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Deftones + Letlive 23/02/2013 @ Le Trianon, Paris

Portrait de Andrey
Deftones + Letlive 23/02/2013 @ Le Trianon, Paris

Pour moi, c'est clair : Deftones est un groupe unique. Non seulement parce qu'il a grandement contribué à la création de tout un genre ayant fait le bonheur des ados des années 90, mais aussi parce qu'il a réussi à faire ce que peu de groupes ont réussi : remonter la pente après un passage à vide. Non pas que l'album éponyme et Saturday Night Wrist étaient mauvais, loin de là, mais s'il y a cinq ans j'aurais hésité à aller les voir en live, aujourd'hui, en 2013, j'y suis allé les yeux fermés. Deux soirs d'affilée.

C'est dans un Trianon dont les places se sont vendues en une minute top chrono que ça se passe, et ça fait plaisir de constater que ma règle selon laquelle "plus la salle est grande, mieux les horaires sont respectés" marche toujours. Le concert démarrera donc à 19h30 pétantes, par la prestation des Californiens de Letlive. 

Les premières notes retentissent. Rythmiques hachées, guitares légèrement dissonantes, voix hurlée: ça m'a l'air d'être du petit post-hardcore pas dégueu. Bon, ça ne casse pas des briques, et la voix clean est pas terrible... mouais, autant écouter La Dispute ou Touché Amoré, me dis-je alors et m’apprête à attendre tranquillement que ça passe, mais le groupe fait décidément tout pour s’imprégner dans la mémoire du public, et pas forcément dans le bon sens.

Dès le premier morceau, la moitié du groupe (au look par ailleurs au moins aussi travaillé que les morceaux) se met à se jeter dans tous les sens, allant jusqu'à friser le ridicule. Escalade des amplis, descente dans le public, plongeons par terre, saute-moutons (véridique...), tout y passe. Loin de la mentalité "don't give a fuck" d'un The Chariot, authentique et sincère, on sent que ces mecs veulent vraiment faire leur show, et en font quand même un peu trop. D'un autre côté, ça peut se comprendre, quand on sait qui joue juste après, et puis, rendons-leur justice, ils ont au moins eu le bon goût de ne pas refaire tout à l'identique le deuxième soir.

Bon, c'est bien joli tout ça, mais en dehors des cinq fans au deuxième rang, tout le monde s'en tape de Letlive, c'est Deftones qu'on veut. Et Deftones on aura. 

Les deux soirs le show commencera par une petite intro ambient parsemée de flashs épileptiques, pendant laquelle les membres du groupe apparaîtront sur scène, dans le même ordre, mais les répétitions s’arrêteront la. Bien conscient que nombre de fans seront présents les deux soirs, le groupe s'amuse à bien modifier la setlist d'un show à l'autre, en changeant de place certains morceaux et en en remplaçant d'autres. Ainsi, les spectateurs du vendredi auront droit à, entre autres, Rosemary et The Passenger (plutôt bien exécutée), alors que ceux du samedi verront à la place des morceaux comme Digital Bath et Minerva (je suis aux anges). Dans les deux cas, la setlist est variée et conséquente (une vingtaine de morceaux chaque soir) et a de quoi combler le fan oldschool tout comme le nouveau venu. 

Ok pour la setlist, et le groupe lui-même alors ? Et bien, il faut tout de suite avouer que tout n'était pas parfait. Le son m'a paru assez brouillon, surtout le premier soir (le fait que j'avais oublié mes bouchons d'oreille habituels a du jouer, ceci dit), et quoi qu'on dise, Chino n'a plus totalement la même voix qu'avant, remplaçant ainsi certains de ses cris par des notes suraiguës (que certains fans appellent "des cris de cochon"). MAIS ON S'EN FOUT. Vraiment. Parce que malgré tout, le groupe dégage un charisme incroyable, et une sympathie sans limites. Parce qu'ils ont tous l'air hyper heureux d'être là, en répétant sans cesse à quel point ils sont contents de tous nous voir. Parce que pendant une heure quarante, on a tous l'impression d'être une grande famille. 

Et même, remettons les choses à l'échelle, tous ces défauts restent moindres face à la prestation monstrueuse qu'on se mange: Stephen Carpenter a un son proportionnel à la mocheté de ses guitares (donc vraiment énorme), la batterie d'Abe est l'une des plus puissantes qu'il m'ait été donné de voir, et Chino... Chino, alias "présence scénique incarnée" ira même jusqu'à plonger dans le public sur le dernier morceau du show de samedi, pour littéralement marcher au plafond, tout en continuant à chanter 7 Words. Le groupe reviendra ensuite pour un rappel composé de deux morceaux tirés d'Adrenaline, pour un effet des plus explosifs.

Car oui, je n'ai pas encore mentionné le public. Ce dernier, bien plus amical (et plus mixte) qu'un public "metal" habituel, a transformé le Trianon en un trampoline géant, sautant au rythme de la musique avec suffisamment de force pour faire trembler le parquet à l'autre bout de la salle. Et je n’exagère aucunement, shooter le groupe pendant l'énormissime My Own Summer a été comparable à une balade en bateau un jour de tempête, au point que j'ai eu peur que le sol s'effondre sous cette foule déchaînée  Mais, fort heureusement, la salle s'est averée être suffisamment solide, et les deux soirs se sont déroulés sans accrocs. Bref, deux grands soirs, cinq grands musiciens, un grand, très grand groupe.

J'aime les ours, le whisky et les internets.

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