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Zozobra - Savage Masters (2013)

Portrait de Jean-Simon
Zozobra - Savage Masters (2013)

Zozobra s’est formé en 2006 au lendemain des sessions qui ont données Christmas aux amateurs de sludge expérimental, album décisif de la formation qui l’est tout autant Old Man Gloom. Depuis, la troupe à effectif variable défriche le genre à chacune de ses parutions ponctuelles. Avec Savage Masters, paru au printemps, la formation s’affirme comme le projet d’un seul homme, Caleb Scofield. Radiographie d’un EP à l’identité forte.

Officiant dans Cave In depuis les débuts, le bassiste s’est donné avec Zozobra un espace de création qui lui est propre, loin de l’éther et des vapeurs dans lesquels navigue Cave In depuis Perfect Pitch Black. 

Pour décrire le son de Zozobra, il faut assurément parler du charisme de Scofield qui transperce le support sur lequel vous consommez votre musique, quel qu’il soit. D’abord par cette basse omniprésente qui, c’est digne de mention puisque ce n’est pas courant, constitue autant la colonne vertébrale des pièces sur le plan rythmique, mais qui, en plus, ponctue la mélodie. Ensuite pour cette voix criée dont la technique oscille quelque part entre la manière très ISISiene de «growler» et l’urgence hurlée proprement sludge d’Eyehategod et ses épigones tels que The Great Sabatini.

Ce qui frappe avec Zozobra, c’est, bien sûr, cette fureur dans l’assemblage et la superposition des instruments et de la voix, la production étant impeccable. Mais par-dessus tout, c’est le talent de Scofield à bricoler des pièces d’avant-garde, qui ont pourtant ce petit je-ne-sais-quoi pop. Seraient-ce les guitares d’Adam McGrath, transfuge de Cave In appelé en renfort dans ce projet parallèle, ou encore ces gros refrains puissants criés avec conviction par un Scofield qui s’affirme dans ce projet dont il est manifestement le seul architecte?

Savage Masters n’excède pas la barre des 15 minutes pour ses six titres, ce qui serait assurément un problème pour groupe normal. Mais détrompez-vous. Zozobra n’a guère besoin de plus de 13 minutes pour convaincre de l’originalité de sa démarche et de son intention, lire ici, redéfinir le postmétal.

The Cruelest Cut ouvre le EP d’une manière convaincante : l’auditeur se heurte à un mur percussif rarement rencontré, même en musique heavy. Ensuite ça s’enchaîne à une cadence effrénée entre Venom Hell, Deathless et Black Holes, avec cette basse toujours tourbillonnante.

Personnellement, même si j’ai adoré Savage Masters, je le trouve un peu trop compact. Une introduction en build-up en milieu de parcours aurait, il me semble, fait aérer le produit. J’imagine que ce n’était pas le but ici. Malgré ce choix esthétique, que j’estime pleinement réfléchi, l’auditeur est sans repère lorsque Savage Masters se termine sur Born in a Blaze.

Un conseil : bricolez-vous une liste de lecture avec quelques titres savamment choisis des trois titres de la discographie de Zozobra pour faire «respirer» les pièces de ce EP essoufflant.

Zozobra - Savage Masters (2013)
Zozobra
Savage Masters
The Cruelest Ct
Venom Hell
Deathless
Black Holes
A Chorus of War
Born in a Blaze
Journaliste et brigadier des Internets (oui oui), je vous ponds des critiques de disque analytiques sur des groupe qui font dans le «garoché». ISIS est ma muse, pis moi sur twitter c'est @jsimonfabien.

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