Steak - Corned Beef Colossus (2013)

Steak fait partie des sorties stoner de 2013 à écouter d'urgence ! Bien inspirés par des références telles que Fu Manchu, Lowrider ou Dozer, les Anglais riches en protéines ont fait du chemin depuis Disastronaught, sorti en 2012. On avait apprécié leur fraîcheur, leur énergie, on s'était même cassé deux ou trois cervicales sur The Butcher. Force est de constater que les Londoniens font partie du clan très privilégié de ceux qui réussissent à faire parler d'eux dès le premier EP. En deux ans d'existence, Steak a su s'imposer comme étant la relève du heavy Made in England.

Leur signature chez Napalm Records, tout comme leur succès au DesertFest 2013 ou la programmation de plusieurs dates avec Monster Magnet, sont le fruit d'un travail méticuleux. Pour la réalisation de leur dernier bébé, Corned Beef Colossus, Steak s'est entouré d'Oskar Cedermalm et de Niklas Källgrende de Truckfighters. Ultime référence ! Bien au chaud dans les studios Bombshelter en Suède, ils ont concocté un EP de 5 titres venant directement concurrencer les plus grands du desert rock. Petit plus, le quatuor britannique se passionne pour l'univers des comics de science-fiction. Un trait de caractère original qui a donné naissance à la pochette de l'album. Les quatre musiciens sont ainsi transformés en super-héros, poursuivis par un colossal monstre de viande... Ils ont déjà tout bon !

L'EP qui envoie du Steak

Corned Beef Colossus démarre sur les chapeaux de roues avec un Black Milk puissant et lourd, à l'image du reste de la galette. A la fois sombre et entraînant, le morceau met rapidement en appétit. Le son ultra saturé rappelle celui de Slo Burn, comme si de la poussière était venue s'enrayer dans les ampli. Idem pour la voix, qui fait indéniablement penser au groove d'un certain Garcia, ou au timbre d'un Ozo, des Truckfighters. Steak va cependant au-delà les références faciles qu'on pourrait lui coller, et le prouve avec ce Liquid Gold inqualifiable, qui empêche le lecteur d'enchaîner sur la piste suivante.

On est obligé de le passer 75 fois avant de continuer l'écoute... Les bonnes tranches rythmiques, qui martèlent Corned Beef Colossus du début à la fin, s'équilibrent harmonieusement avec les passages groovy. Un Steak savoureux et bien relevé ! Inutile de se mentir, la gastronomie anglaise nous a définitivement séduit. Glanshammar, agressif et pesant, est visiblement taillé pour le live. Son nom rend hommage à une commune éponyme de l'Örebro, en Suède. Quant à Whiskey Mule, le morceau intensifie l'admiration que l'on se doit de porter à une production bichonnée avec amour et surtout, avec talent. Les vacances du quatuor en Suède ont vraiment été bénéfiques ! Les titres titillent tellement l'imaginaire, qu'on finit par se demander si les super-héros vont réussir à tailler une bavette de fuzz à l'énorme bovin...

Bidoche géante contre musiciens affamés

Mais qui est donc cet Acid Dave ? Vient-il aider Kippa, Reece, Cam et Sammy à se battre contre la côte de bœuf rancunière ? Ce n'est pas certain. L'homme à qui le titre fait référence était connu pour avoir vendu de la drogue aux Rolling Stones dans les années 60, avant de les balancer à la police. Un épisode mal digéré par les stars du rock, dont la carrière aurait pu s'arrêter brutalement. Toujours est-il que Dave Jove, alias « Acid King Dave » pourrait être notre homme.

En attendant, il porte le nom d'un morceau d'outro violemment efficace ! Pour refermer le menu avec force, Steak bombarde le colosse de ses invulnérables saturations. Le résultat n'est qu'à moitié satisfaisant. Le monstre est bien terrassé, le chapitre touche à sa fin, mais on meure d'envie de connaître la suite ! Corned Beef Colossus n'est qu'une mise en bouche savamment assaisonnée qui permet de patienter jusqu'à la sortie du premier album studio (prévu début 2014).