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WoodWall - WoodEmpire (2013)

Portrait de Floriane
WoodWall - WoodEmpire (2013)

Depuis 2009, les Italiens de WoodWall définissent leur musique comme du stoner psychédélique aux tendances sludges... A l'écoute de WoodEmpire on pourrait même aller beaucoup plus loin dans l'adjectivation. Si on les compare à un autre groupe dit de « stoner psychédélique », comme Mars Red Sky, on se rend vite compte que les similitudes ne sont pas si flagrantes que cela. Il serait donc peut-être temps de revoir la définition de stoner...

En attendant voilà ce qui à mon sens les rapproche plus du post-rock, voire même du doom, que des fumeurs de weed du désert. Le premier morceau, WoodEmpire, lance l'album. La voix rauque plonge les oreilles attentives dans une atmosphère bien sombre. Et ce malgré un rythme rond, souvent cassé mais toujours mélodique, ponctué de petits interludes de basse fort appréciables. Les instruments s'alternent systématiquement de façon marquée et régulière, palliant avec efficacité l'ennui. Cette coquette introduction de 8:33 reste trop sombre pour du heavy pur, et trop joyeuse pour du doom classique...

Le lecteur passe alors à Locrian. Le titre commence par une intro bizarroïde à base de sonorités spatiales cisaillées par un rythme tribal très soutenu. L'étrange bruit lointain de navette extraterrestre et les isolements instrumentaux contribuent à garder le côté psyché, si cher au groupe. Seulement voilà, à la moitié du morceau on rebascule dans le heavy sale et violent. La voix écorchée et les guitares saturées placent WoodWall à la frontière des genres.

Des motifs répétitifs et entêtants tintent King Stuste de mysticisme. L'inspiration stoner y est encore très forte. Le morceau se situe à mi chemin entre Saint-Vitus, pour la lourdeur générale, et Fu Manchu, pour les passages fuzzy plus rapides.

Red Toad est un titre entièrement instrumental. L'intrigant clavier fait naître des images de paysages enneigés. On glisserait volontiers dans les Alpes italiennes en l'écoutant !

WoodWall a bien intégré qu'il n'est pas forcément nécessaire de vivre à Joshua Tree pour ressentir la solitude et pondre un morceau rien qu'en écoutant le vent respirer.

Vient ensuite Walden, un titre de 11 minutes qui débute par le souffle du blizzard. A l'instar des Truckfighters, qui s'inspirent des steppes glaciales et inhabitées de la Suède, WoodWall a bien intégré qu'il n'est pas forcément nécessaire de vivre à Joshua Tree pour ressentir la solitude et pondre un morceau rien qu'en écoutant le vent respirer. Walden est beaucoup plus calme, avec un chant clair. Il monte tranquillement en intensité, créant une ambiance noire et oppressante : une sorte de post-doom apocalyptique.

Holocene/Cambrian, le dernier morceau, referme l'opus sur la note la plus sombre qu'il soit possible de jouer. WoodWall ne présente rien de vraiment nouveau et pourtant impossible d'arrêter la galette avant la fin... On se situe donc dans un style résolument progressif, inspiré et reconnaissant. Sans aucune prétention, WoodEmpire retranscrit excellemment ce qu'il connaît déjà, tout en repoussant les limites de chaque style aux confins du « post quelque chose », qui portera peut-être un jour le nom d'un nouveau genre...

WoodWall - WoodEmpire (2013)
WoodWall
WoodEmpire
WoodEmpire
Locrian
King Stuste
Red Toad
Walden
Holocene/Cambrian
Journaliste - rédactrice, à l’affût des nouveautés rockailleuses venues du désert et d'ailleurs...

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