive ensuite que pour le dernier morceau du concert de Emma Ruth Rundle mais dont l’émotion débordante m’aura touché profondément. Une artiste entière dont un concert complet m’aurait peut-être épuisé tant l’artiste semble être à fleur de peau. Hypnopazüzu en revanche n’arrive pas à un cheveu de la présence de la chanteuse avec une dizaine de musiciens étalés sur la grande scène du 013. On me dira par la suite que certains des musiciens avaient l’air paumé pendant le reste du concert.
Je passe donc à Come to Grief dont les musiciens s'impatientent de jouer puisqu’ils sont déjà accordés et en place. Manque plus que de tirer sur un joint, procuré par un fan dans les premiers rangs, et le groupe commence avec le punk passé en trente trois tours que le Grief originel a développé pendant des années. Si il ne s’agit pas ici du « véritable » Grief puisque seul Terry Savastano (guitare et voix) et Chuck Conlon (batterie) faisaient partie de la formation originelle, l’interprétation est tout aussi poisseuse et haineuse que le veulent les disques. Quant aux nouveaux morceaux composés par cette formation, ils s’intègrent sans effort au reste de la set list. Un concert excellent loin de faire honte à l’histoire de Grief, qui aura provoqué le second mosh pit du festival.
La tâche de conclure mon édition du Roadburn 2017 revient donc à Inter Arma dont le dernier album était l’un des meilleurs de l’année passée. Le son est déjà à la hauteur dès les premières notes mais la précision de l’interprétation et la cohérence du set ont fini par asseoir cette performance parmi l’une des meilleurs de cette journée. Songez donc qu’avec un jeu pourtant riche et lourd, le batteur du groupe se chargera de fournir les transitions entre chaque morceau, rendant ainsi le set d’Inter Arma aussi compact et dense que sur disque. Une heure de performance ininterrompues remplie de riffs plus mémorables les uns que les autres et conclu par une rythmique tribale où sont venus s’ajouter deux membres de Forn.
Sans doute, le Roadburn 2017 aura été une réussite inconditionnelle avec ses nombreux concerts d’exception, sa consistance dans la qualité du son et une sélection unique de certains des artistes les plus excitants du moment. Il n’en faut pas plus pour me convaincre et je reviendrai sans nul doute venir mettre les pieds à Tilburg durant le mois d’avril prochain.
25/02/82, 1m80, à peine 60 kilos et élevé pour parcourir le macadam parisien de refuge en refuge jusqu'à son déménagement à Londres. Chroniqueur rock de 2004 à 2010 sur Eklektik-rock puis sur la fille du rock depuis 2010, bibliothécaire 2.0 depuis 2008, passionné de musique (metal, jazz, rap, electro …) et de comics. Ecrit aussi en anglais sur Delay and Distorsion (Chronique musicale). |
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