Goatsnake - Black Age Blues (2015)

Voici un disque de bonne foi, peut-être le plus moderne écouté depuis longtemps. Chimère ? Du tout. Goatsnake sait très bien d’où il vient (le blues) et sait parfaitement où aller en insufflant ce je-ne-sais-quoi de contemporain. Il suffit d’écouter le premier morceau pour s’en convaincre. Another River to Cross est une subtile passation d’armes, destinée non à révolutionner le genre mais à rappeler ce qui sous-tend cet album, ce qui constitue son identité profonde.

Les images sépia d’antan prennent couleur, et tout est mis en œuvre au long de l’album pour dresser le portrait d’une musique qui continue à imprégner le delta du Mississipi au 21ème siècle. Impossible de ne pas louer ce jeu de guitare soutenant un chant clair qui vous prend aux tripes. L’espace d’un instant nous sommes transportés dans un bar où chaque demi s’accompagne d’un shooter de gnôle (du Old Grand-dad, évidemment), tandis que des assiettes de bretzels sont mâchonnées  sans mot dire. Courez l’acheter, bousculez l’ordre alphabétique dans votre bibliothèque et mettez-le à côté d’un Son House. A Killing House évoque très justement le spectre de Stagger Lee. Filiation tellement évidente…