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Protomartyr + Growwing Pains + Fred Thomas 12/10/15 @ Le Ritz PDB, Montréal

Portrait de Sandra
Protomartyr + Growwing Pains + Fred Thomas 12/10/15 @ Le Ritz PDB, Montréal

En cette douce soirée de l’Action de Grâce, point de repas fastueux ni de dinde gavée dans nos assiettes. On choisit plutôt d’aller s’engraisser les oreilles à un concert post-punk, genre trop peu représenté en ces pages et dont le renouveau a pourtant vu fleurir de belles pépites ces dernières années, à l’instar de Protomaryr. Direction le Ritz PDB pour voir ce que vaut sur scène le quatuor de Détroit.

Il en faudra de la patience et de la vaillance avant d’en profiter puisque trois groupes sont à l’affiche, et que bien entendu les shows annoncés à 21h30 débuteront en retard (quoi, on peut pas être rock’n’roll et aimer dormir?). On commence donc par les douces boucles indie-rock du songwriter Fred Thomas avant de passer au garage très efficace de Growwing Pains, cinq jeunots originaires eux aussi de Détroit qui ouvrent pour Protomartyr sur une partie de leur tournée nord-américaine.


Charisme et présence scénique ne sont certainement pas les premiers mots qui me viennent à l’esprit quand Protomartyr monte sur scène, mais après tout ce n’est pas ce que je suis venue chercher. Leur album Under Color of Official Right a pas mal occupé mes oreilles en 2014, et après une certaine période d’attraction-répulsion j’ai finalement succombé à la voix aussi agressive que mélancolique de Joey Casey.

Et c’est bien d’elle dont j’avais peur en concert, un peu de son côté plaintif, beaucoup de sa fausseté. Comme sur l’album, c’est finalement ce chant morne et presque parlé qui porte les morceaux. Typique du post-punk mais à la fois si facilement identifiable, cette voix brute et austère qu’il balance en un demi-sourire, le sourcil relevé et l’air distant, c’est elle qui teinte d’une élégance subtile ce rock crasseux mais classe.  « The band does the music and I do the yelling (…) I’m a tick and the band is the dog »  comme le présentait J. Casey dans une interview chez nos confrères de Stereogum.

L’air mal à l’aise dans son costume sombre et sa canette de bière à la main, il pose ses textes sardoniques sur une musique minimaliste teintée malgré elle des ravages de la récession à Détroit. Pas de fioritures, Protomartyr délivre un rock des plus élémentaires : guitare simpliste mais entêtante aux quelques envolées mélodiques teintées de mélancolie, lignes de basse minimalistes, rythmique rigoureuse et tout en retenue. Ces quatre là ont clairement ramené quelques influences des belles années mancuniennes jusqu’à leur Michigan natal.

La setlist oscille entre leur précédent opus Under Color of Official Right et le tout récent The Agent Intellect, occultant totalement leur premier album. On sent le public réactif à certains morceaux déjà devenus leurs "classiques", de "Maidenhead" joué en ouverture, à "Pontiac 87" et son riff obsédant.

Après tout ça on ne peut donc que trop vous conseiller de jeter une oreille sur ce groupe riche et sombre. Des extraits s’écoutent ICI ; reste aussi la possibilité de les voir sur scène, avec quelques dates françaises en approche :

  • le 28/10 à Nantes (Soy Festival)
  • le 29/10 à Lille (La Péniche)
  • le 17/11 à Strasbourg (Mudd Club)
  • le 18/11 à Paris (Point Ephémère)
Je voulais travailler dans la culture mais ça marchait pas, alors pour tromper l'ennui j'allais voir des concerts puis j’écrivais des trucs. J'ai fini par trouver du boulot, mais j'ai continué à écrire.

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