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Roadburn 2014 : jour 03 - un jour sans fin
Cette journée du Roadburn aura commencé la veille, juste avant d’aller dormir en fait, à se poser moult questions. Pourquoi ?! Parce que le programme est chargé et que, encore une fois, il faudra sans doute faire quelques choix. Qu’importe. De toute manière, nous ne sommes pas là pour une promenade.
Encore une fois, la programmation oscille entre Grands Noms et groupes en devenir à découvrir. La potion magique du Roadburn…
Trêves de palabre : autant commencer franco de port. 15 heures, au Patronaat, avec 11 Paranoias. Et pan, dans la gueule, direct, pas de temps de mort, je me retrouve jusqu’au cou dans le chaudron du Mal. Le « petit groupe à côté » des membres de Ramesses et Bong (depuis peu rejoints par le batteur de feu Alabaster Suns) a pris sa vitesse de croisière. Méchant, sale, furieux. Tout ce qui est bon. Mais pas vraiment le temps de rester jusqu’à la fin car E-Musikgruppe Lux Ohr va jouer. Découvert purement et simplement lors de l’annonce de leur venue au festival, le groupe finlandais évolue dans une galaxie où se mêlent électro et psyché bien tordu à l’allemande 70’s. Un bon gros voyage. Le premier de la journée en fait parce que j’enchaine directement – ok, après une petite pause en terrasse de ce bar qui sert des pintes de délicieuses bières à un tarif défiant l’imagination – sur Papir. Mettons les choses au clair de suite : oui, je suis passé vite fait devant Windhand et j’ai eu le même résultat qu’à les écouter sur disque. Comme disait ma grand-mère, ça m’en touche une sans faire bouger l’autre.
Papir donc. Là, ouais, LÀ, il y a un truc. Décollage sans avoir le temps d’attacher sa ceinture pour l’espace profond. Le groupe aura pour ce concert, pour moi, la capacité de me propulser directement ailleurs. Je suis simplement « calé » sur leur musique et le temps s’est arrêté. Le passage du disque à la scène est totalement réussi et quand le dernier morceau se termine… C’est comme d’ouvrir les yeux après un rêve…
Comme bien souvent après un doux rêve, le retour à la réalité est dur. Au même moment, sur trois scènes différentes, plus celle du Cul De Sac (encore un bar à une minute trente à pied. Encore des bières…) : YOB, HARK, Yama et Obelyskkh. Ok, j’ai essayé de tout faire avec un résultat pas des plus probants pour un report de festival. Les mots griffonnés sur mon calepin sont presque identiques pour chacun des groupes : « claque » , « lourd comme mon ancienne belle-mère » , « à revoir absolument » , « encore ».
« Have you been to the coffeeshop, Sir ? » . Voilà ce que le serveur qui vient prendre ma commande pose comme question à mon voisin de table. La réponse « no, beer » entre deux éclats de rire incontrôlables et complètement frénétiques ne semble pas trop convaincre le Monsieur. On se demande bien pourquoi… Ah, un de ces petits moments d’éternité, un souvenir qui vous accompagne tout au long de votre vie.
La décision est prise : Andrey file devant Indian et Old Man Gloom pendant que j’essayerai de mettre un peu d’ordre dans mes notes. Pensez que je suis fou mais un nom sur le programme semble luire… LOOP. 21h30. Leur concert commencera dans dix minutes, je pars m’installer. Dans ma tête, j’ai toujours fait un lien entre ce groupe et Sonic Youth en me demandant pourquoi l’un avait tant de succès et pas l’autre. Oui, je sais les deux univers sont différents, le son également. Bref. Le concert commence.
Je ne vais me reconnecter à la réalité qu’une fois la dernière note jouée. Dire – enfin, écrire dans le cas présent – que ce concert a été un des meilleurs de l’édition 2014 n’est que relater une évidence. Ajouter qu’il est entré direct dans mon top de tous les temps (alors que je commence à en avoir quelques uns dans les pattes…) pourra, j’espère vous persuader que oui, si vous voyez passer le groupe près de chez vous – ou même à 500 bornes - , n’hésitez pas une seule seconde. Des connaissances partent pour les dernières minutes de 16. Lâche, ou encore bien trop loin dans les boucles, je préfère passer mon tour. Dans une heure, Harsh Toke rejoue. Sur la Main Stage…
Samedi, minuit, troisième jour du Roadburn. Bien des concerts déjà, pas mal de bières, pas mal de choses… Je file m’installer bien confortablement au balcon, histoire d’en prendre autant plein les oreilles que les yeux. Les membres de Harsh Toke jouent autant qu’ils jamment. Ou l’inverse. Je n’en sais rien. En tout cas, le résultat est foutrement génial et les mecs offrent à toute la salle une session magistrale de transe par le Tout Puissant Riff.
Le temps d’échanger quelques mots et impressions sur le concert et hop, direction la maison girafe…
Pour de tristes raisons d’intendance et d’obligations professionnelles, nous devons reprendre la route avant la fin de l’Afterburner. Tout juste le temps de se poser devant Aqua Nebula Oscillator. Cela faisait un bon moment que je n’avais vu le groupe… C’est, je crois, encore plus fou furieux qu’avant mais le mélange de grande cérémonie païenne mélangée à ce psyché début 70’s complètement lysergique n’en est que renforcé. De la bonne musique pour faire d’encore meilleures choses…
Je terminerai sur ces quelques lignes : quoi que vous puissiez en lire, en penser ou même « penser savoir », tant que vous n’êtes pas venu au Roadburn, vous n’avez aucune idée de ce que ce festival est réellement.
Rendez-vous à Tilburg le 9 avril 2015.
PS : si vous pensez venir pour agiter devant les scènes votre putain de pute de drapeau breton, merci de rester chez vous.
Crédits photos : Andrey Kalinovsky / CSAOH
Journalist, radio speaker, PR guy, booker, crate digger, community manager, promoter. Je pourrais aussi l'écrire en français, il est vrai... |
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