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Fu Manchu - Gigantoid (2014)
C'est toujours un peu difficile d'écrire une chronique sur un des albums de Fu Manchu car ils partagent de nombreuses similitudes. Depuis No One Rides For Free, sorti en 1994 (je passe les EP's et la période Virulence...), les Californiens ont cumulé une jolie collection d'enregistrements qui, outre le fait de briller de par leur qualité, se démarquent également de par leur manque d'originalité. Gigantoid ne déroge pas à la règle. Si la galette a su retenir mon attention dès la première écoute, elle n'égale pas sa petite sœur née en 1997 : The Action Is Go, avec Brant Bjork à la batterie et Bob Balch à la guitare. Fu Manchu fait systématiquement du Fu Manchu, et au vu des différentes collaborations extérieures des membres et ex-membres du groupe (Sun & Sail Club, Kyuss…) on pourrait s'attendre à un peu plus de créativité. Toutefois, c'est bien là le seul défaut de Gigantoid...
On pénètre dès la première piste dans l'univers si particulier des stoner-punk rockeux américains. D'entrée de jeu la voix de Scott Hill se pose sur une note qu'elle ne quittera pas avant la fin de l'opus. Le côté récurrent des motifs crée cette ambiance hypnotique qui met en valeur la violence des riffs : entendre « Anxiety Reducer » répété 50 fois dans un même morceau, qui plus est cadencé par un mid-tempo harcelant, a tendance à stresser l'oreille !
La marque de fabrique du combo, qui apparaît fièrement dès Dimension Shelter, c'est cette section rythmique pachydermique, présente comme une base solide, sur laquelle viennent se greffer des extraits plus mélodiques. On retrouve également ce chant obsessionnel et convulsif. Scott Hill articule à la façon des punks old school, lentement avec une puissance contrôlée et affirmée.
Une fois de plus, là où règne le prévisible, c'est par des compos accrocheuses que Fu Manchu triomphe : Radio Source Sagittarius ou Mutant sont là pour le rappeler. Le canal auditif est suffisamment interpellé pour patienter avec appétit. No Warning s'avère être le titre le plus court de l'opus. Le quatuor s'accorde 1 minute et 25 secondes pour recracher énergie et brutalité. C'est à ce moment là qu'on commence véritablement à vouloir crier « circle pit ! ». Un entrain quelque peu freiné par un morceau plus noir, avec des allures presque doomesques. Evolution Machine est bien plus lent, plus lourd. La patte heavy écrase tout…
Avec des noms comme Invaders on My Back, Triplanetary ou encore Robotic Invasion, Fu Manchu entraîne son auditeur dans son univers fantastique, perché entre l'anticipation et la science-fiction tel que pouvaient le décrire les comics des années 70. Des thèmes qui collent à la perfection à l'imagerie que le groupe s'attache à développer depuis ses débuts. Bien qu'évidente, la cohérence est appréciable. Enfin, le plus long morceau de l'album, Last Question, laisse beaucoup d'espace à un fuzz imposant, parfois en solo. A l'instar de la globalité de Gigantoid, aucun passage du titre n'est lisse, tous sont enrayés par un grain de sable… du désert, évidemment.
Fu Manchu navigue dans le temps, puisant dans le rock vintage, le psychédélisme, l'astronomie, la BD, les ambiances des skate-parcs californiens, le tout mené par une constante énergie punk. Pas de surprise, pas de déception.
Journaliste - rédactrice, à l’affût des nouveautés rockailleuses venues du désert et d'ailleurs... |
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