Twin Pricks - This Might Be the Last Time You'll Ever Hear From Us (2013)

Sorti au mois de novembre, j'ai mis un peu de temps à écouter ce disque car je suis devenu papa entre temps, et admettons-le, ça te bouffe un peu de temps libre. Je démarre sur cette anecdote car c'est l'un des premiers disques que j'ai mis à mon fils, et même s'il ne doit strictement rien comprendre à la musique en ayant une poignée de jours, il a eu l'air moins étonné en écoutant "This Might Be the Last Time You'll Ever Hear From Us" que lorsque je lui ai mis Botch à fond les ballons (où là il a froncé les sourcils...).

Titre mystère pour ce premier LP, qui nous rappelle une œuvre subversive de Refused, et un superbe artwork dont j'ai remarqué que peu de monde en parlait dans les chroniques courant sur la toile. Gatefold sobre et classieux, l'image de devant s'accouple parfaitement avec le dos du disque, une photo d'un cimetière dans un parc automnal qui m'a fait me demander plusieurs fois si c'était en France. Non, il s'agit d'une photo prise à Oslo, vraiment superbe, qui me rappelle que je vais devoir aller visiter un jour l'autre pays du Black metal.

Twin Pricks, c'est avant tout un duo à la base composé de Florian Schall et de Geoffrey Lolli, deux ex-Dead for a Minute, groupe découvert par hasard à l'époque avec Overcome Records et que j'adorais. C'était il y a dix ans, on évolue tous, le Hardcore chaotique a laissé place à l'indie-rock et tant mieux pour les filles. Je n'ai absolument pas écouté leurs deux premiers EP, mais ce n'est peut-être pas une mauvaise chose pour avoir une oreille neuve, surtout que le duo est devenu un quatuor entre-temps, et a certainement dû affiner ses compos au passage. Je "connais" Flo depuis plusieurs années mais ce qui est marrant, c'est qu'on ne s'est jamais rencontré. Je suis son excellent blog Records are Better than People (auquel j'ai fait une petite contribution l'année dernière) et lorsqu'il a proposé des disques à ceux qui voulaient donner leur avis, je n'ai pas hésité une seconde car le bougre a d'excellents goûts musicaux, qu'il brasse super large dans les genres (comme moi), et qu'accessoirement il a une collection de disques à faire revenir les morts d'outre-tombe, aussi grossière que les nichons de Nabilla.

Beaucoup de blabla, tout ça pour dire que ce disque est ENORME. Je l'ai adoré. Le groupe tapait plus dans l'emo-pop gentil auparavant, ils sont passés dans la cour des grands désormais avec ce LP fantastique et abouti d'indie-rock meet l'emo à l'ancienne, accompagné de touches world ou d'influences subtiles des groupes qu'ils affectionnent. Je n'aime pas trop détailler titre par titre, voici de toute façon un disque de quarante minutes qui s'écoute d'un bloc. Arpèges langoureux, mélodies belles belles belles, les compositions passent en glisse, mais avec toujours cette pointe de mélancolie qui en fait un grand disque. Les descriptions ne vaudront jamais l'écoute d'un disque alors pour vendre le disque, on pourra faire du name-dropping à la con : l'émo des Get Up Kids, la vieille école Dischord pour "le" emo originel, les gars de San Diego de No Knife, les touches de Mini moog m'ont rappelé The Robocop Kraus, et le côté clavier rappelle parfois le vibraphone d'Aloha (ce qui fera plaisir à Flo car j'ai cru comprendre qu'il avait une vague attirance pour ce groupe peu connu). Mais surtout, l'histoire m'a rappelé Vanilla, soit l'un des meilleurs combos d'emo-rock français, dont je suis resté orphelin depuis toute ces années (étonnant que personne n'ait fait une remarque). Bref, Twin Pricks marque les esprits en cette fin 2013 avec un chouette disque d'indie-rock, le crossover parfait entre la classe américaine, la sensibilité française et l'inspiration universelle de chaque groupe passionné qui essaye de faire une musique "sincère et authentique".