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Electric wizard + Blood Ceremony + Satan's Satyrs 04/04/2015 @ Théâtre Corona, Montréal
Le 21 octobre 1983, j'ai 15 ans et j'assiste à mon deuxième ou à mon troisième concert, je ne sais plus. Les empreintes s'effacent. Black Sabbath est au légendaire Forum de Montréal. Une horde de poils envahit le métro et squatte le square Cabot juste en face. On s'installe en plusieurs groupes pour faire la fête, bien se préparer une tête avant d'entrer dans le Temple. Nous entrons, l'attente perdure. Le groupe de première partie, Nazareth, prend un temps incroyable avant de monter sur scène. Les rumeurs s'intensifient. Certains parlent d'overdose, d'autres de problèmes techniques. Ça buzze, ça boit. Plus de trente ans plus tard, tandis que j'attends sagement J à la station de métro Berri, c'est sur la page Facebook du spectacle que les rumeurs font surface. Satan's Satyrs ne jouera pas. N'y aura-t-il que deux groupes ? Devant moi, une nouvelle génération de rockers prend d'assaut les wagons. Eux aussi se rendent au Corona pour voir Electric Wizard, c'est certain. Jeans, manteaux de cuir, vestes de jeans avec patches, chaînes, cheveux longs. Ça fait du bien à voir cette relève, ça fait du bien de voir que non, nous ne sommes pas seuls.
No fuckup, entrée de première classe. Le gars de la sécurité entrouvre la porte, fouille dans le sac de J. « Médias » ? Nous acquiesçons. Il nous pointe une table où une fille nous attend et nous accueille avec un large sourire. Elle nous remet des bracelets. On entre. Voilà. Quinze minutes avant que ça commence. On se regarde, J et moi. « On va prendre l'air » ?
Satan's Satyrs
Satan's Satyrs entrent sur scène. Quand ça fonctionne, ça opère. Foutrement efficace. Groovy, bluesy, un goût rétro sans être trop emprunté. Ça démarre sur les chapeaux de roue. This is rock'n roll. Basse-guitare-drum. Ça cavalcade, ça me fait penser au trio virginien de Karma to Burn. Puis la voix. Ouais... La voix gâche la mayonnaise un peu. Ça sonne comme si Les Claypool tentait de chanter du Judas Priest. Ça ne prend pas. Les parties instrumentales sont néanmoins d'une efficacité magistrale. Trente minutes et c'est terminé.
Blood Ceremony
Blood Ceremony. J'aime le groupe et les jambes de la chanteuse. J'aime aussi leur petit côté amateur style concert d'école secondaire. J'ai adoré le second album, et le premier. Le troisième m'a laissé froid. Ils ont joué une demi-heure, des pièces du dernier album et une du premier, même pas «The Great God Pan». Merveille de fluteuse mais je suis déçu. Elle parle beaucoup du prochain album, de petits messages d'autopromotion. Pas une grande communicatrice, la dame Alia. Ils en jouent une pièce qui a le bonheur de sauver un peu la mise. Un excellent groove, un bass line d'enfer. Le groupe est tight. Puis c'est terminé. Merci, bonsoir. Décidément, c'est rodé au quart de tour.
C'est la pause. La foule est compacte. Je ne bouge pas. Pendant quinze minutes un gars tourne en rond devant moi. Il a deux bières en main. Il cherche vraisemblablement ses chums. Il semble être allé prendre l'air plus souvent que moi. Il disparaît sur le floor puis revient. Tourne en rond. Disparaît de nouveau pour reparaître avec le même regard de «what the fuck?». Les lumières se ferment.
Electric Wizard
Un nuage se forme lentement, s'élève de la foule. Ils arrivent sur scène. Déjà au drum test, on sentait ça vibrer. Des pieds à la tête. Là, quand ça commence, ça nous assaille.
Une grosse poutine. C'est gras. C'est vaseux. Encore plus lent que sur disque. C'est Electric Wizard. Nous ne sommes pas ici pour célébrer des virtuoses ni de grands avant-gardistes. Héritiers de Sabbath, ils avouent eux-mêmes ne pas chercher à faire dans la dentelle. On ne s'attendait pas à autre chose. Ils sont sur scène. Liz, la tête penchée, les cheveux qui lui cachent le visage. Jus qui s'acharne sur sa SG. Ses doigts s'emmêlent parfois (trop souvent?) dans les quelques escapades solistes qu'on a du mal à entendre. Dans une pièce, il se perdra complètement. Ça prendra quelques longues 20 secondes avant qu'il ne désemberlificote ses doigts. Voilà. Electric Wizard, en spectacle, c'est vaseux, on se laisse prendre. C'est pour cette raison qu'on y est tous, pour prendre en pleine face cette dose de gras suprême, un sable mouvant de Doom. Ça finit sec, pas de rappel. À l'époque, les rappels c'était l'apothéose. Les groupes n'en font plus maintenant. De toute façon, je commençais moi aussi à vaciller, pétri de vibrations. J'avais eu ma dose.
Crédits photos : Bakt El Raalis
Écrivain/ébéniste. |
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