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Swans + A Hawk And A Hacksaw 26/10/12 @ La Tulipe, Montréal

Portrait de William
Swans + A Hawk And A Hacksaw 26/10/12 @ La Tulipe, Montréal

Le passage du légendaire groupe Swans ne se fait jamais sous silence à Montréal. Les blessures de guerre causées par leur dernière visite en 2010 se font encore sentir chez certains mélomanes. Deux ans plus tard, la troupe de Michael Gira s'apprêtait à percuter le Cabaret La Tulipe avec la même force de frappe que lors de la tournée reliée à "My Father Will Guide Me Up A Rope To The Sky".

Avant de faire face au carnage des Swans, un très mystérieux duo avait la tâche de divertir l'auditoire montréalais. A Hawk And A Hacksaw provenait directement du Nouveau-Mexique et soutenait le groupe de tête d'affiche sur plusieurs dates de la tournée nord-américaine. Le résultat était à des années-lumière de ce à quoi je m'attendais, nous avons eu droit à un folk rythmé et entrainant. La présence d'un accordéon et d'un violon comme instruments principaux venait changer drastiquement les données. Ces musiciens étaient incroyablement talentueux, auraient-ils même inventé le style math-folk ? Peu importe, c'était une surprise de taille et je dois remettre l'honneur à Swans d'avoir choisi un groupe d'ouverture aussi original. D'étranges influences de l'Europe de l'Est se faisaient sentir dans leurs compositions, avec une touche de musique de cirque également. Beaucoup de mélancolie s'ajoutait aux rythmes effrénés des deux musiciens, bref vous ne comprendrez rien sans les avoir écoutés. Alors, faites vos devoirs avant de continuer de lire cet article.

Le chef d'orchestre des abysses, que l'on nomme parfois Michael Gira, était armé de ses cinq musiciens et d'un nouvel album incroyablement intense. Les frissons étaient à prévoir lors de cette longue et éprouvante prestation. Les six compagnons maléfiques se sont unis pour fournir un effort de plus de deux heures de matériel répétitif, brutal et vicieux. Les terrifiantes pièces "To Be Kind" et  "Avatar" débutèrent les hostilités en proposant une intensité hors du commun, jamais je n'ai eu aussi mal aux oreilles de ma vie. J'étais beaucoup trop près de la scène, les amplificateurs de Norman Westberg me défonçaient le crâne tellement le son de sa guitare était puissant.

Devant ce chaos sonore, je rebroussai chemin afin de dénicher un endroit où les subtilités sonores de Swans seraient mises en avant. L'arrière du parterre semblait un l'emplacement de prédilection pour capter toute la beauté des compositions. De ce lieu, je distinguais beaucoup plus facilement les sons et j'arrivais à avoir une magnifique vue d'ensemble sur la foule. J'étais sidéré de voir autant de musiciens de la scène montréalaise réunis dans une seule et même salle, avec toute honnêteté je ne crois pas avoir vu un tel scénario dans ma vie. Swans est un groupe qui a marqué la scène musicale d'une façon beaucoup plus importante que l'on peut le croire. Cette surdose d'admiration, mixée à une surdose de substances illicites, fait en sorte que leurs concerts sont généralement imprévisibles. Après seulement deux morceaux, Michael avait déjà lancé le doigt d'honneur au technicien de son. Ce n'était que partie remise, puisqu'il lui lança une serviette au visage quelques titres plus tard. La folie et l'égocentrisme de cet homme représentent un réel fardeau lorsque l'on se retrouve derrière la console. Tout est en l'honneur du technicien pour avoir gardé son calme et pour avoir permis à Swans à avoir une sonorité frôlant la perfection.

Malgré cet écart de conduite, les musiciens semblaient adorer ce qui se trouvait de l'autre côté de la scène, c'est-à-dire le public. Ils étaient tous très enjoués et réceptifs à l'égard des acclamations de l'audience montréalaise, qui affichait d'ailleurs salle comble. Les interprétations étaient sans faille, des titres comme "Coward" ou encore "The Seer" furent de grands moments de musique. Quelques nouvelles compositions s'ajoutaient déjà aux extraits du tout récent album, dont l'excellente "Nathalie" qui vint me séduire en fin de concert. Malgré le même équipement et le même personnel que lors de leur prestation au Roadburn 2011, je dois avouer que Swans fut beaucoup plus dominant et énergique lors de la performance de la semaine dernière. Il ne fait aucun doute que je venais de faire face au groupe de rock le plus lourd et menaçant de l'histoire de la musique. Que vous appréciez ou non le résultat, Swans ne pourra jamais vous laisser indifférent, vous serez submergé dans l'univers sombre et torturé de cette troupe énigmatique. C'est un intemporel rendez-vous pour les amateurs de lourdeur auditive.

Setlist
01 - To Be Kind
02 - Avatar
03 - She Loves Us
04 - Southern Song
05 - Coward
06 - The Seer
07 - Nathalie
08 - The Apostate

Crédits photos : Renaud Sakelaris

Chroniqueur montréalais pour Pelecanus depuis juin 2010 ayant participé à l'organisation de concerts ainsi qu'au défunt projet de webradio.

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