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Palms - Palms (2013)
Palms a déployé en juin son premier album non pas sans une attente vigilante. L’annonce en avril que trois ex-membres d’ISIS s’alliaient au toujours pertinent Chino Moreno de Deftones a causé une frénésie certaine sur la planète alt et post. Aaron Harris (batterie), Jeff Caxide (basse), Clifford Meyer (guitare/synthé) et Moreno, arrivé sur le tard alors que les trois autres bricolaient de leur côté, livrent donc avec Palms un album de dream-metal cohérent, techniquement solide tant dans l’exécution que la production, mais un tantinet trop linéaire. L’opus, qui s’étend sur 48 minutes en six pièces, aligne certes des moments intéressants, mais sa précision chirurgicale ne convainc pas. Dissection de cet album pluriforme et nuancé.
L’album éponyme s’ouvre avec Future Warriors, chanson qui ancre bien les assises du son de Palms. On reconnaît la guitare entendue sur certains moments de In the Absence of Truth d’ISIS, le clavier vaporeux de Clifford Meyer et les explorations vocales de Moreno – qui s’éraillent sur ce titre seulement –, rencontrées dans l’épisodique Team Sleep. Il s’agit de la seule pièce qui est véritablement construite en build-up, comme ce qu’impose le canon du courant post. La forme couple-refrain-couplet-refrain-breakdown-refrain est certes un brin trop simple, mais son efficacité fait le travail. Les guitares mordent au moment où Chino laisse casser sa voix durant le refrain And destroy it se plaint-il. Épique.
Le second titre, Patagonia, est une pièce franchement plate, si ce n’est du son de la basse de Caxide, si caractéristique et si envoûtant. On se laisse toutefois porter par ce son et par la complexité de la partition durant les 6 minutes du morceau sans retenir d’autres choses tellement l’éther qui l’entoure est épais.
Mission Sunset, c’est une autre histoire. En tout juste dix minutes, Palms, toujours dans les nuances de gris, développe une ambiance d’une douceur vaporeuse se mutant en une sublime tension, soutenue par une savante montée des guitares.
Les titres suivants ne parviennent cependant pas à raviver l’intérêt de l’auditeur, celui-ci étant ramené dans la brume du quatuor, et ce, même si Antartic Handshakes, plus rythmée, va piocher dans le répertoire plus cinématique des Mogwai de ce monde. Au final, ce qui manque à Palms c’est ce côté organique qui rendrait vivantes des compositions linéaires.
Le côté anti-climax des pièces était probablement un choix esthétique de la bande, mais il manque chez Palms cet aboutissement cathartique qui captiverait tout au long des explorations. Comme une lumière franche qui éclaire dans la vapeur. Palms a certainement le défaut de ses qualités. Sa froideur laisse transparaître un travail de postproduction – signé Harris – méticuleux, voire entêté en contrepartie d’une session studio précipitée par des horaires trop chargés (Deftones a supporté Koi No Yokan partout sur le globe en 2012). Résultat inévitable un produit cérébral, longitudinal et stoïque.
Bref, le piège avec Palms c’est qu’on peut durant des heures tenter de faire l’archéologie de leur son, en comparant séparément les projets de ses membres à cette première offrande imparfaite. Au final, cette démarche nous écarte de l’essentiel, à savoir est-ce que l’identité de Palms, comme on la pressent sur ce premier effort, dépassera la somme de ses parties ? À cette question, j’estime que la réponse est oui.
Alors que la tournée de la troupe s’amorce, l’expérience de la scène permettra à ces routiers d’apprendre à communiquer entre eux instrumentalement dans la brume qu’ils créent comme autant de phares. Ensuite, ils navigueront en studio vers un deuxième album à la hauteur des promesses de leur union.
Journaliste et brigadier des Internets (oui oui), je vous ponds des critiques de disque analytiques sur des groupe qui font dans le «garoché». ISIS est ma muse, pis moi sur twitter c'est @jsimonfabien. |
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