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Converge + Martyrdöd + Okkultokrati 03/08/2014 @ la Maroquinerie, Paris

Portrait de DMDFC
Converge + Martyrdöd + Okkultokrati 03/08/2014 @ la Maroquinerie, Paris

Dur, on imagine, pour n’importe quel groupe de passer avant (pire encore : après) Converge. Depuis 20 ans, le groupe a sa petite réputation scénique. Aussi, on verra peu de OKKULTOKRATI mais on a sincèrement cru à une parodie. Visiblement non, il s’agit d’un vrai groupe. Martyrdöd, à l’inverse, est de ces groupe dont on a vu le nom passer un nombre incalculable de fois mais auquel nous n’avions, jusque là, prêter aucune attention. Et ce n’est pas avec ce concert qu’on va combler le manque. Si on doit jouer aux étiquettes, on parlera de crust, mais je ne retrouve ni la puissance mélodique d’un From Ashes Rise ni la brutalité d’un His Hero Is Gone. Martyrdöd fait du punk comme on fait du stoner : en mode autoroute. Chiant.

Dès la première note, une marée humaine s’organise, chaos total pendant l’heure de concert.

Bref, Converge. C’est les 4 de Boston qui ont rempli la salle. Elle est bondée comme rarement ces derniers temps (et pas limité comme pour Old Man Gloom quelques mois plus tôt) et pour les premières parties, voir la différence de réaction du public entre leur prestation et celle nerveux de la côte Est, la sentence est rude. Dès la première note, une marée humaine s’organise, chaos total pendant l’heure de concert.  Je n’ai vu Converge qu’une seule et unique fois jusqu’à ce soir, à une époque autre : celle où toute la vague de ce hardcore nouvelle école était en train de mourir lentement et tristement et où Converge représentait les dieux absolus du genre, donnant le ton directement pour les quelques survivants et forcenés du riff complexe mais vif. C’était en 2004 dans une loco crépitante et les 4 étaient en train de donner les derniers concerts pour soutenir Jane Doe et entamaient la présentation de You Fail Me, le difficile petit frère du chef-d’œuvre. Malheureusement, si la prestation de Converge ce soir là fut indiscutablement efficace, elle ne fut pas marquante (du moins pour moi), lié à une soirée beaucoup trop dense (7 groupes), et une salle peu adaptée. Surtout, Blockheads avaient été magnifiques, mais Comity avaient été les véritables rois de cette soirée. Depuis, j’ai suivi avec une certain distance la suite de Converge, continuant de vénérer la période pré-Jane Doe et ne m’intéressant que peu à ses suites (Axe to Fall n’est d’ailleurs pas parvenu jusqu’à mes oreilles). Bref, depuis le départ d’Aaron Dalbec, Converge ne me parle plus. « All We Love… » était un album de retrouvailles, celui qui me donnait enfin envie de revoir les héros de la décade précédente sur scène.

Converge @ Orléans 02.11.2012 par CSAOH / Andrey Kalinovsky

Les fouilles archéologiques se limiteront à Jane Doe.

Tu t’en fous de ma vie et tu as bien raison : Converge a tout laminé. Le reste n’a pas d’importance. Alors certes, aucun morceau de la grande époque : rien, que dalle, niet. Pas un seul morceau de « Petitioning ». Même pas un « saddest day ». Rien de « When forever… ». J’aurais tellement aimé un « Conduit » dans une Maro qui ne demandait qu’à se faire définitivement retrousser par des vieilleries. Pas la moindre note de « Poacher diaries » ou même « Halo in a Haystack ». Je ne parle même pas de mon désir total de voir un jour « Serial Killer », que je continue de passer au moins 4 fois de suite quand j’exhume l’excellent « Y2K » sur ma platine. Non, les fouilles archéologiques se limiteront à Jane Doe, justement. Et il faudra attendre longtemps avant que cela n’arrive. Extase devant Concubine. Et le meilleur morceau de You Fail Me, Last Light, en clôture. Tout de même. Et avant ça alors ?

Bannon n’est plus ce chien gueulard et asthmatique. Sur scène, son aisance est bien plus visible qu’il y a 10 ans.

Un groupe magnifique. Même sur des morceaux - ou des époques même - que je n’apprécie pas autant, les 4 sont incroyables de puissance. Le groupe a muté. Sa formule s’est affinée pour n’être plus que du Converge pur. Son hardcore criard et ultra précis s’est renforcé –même si paradoxalement, la voix du groupe s’est aggravée : Bannon n’est plus ce chien gueulard et asthmatique. Sur scène, son aisance est bien plus visible qu’il y a 10 ans. Il était un piètre vocaliste qui semblait avoir le souffle court (le DVD des premières années montre bien les limites du style Bannon). Il a désormais une puissance toujours singulière mais bien maitrisée. Mais sa voix sur scène n’est pas aussi imposante que sur disque. Il est néanmoins un frontman terrible. La scène est sienne pendant 60 minutes. Et tous ceux qui viendront interférer avec ça le pourront car Jacob le tolère. Dans la bonne humeur. Mais il est l’emblême Converge, son leader et son visage, sa vitrine. A ses côtés, Ballou tient la guitare et est le grand architecte sonore du groupe depuis les tous débuts et reste aujourd’hui le maitre ès riff du groupe. Discret. Nate Newton et Ben Koller, les dernières recrues sont là depuis déjà 15 ans. Newton est un bassiste solide, mais son collègue fou attire rapidement l’attention. Désormais armé de sa go pro (sur le torse, sachant qu’il en carre aussi un peu partout autour de la scène) le batteur hystérique met sur le tube des vidéos de ses performances en vue subjective. Ou comment admirer tout le travail de tricot du type une fois derrière le kit. Et quand le mec se déchaine en live avec son groupe, même sans Go pro on comprend vite que le type est une machine implacable et qu’il ne marquera aucune fatigue pendant l’heure de show.

Converge @ Orléans 02.11.2012 par CSAOH / Andrey Kalinovsky

 

Pas ou peu, finalement, de fausses notes pendant l’heure. Grim Heart/Black Rose ne marche pas sur scène, le groupe n’est pas bon dans les accalmies et Bannon semble jouer plus qu’incarner le frontman pendant ce long morceau qui ne prend pas- mention à Newton qui chante les parties de Jenkins avec brio. Mais excepté cet écart (et je suis probablement le seul à penser ça), Converge est extrêmement solide. Avec ses techniciens infaillibles et une vitrine qui semble plus que jamais efficace, le quatuor de Boston met tout simplement la misère à toute sa concurrence. Sur une scène, en hardcore pur, je ne suis pas certain qu’ils aient plus de 5 concurrents qui puissent occuper une salle avec un tel feu.
 

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