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Battle Of Britain Memorial - The Aftermath Of Your Bright Beings (2011)
Depuis plus d'un an, cet album se trémousse à travers mes listes de lecture, il n'arrive pas à quitter mon attention. Ce n'est pas le genre d'album qui nous rend addictifs au premier instant et que l'on oublie quelques semaines plus tard, je dirais plutôt que The Aftermath Of Your Bright Beings est un disque qui revient à la charge de façon sournoise. Le cocktail post-hardcore/screamo de Battle Of Britain Memorial est magnifique et surprenant. La qualité de cette première parution est presque dérangeante, ce quatuor toulousain a plus d'un tour dans leur sac.
Malgré l'origine française de ce groupe, le chant s'effectue dans la langue de Shakespeare. Est-ce important, je présume que non. De toute manière, le premier morceau vous jettera au sol avec ce vocal frénétique. À la première écoute, j'ai cru que c'était un vélociraptor qui œuvrait au poste de chanteur. La voix est incroyablement rageuse et rugueuse, elle oscille entre une féminité étranglante et une masculinité hantée par la rébellion. Ce chant asexué me rappelle le timbre de voix mystérieux de leurs compatriotes français de Mars Red Sky, il est impossible de savoir si vous avez un homme ou une femme qui vous beugle au visage. Vous constaterez rapidement que les compositions de cette formation sont particulières, dès le premier titre « Welcome To Rapture » nous ressentons que les instruments sont un moyen de transport entre les segments criés, les samples et la voix claire. Le chant est définitivement mis en premier plan et c'est totalement justifiable en constatant la qualité de celui-ci.
Les vrombissements de basse surprennent à la fin du premier titre et ils nous transportent vers un deuxième morceau encore plus fou. Les instruments nous servent la voix sur un plateau d'argent, le tempo est plus posé sur ce titre et l'ambiance beaucoup plus mystérieuse. La rage du vocaliste contraste magnifiquement avec la douceur des guitares, l'influence sur « Metaphysics Of The Lighthouse » est beaucoup plus post-rock. Tout comme la plupart des titres de ce genre, la finale est extrêmement puissante et bien construire, l'unité est de mise et non la saturation. Le troisième titre est beaucoup plus court, il propose à l'auditeur un moment de répit après la déchirure causée par la précédente composition. « Those Who Hide Their Plight » prend malgré tout son envol dans la dernière minute, c'est une claque post-rock mixé à un chant screamo monstrueusement efficace.
L'album poursuit sa quête avec un segment de basse très original dès le départ du quatrième titre. L'adrénaline s'empare littéralement de votre corps et explose après deux minutes de rythmes lancinants. Il semble que nous avons en ce moment la composition clef de la structure de l'album. Il s'agit de mon morceau favori, il est fatal, un meurtrier est à vos trousses lorsque les cris retentissent. Le chant screamo est très cru et brut, il me rappelle celui de groupes américains comme Punch. Cette pièce fait place à la plus longue composition de l'album, la très lente et efficace « Midnight Blue ». La progression de ce morceau rappel l'énergie de Cult Of Luna sur l'album Salvation. La voix est plus effacée que tout ce que nous avons entendu auparavant, pour la première fois, l'élément de prédilection est proposé par les instruments. Les samples transportent l'auditeur dans un autre univers, le tempo est à son minimum et la beauté à son maximum. La surprise ne semble plus être envisageable après autant de moments intéressants, mais le sixième et dernier titre « The Fall » vous fera ravaler vos paroles. La différence de composition et d'influences est évidente, les percussions tribales et répétitives viennent encadrer un chant surprenant. Vous aurez l'impression d'entendre Efrim Menuck de Thee Silver Mt. Zion partager la scène avec un groupe de post-rock et un chanteur screamo. Plutôt fou, n'est-ce pas? Ce dernier morceau est sublime, il est parfait pour clôturer un album avec sa cadence vocale inégalée, c'est totalement ensorcelant. Je n'ai qu'une recommandation, essayez Battle Of Britain Memorial par vous-même, la déception est presque impossible!
Chroniqueur montréalais pour Pelecanus depuis juin 2010 ayant participé à l'organisation de concerts ainsi qu'au défunt projet de webradio. |
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