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The Claypool Lennon Delirium - Monolith of Phobos (2016)
Et hop, une nouvelle collaboration que nous n'avons pas vu venir: Sean Lennon et Les Claypool. Lennon gravite dans la scène indie depuis quelques temps, ayant deux albums solos à son actif, un projet nommé The Ghost of A Saber Tooth Tiger avec sa copine, et jouant de temps en temps avec des amis qui sont membres dans The Strokes et Deerhoof, entre autres. L'annonce de son nouveau projet avec Les Claypool de Primus a été accueilli avec intérêt et surtout, beaucoup de curiosité. La sortie de Monolith of Phobos nous emporte sur un voyage psychédélique auditif, une montagne russe d'émotions allant de la joie, à la confusion, à l'angoisse d'un titre à l'autre.
À la première écoute, on constate rapidement que nous avons affaire à d'excellents musiciens. Lennon est un guitariste et claviériste qui maîtrise les subtilités du rock psychédélique; nombreux s'entendront que Claypool est un des meilleurs bassistes de notre époque. Sa façon de jouer ainsi que sa sonorité unique se retrouvent souvent à l'avant-plan des morceaux. Son gritty tone s'apparente suprenamment bien avec les sensibilités pop dans les harmonies de Lennon. Comment résumer leur oeuvre en une phrase? C'est comme si les Beatles avaient fait une dose de LSD de trop, pour finalement rester pris dans un perpétuel trip d'hallucinogènes, ponctué du funk incessable et du vocal creepy de Claypool.
L'eccentrique album réussit à capter l'attention de l'auditeur avec ses thèmes fantastiques et parfois (trop) réalistes. Du côté vocal, Claypool et Lennon se lancent la balle d'une chanson à l'autre, échangeant ainsi les aventures galactiques qu'ils génèrent avec leurs instruments. Le contenu lyrique de l'album vacille de façon erratique entre l'absurde, la pop bonbon et l'effrayant. L'album débute avec Cricket and the Genie en deux mouvements distincts, qui traite de manière épique et théâtrale la dépendance aux drogues de prescription. Le deuxième mouvement, Oratorio Di Cricket, est un quatre minutes de peer pressure franchement particulier: une répétition sans arrêt de you gotta try it, you really ought to try it avec un la-la-la-la-la aigu qui donne la chair de poule, digne d'un film de Tim Burton.
Par la suite, Mr. Wright détaille la vie d'un pervers qui se promène dans la nuit et installe des caméras dans les appartements de femmes pour des fins de voyeurisme. Le contraste de la mélodie de basse extrêmement catchy avec le thème de cette chanson est troublante. Pour apaiser l'auditeur suite aux lignes de basse aggressives et les nombreux thèmes dérangeants, Boomerang Baby a une vibe d'Elliott Smith (ce dernier était un grand fan des Beatles, et je n'ai aucun doute que Sean Lennon est également fan de Smith). La voix envoûtante de Lennon déplore l'illusion de proximité que nous avons avec les autres grâce à nos téléphones intelligents et les médias sociaux. La technique choppy de Claypool à la basse en plus du fuzz crinqué à bloc rajoutent un sentiment d'urgence à la pièce. Plusieurs interludes de jam et de solos tourbillonnent dans le morceau non-linéaire pour enfin culminer en outro où Claypool et Lennon chantent en chœur pour une des rares fois dans l'album.
When everyone is at your fingertips and nobody is receiving.
True love is something that your grandmother was fooled into believing.
Vers la fin de l'album, Oxycontin Girl traite d'une junkie qui essaie de combattre sa dépendance aux opiacés. Ce morceau est très intéressant, puisque les paroles portent sur un sujet sombre tandis que la musique est très upbeat. Lennon chante que lorsque la Oxycontin Girl et son copain n'avaient plus d'argent, elle a commencé à se prostituer sous le nom de Baby Blue, en référence à ses lèvres bleues. On ne s'attendait pas à un message anti-drogue d'un album aussi flyé, mais c'est bien exécuté. Bref, l'oeuvre est progressive, étrange sous toutes ses formes, mais une belle collaboration qui vaut réellement la peine d'être explorée. En contraste avec la musique très space et catchy, les paroles explorent les nombreux vices qui rongent nul autre que les homo sapiens. Lorsque vous écouterez Monolith of Phobos, vous allez peut-être entrevoir les Oompa Loompas qui partagent régulièrement la scène avec Primus, même si vous êtes à jeun.
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