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Enslaved + YOB + Ecstatic Vision + Show of Bedlam 20/03/2015 @ Les Foufounes Electriques, Montréal
L'hiver a été froid. L'hiver a été brutal. « C'est le printemps », chante la chanson. La dernière fois que les gaillards norvégiens d'Enslaved ont tenté d'emmener leur tournée à Montréal, une tempête a empêché les deux autres groupes qui les accompagnaient (Royal Thunder et Ancient VVisdom) de rejoindre les Foufounes Electriques. Seuls Enslaved, fidèles à leurs origines Vikings, sont parvenus à bon port pour monter sur scène avec un considérable retard et réserver à une poignée de braves spectateurs une prestation qu'on m'a dit mémorable. Cette fois-ci, avec le printemps qui se pointe timidement le nez, aucune inquiétude. Tous les groupes sont sur place.
La faim et la soif ainsi qu'un cafouillis à l'entrée au sujet des accréditations nous ont empêchés de voir les prestations des deux premiers groupes, Show of Bedlam, de Montréal et Ecstatic Vision. Pour ce qui est des premiers, ce n'est que partie remise. Nous les rencontrerons sur notre chemin au mois de mai avec Ufomammut. J'aurais bien aimé voir de quel bois se chauffait Ecstatic Vision. Ce que j'ai entendu d'eux m'a beaucoup plu, un mélange de world beat et de doom psychédélique dont nous pourrons avoir un meilleur échantillon lorsque sortira leur album en 2015.
Nous montons les escaliers des Foufounes pour arriver juste comme les gars de Yob se préparent. Le temps d'aller prendre l'air, de me prendre une canette, je m'installe près du board, comme toujours. La foule est compacte. Je ne suis pas encore allé voir à l'étage, mais ça sent le métal. Mike Scheidt observe la foule. Il inspire profondément puis expire. Deux fois. Trois fois. Il joint les mains devant lui puis lève les bras au ciel. Ça y est. Le show peut commencer. Scheidt débute avec l'introduction de «In Our Blood», première pièce de leur plus récent album Clearing the Path to Ascend. Tout en douceur - on entend encore les voix des conversations qui n'ont pas encore cessé - puis la bass et le drum embarquent, la chevelure de Scheidt suit le rythme, lui masque le visage, nous garrochent toute cette sauce lourde et sale en pleine face, ce gros gravy lent qui durcit les artères mais qui me fait me balancer. Puis la voix. Caverneuse, puissante, elle crie la désolation, nous invite au bord du précipice avant de nous jeter dans le trou noir. Je ferme les yeux.
In my eyes
Colors wane in the halls
Hallowed halls
Send my roots
Into unknown fields
Suivront surtout les morceaux du dernier album, « Nothing to Win » et « Marrow » avant de clore avec « Atma » de l'album du même nom. J'étais rassasié et j'avais soif. Et il restait Enslaved. Je n'ai jamais aimé Enslaved. Il n'y a pas d'explication. Peut-être, oui, une amorce d'explication. Rien de bien argumenté. Touffu et confus. Longue carrière, parcours qui va du black au progressif au métal viking. C'était un peu cette bouillabaisse qu'ils nous ont servie. J'étais mal parti. J'étais mal disposé. J'avais de mauvaises intentions. Ça se lisait certainement sur mon visage. Cette fille près de moi ― en allongeant le bras, j'aurais pu lui toucher ― dans un vide qui s'était formé autour d'elle, observe le groupe, les bras croisés, droite, se lève sur le bout des orteils et tourne sur elle-même, fait un tour complet, une pirouette, avant de s'en retourner dans la foule qui se referme sur elle. Cette fille, c'est le souvenir le plus vivace que le spectacle d'Enslaved me laissera. J'irai m'engager dans l'escalier pour attendre sagement en bas la fin du spectacle.
Crédits photos : Bakt El Raalis
Écrivain/ébéniste. |
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