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Rétrospective - Cavity : Pas de pitié pour les tympans

Portrait de Mathieu
Rétrospective - Cavity : Pas de pitié pour les tympans

Cavity est de ces groupes que l’on mentionne dans le CV de groupes plus connus mais dont peu de personne se préoccupent. Un groupe de sludge pour certains, l’un des meilleurs pour d’autres (dont le scribe ici présent fait partie), Cavity aura existé pendant un peu plus d’une dizaine d’année et sorti cinq albums, dont le monumental Supercollider (d’abord édité par le label culte de noise rock Man’s ruin avant d’être réédité par Hydrahead).

Depuis, on n'en entendait plus parler que quand quelqu’un voulait faire l’archiviste pour parler de Black Cobra (que le batteur a fondé après la fin de Cavity) ou de Floor et de Torche (Steve Moore fut le second guitariste pour l’enregistrement du premier album). Le chanteur serait même devenu prof d’informatique selon les dires d’un utilisateur de last.fm. Bref, rien à signaler… jusqu’à ce qu’en septembre dernier, le groupe revienne sur les planches du Saint Vitus Bar à New York puis passe au Churchills à Miami. Pourquoi ? Comment ? Est-ce que ça va passer en Europe ? Le Roadburn ou le Desertfest suivent-ils déjà l’affaire ? On n’en sait encore rien, mais ça n’empêche pas de revenir un peu sur les disques en attendant d’en savoir plus, ou pas, mais on n'en saura pas moins en tout cas.

 

Human Abjection (1995)

Enregistré avec Steve Brooks (Floor, Torche) à la seconde guitare, Human Abjection nous présente un groupe qui a beaucoup écouté My war de Black Flag et qui ne s’intéresse pas des masses à la Nouvelle Orléans ou à Black Sabbath. Le sludge de Cavity réside dans le même territoire que celui occupé par les loups de Buzzov-en, rageux, la bave aux lèvres et plein de distorsion (mais sûrement beaucoup moins de drogue). La production fait la part belle au larsen des guitares mais ne permet pas aux morceaux de ressortir à pleine puissance. La voix est particulièrement en retrait mais reste pour l’instant sur le même registre criard. Quant au batteur, Jorge Alvarez, il est lui aussi étouffé et se fait surtout entendre avec ses cymbales. Un premier album plein d’imperfections en somme.

 

Somewhere Between the Train Station and the Dumping Grounds (1997)

Dès le premier riff, ça bastonne déjà plus, et tout prend tout de suite beaucoup plus d’ampleur... Les larsens sont stridents et le resteront jusqu’à la fin de la carrière de Cavity. Pas de pitié pour les tympans. Le groupe joue aussi beaucoup sur la rythmique et s’amuse à s’arrêter, puis à reprendre, et ainsi de suite, laissant ainsi une part d’instabilité planer (Goin’ Ann Harbor) . On ne fait pas dans l’hypnotique, on aime surprendre et caresser dans le sens contraire du poil. Un peu de blues pointe toutefois le bout de son nez quand le groupe se maintient sur un riff le temps de plusieurs mesures, et donc quand ça malaxe du gros, ça ne fait pas semblant (Shake ‘em on down). A noter que des morceaux du premier album se retrouvent en deuxième partie de ce second album. La production est meilleure et rend justice aux titres mais les nouveaux morceaux sont clairement meilleurs.

 

Supercollider (1999)

Preuve que le chanteur est un nerd, le nom de ce troisième et monumental album vient d’un langage informatique. Aucun rapport avec le sludge sinon qu’on l’utilise pour « la synthèse audio en temps réel » (Wikipédia)  mais qu’importe quand les morceaux sont aussi monstrueux. Alors que les deux premiers étaient des collections de chansons, Supercollider est un album cohérent avec un début et une fin. Loin d’être parfait (Threshold et son riff gigantesque qui ne sert d’introduction à rien, du gâchis) mais rempli de concentré de bile et de larsens (Set In Cinders, How Much Lost, Damaged IV), Supercollider est l’album que Cavity voulait écrire depuis le début et réussit enfin à faire vivre. Le hardcore de Black Flag est bien présent avec ses accélérations agressives mais on trouve aussi du gros riffs menaçant, du stoner sautillant et même un peu de drone. Pas moyen de s’ennuyer, surtout quand tout est aussi maitrisé.

 

On the Lam (2001)

Loin d’être poursuivis par la police, comme le laisse entendre le titre, Cavity est plutôt en route vers la perfection sludge comme le confirme le premier titre, Cult Exciter. Groove blues et overdose de distorsion, tout est là pour faire un gros morceau de sludge dans la veine de EyeHateGod. Après être resté loin des parrains de la Nouvelle-Orléans, Cavity leur fait concurrence et ne rougit pas face à la comparaison. La suite du disque continue sur cette lancée et reste donc excellent de bout en bout. Le point négatif est qu’à jouer la carte du classicisme, et à gagner, le groupe perd un peu en originalité par rapport à la créativité de Supercollider, qui reste mon album préféré du groupe. Toutefois, on pourra trouver moins bonne épitaphe, alors autant ne pas faire la fine bouche même si Cavity finit par déclarer forfait en 2003. 

Rétrospective - Cavity : Pas de pitié pour les tympans
25/02/82, 1m80, à peine 60 kilos et élevé pour parcourir le macadam parisien de refuge en refuge jusqu'à son déménagement à Londres. Chroniqueur rock de 2004 à 2010 sur Eklektik-rock puis sur la fille du rock depuis 2010, bibliothécaire 2.0 depuis 2008, passionné de musique (metal, jazz, rap, electro …) et de comics. Ecrit aussi en anglais sur Delay and Distorsion (Chronique musicale).

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