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Rock Altitude Festival 10/08/2016 @ Le Locle, Suisse

Portrait de Léo
Rock Altitude Festival 10/08/2016 @ Le Locle, Suisse

10 août 2016, la petite ville horlogère du Locle se pare de son célèbre ciel grisâtre du mois d’août, profitant également d'une sympathique baisse des températures nocturnes à des niveaux que l’on pensait disparus depuis février. Joie et hypothermie. Qu’importe, le cataclysme sonore en approche n’aura de cesse de nous réchauffer, la programmation de ce Rock Altitude 11 ans d’âge s’annonçant plus que prometteuse. Un premier soir sous le signe du blast beat et de la destruction spontanée de cervicales : Black et Death sont à l'honneur !

Schammasch

C’est devant une audience déjà plutôt bien fournie que Schammasch ouvre le festival. Petit groupe suisse à la réputation grandissante, les 4 musiciens délivrent une musique quelque part entre Death Metal et Black Atmosphérique, une sorte d’enfant bâtard de Behemoth et Ulver en quelque sorte (si ça ce n’est pas gage de qualité, je ne sais pas ce qu’il vous faut). J’ai adoré leur dernière sortie, le triple-album "Triangle", et force est de constater que les bougres le restituent à merveille en live, choisissant néanmoins ses morceaux les plus accessibles et bourrins. Le son est très bon, et même si l'on pourrait reprocher au groupe d’être très statique sur scène, c’est largement compensé par des musiciens à la technique irréprochable.

 

Rorcal

Direction la Main Stage et son sacro-saint sol couvert de copeaux, pour l'instant Doom/Black de la soirée avec les Genevois de Rorcal. Ne les connaissant que par leur récent album "Creon" (un album qu’il est bon à écouter), je n’imaginais pas encore très bien ce que la formation donnerait en live. Aucun suspens, c’était excellent. Le chanteur se donne à fond haranguant la foule et crachant ses poumons dans le micro avec une justesse exemplaire. Des musiciens clairement pas en reste non plus servent une prestation ultra-énergique pour le genre. Ainsi, de plein jour et sans artifices particuliers, le groupe arrivera à instaurer une ambiance bien viscérale s’appropriant la grande scène du festival avec les honneurs.

 

Steve'n'Seagulls

Vous les avez forcément vu passer avec cette reprise version "Bluegrass Redneck" de Thunderstruck, les Finlandais de Steve’n’Seagulls ont surfé avec brio sur la vague des covers improbables qui déferlent sur YouTube depuis quelques années déjà. C'est bien sympa et plutôt marrant sur le coup mais de là à me réjouir de m’en taper pendant 45 minutes en live, ce n’était pas encore vraiment ça. Bien mal m’en a pris car c’était, ma foi, très sympathique. Jouant uniquement des reprises, le groupe arrive à s’approprier à merveille les classiques du metal : d’"Aces High" d’Iron Maiden à "Symphony Of Destruction" de Megadeth tout y passe. Mention spéciale à la reprise hilarante, et à l'accent très prononcé, d' "Ich Will" de Rammstein. Les musiciens transpirent la bonne humeur, rigolent avec un public conquis, et offre une parenthèse légère bienvenue avant l’ambiance, avouons-le, un peu moins rigolote et bucolique de Mayhem.

 

Mayhem

Ce n’est pas faute d’avoir essayé, mais je n’ai jamais réussi à apprécier un disque de Mayhem (Trves gonna hate). Il y a bien quelques morceaux qui arrivent à me faire dodeliner de la tête, mais rien de transcendantal m'voyez. Autant dire que je ne partais pas de très bon pied pour ce concert, et là encore, je n’aurais pas dû me fier à de telles considérations. L’ambiance est glauque à souhait et, en dehors de la très "kvlt" table-rituelle-avec-crâne-et-cierges, le groupe ne fait pas dans l’excès d’artifices et les corpse paints de mauvais goût. Quasi tous les musiciens sont encapuchonnés ou carrément voilés et ne se mettront pas tellement en avant laissant plutôt la place à Necrobutcher (bassiste et dernier membre d’origine) et un Attila (chant) au maquillage macabre très réussi, enchainant les allers-retours de sa table sacrificielle au devant de la scène. Tout ça se prend très au sérieux, mais force est de constater que ça marche du feu d’un incendie d’église norvégienne (elle est facile, j'en conviens). La voix comme les instruments feront le taf, et au final on se retrouve devant un concert à l’ambiance pesante très bien rendue et à des musiciens techniquement très bons.

 

Entombed A.D.

Changement d’ambiance oblige, on fait le plein de Grimbergen en se dirigeant vers la Tent Stage, histoire d’accueillir comme il se doit les papas du Death suédois. Fort d'un excellent nouvel album (Dead Dawn) le line-up légèrement remanié en 2014 d'Entombed était attendu au tournant, et pour une de ses rares dates suisses de l'année le combo a été bien loin de décevoir. Une heure de headbanging furieux sur des titres plus bons les uns que les autres, une set-list ultra efficace piochant majoritairement dans les trois cultes premiers albums ("Left Hand Path", "Clandestine" et "Wolverine Blues") sans pour autant délaisser le dernier né avec, entre autres, les excellents "Midas In Reverse" et "The Winner Has Lost". Le groupe ne cesse d'interagir avec un public survolté, et une euphorie générale gagne bien vite l'ensemble de la tente. Un concert généreux comme on aimerait en voir plus souvent, un des touts grands moments du festival !

 

 

Behemoth

Grande tête d'affiche de la soirée, c'est devant un public finalement pas si nombreux mais religieusement compacté devant Main Stage, que Behemoth va commencer sa messe. Nergal (chant, guitare) fait son entrée dans l'obscurité, torches à la main, les fait tournoyer 2-3 fois pour faire joli et BAM! Les joyeux bougres enchainent directement sur un "Blow Your Trumpets Gabriel" cataclysmique. Le désormais culte "The Satanist" (dernier album en date) sera joué en intégralité et dans l'ordre pour le plus grand plaisir de nos esgourdes. A mesure que les morceaux passent, on se rend compte à quel point le groupe a une présence scénique dingue, chaque musicien sait se mettre en avant, provoquer le public, le tout en étant parfaitement juste dans l'exécution des morceaux (depuis le temps qu'ils les tournent en même temps…). Une prestation rondement menée, un son et des lumières impeccables, difficile de reprocher quoi que ce soit au groupe, si ce n'est un décor de scène quelque peu plus réduit qu'à l'habitude (absence de l'énorme pied de micro stylisé ou des jets de vapeurs/flammes). Après un "O Father O Satan O Sun" grandiloquent, les Oolonais concluent sur "Ov Fire and Void" laissant un public comblé par 1h15 de grand spectacle.


 

Difficile de paraître objectif face à un premier soir en tout point réussi. C'est donc avec un sourire béat et des acouphènes pour 3 semaines que chacun s'en ira dans une froide nuit Locloise aux relents houblonnés, se réjouissant d'ores et déjà de la suite des évènements.

Report du vendredi et samedi (Neurosis, Mutoid Man, Mono, Chelsea Wolfe) : à venir

Élément suisse de la rédaction, j'adore écouter de la musique de bourrin entre deux évasions fiscales.

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