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Show Of Bedlam (Montréal)

Portrait de William
Show Of Bedlam (Montréal)

Le temps est enfin venu d'écrire un billet sur le fantastique quatuor montréalais Show Of Bedlam. Depuis quelques années, ce groupe me déstabilise lors de chacune de ses prestations. L'intensité, l'originalité et la folie se rencontrent pour une valse psychédélique de haute gamme. Ils avaient fait un premier pas en 2009 avec une étonnante collaboration avec l'éclaté duo américain Jucifer. Nous attendions tous impatiemment la prochaine étape à laquelle Show Of Bedlam allait nous confronter. C'est malheureusement plus de huit mois après sa sortie que je trouve le temps d'écrire sur le sujet, je vous prie de pardonner mon retard. Mesdames et messieurs, voici mon opinion sur les excellents Show Of Bedlam.

Leur réputation n'est plus à faire dans la scène montréalaise, les amateurs de gros sons et de projections mystérieuses sont déjà sous leur charme. L'étrange musique que cuisine Show Of Bedlam est digne d'une trame sonore de film d'horreur, les riffs sont malicieux et le chant angoissant. Roont est en quelque sorte la consécration de cette vision que j'ai de leur musique, les cinq titres sont homogènes et semblent vous raconter une histoire terrifiante. Oubliez tout ce que vous avez appris en matière de musique lourde, les quatre musiciens réinventent les standards du doom psychédélique. La démarche à suivre est simple, choisissez votre film d'épouvante favori et faites-le jouer en mode muet, placez le magnifique vinyle de Roont sur votre platine, allongez-vous sur votre sofa le plus confortable, prenez une grande respiration et appréciez le spectacle. La chair de poule grimpera sur vos avant-bras et vous tomberez sous le charme immédiat de Show Of Bedlam. Bienvenue en enfer.


Show Of Bedlam - Roont

 

01 - Roont (8:58)

Que peut bien vouloir dire Roont? Je ne suis pas certain d'avoir trouvé la bonne définition, mais j'aime croire que celle que propose Stephen King dans son roman « Les loups de La Calla » est la bonne. Il s'agirait d'enfants ayant été enlevés par les loups et qui auraient été retrouvés avec des parties manquantes de leurs cerveaux. Suite à ces attaques sournoises, ces enfants sont évidemment devenus handicapés mentaux, ce qui provoque une croissance anormale chez eux et les force à mourir à un jeune âge. Bref, c'est une histoire qui a du sens, non? Elle en fait du moins pour Show Of Bedlam qui propose la pièce titre de l'album d'entrée de jeu. La savoureuse introduction vous mettra directement en lien avec le style de riffs que préconise le groupe. La guitare laisse jaillir des sons lents, caverneux, où la distorsion est prédominante. Un brouillard de malheur se dégage des amplificateurs, Show Of Bedlam éveillera les démons dans votre esprit. Les frissonnants samples viendront fusionner avec la magnifique voix de la chanteuse en deuxième moitié de morceau. Le résultat est transcendant, le long et puissant finale met la table pour un album merveilleux.

02 - 19 (2:40)

Cette courte composition se veut une transition avant d'entamer le segment le plus périlleux de ce voyage. Les deux minutes de bruitage énigmatique laisseront votre imagination dresser son propre bilan de la situation. Parions que votre cerveau ne choisira pas la bonne option et que vous vous retrouverez également parmi les loups affamés. L'angoisse s'emparera doucement de vous jusqu'à ce que les hurlements jaillissent en fin de morceau pour vous mettre en état d'alerte maximale. La table est mise pour savourer Show Of Bedlam de la bonne façon, accrochez-vous à votre sofa, c'est ici que vous perdrez le contrôle.

03 - Vermin (6:46)

Bam! La claque au visage est arrivée. Un sample vous percute directement à la mâchoire et vous laisse K-O devant un riff dévastateur. Celui-ci vous transportera vers la sublime voix de Paulina, ce chant hors du commun est l'un des plus étonnants de toute la scène doom. Vermin est l'un des titres les plus déstabilisants que j'ai eu la chance de voir émaner de Montréal depuis que je suis à l'affût de la scène lourde. Sérieusement, pourquoi ne sont-ils pas plus populaires? Ce genre de composition n'a rien à envier à qui que ce soit, la recette est parfaite. L'agressivité du chant est bien dosée, la guitare est monstrueuse et elle offre un subtil solo qui vous remplira de bonheur. Vous ne pourrez contrôler votre hochement de tête, vous aurez les yeux ronds devant une telle richesse sonore. J'aimerais bien vous donner quelques références ou comparaisons, mais Show Of Bedlam ne ressemble à rien de très défini. Ils sortent des sentiers battus et rafraîchiront votre opinion du style, qui tourne un peu en rond depuis un an ou deux.

04 - Dress For Sale (6:46)

Si vous croyiez avoir tout entendu, vous vous trompez royalement. Dress For Sale est mon morceau favori de l'année 2012, tous albums confondus. La première minute vous envoûtera totalement et vous transportera vers l'un des plus puissants riffs que j'ai eu la chance d'entendre dans ma vie. Ne craignez pas de mettre le volume au maximum, la sensation en sera décuplée. Ce summum de lourdeur sera ensuite surpassé par un refrain majestueux, quelque chose que j'ai rarement eu la chance d'entendre dans ce genre de composition. Les paroles planantes se fondent parfaitement avec les fascinantes rythmiques du guitariste. La première fois que j'ai écouté ce morceau, j'ai dû le recommencer une bonne dizaine de fois sans pouvoir terminer l'album. Je priais pour qu'il dure quelques minutes supplémentaires, mais après réflexion, la longueur est bien calculée et votre cerveau en redemandera pour des raisons évidentes. C'est du génie.

05 - Itamu (11:13)

Après un tel enchaînement de plaisirs auditifs, l'album se termine sur la plus longue expérimentation. Les onze minutes qui forgent Itamu vous transporteront à travers une musique plus évasive, beaucoup plus stoner. Cette excellente conclusion vous rapprochera des influences post-punk des musiciens, le chant particulier et les lamentations de guitare diffèrent quelque peu des précédents morceaux au profit de nos tympans. L'absence globale de chant crié permet à vos méninges de prendre du repos, un repos mérité après un album extrêmement riche en saveur et en originalité. Il est malheureusement difficile d'apprécier ce morceau à sa juste valeur lorsque vous laissez l'album jouer en intégralité, la qualité des deux précédents titres éclipsera cette ambitieuse création de plus de dix minutes. Mine de rien, ce court album de cinq titres est un véritablement bijou de la scène musicale québécoise. J'espère que le temps sera bénéfique pour Show Of Bedlam et qu'ils auront la reconnaissance qu'ils méritent avec la sortie d'un tel album. 

Show Of Bedlam (Montréal)
Chroniqueur montréalais pour Pelecanus depuis juin 2010 ayant participé à l'organisation de concerts ainsi qu'au défunt projet de webradio.

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