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Roadburn 2014 : jour 02 - « not born too late »
Réveil en douceur, canards sur notre terrasse et petit-déjeuner équilibré à base de Bloody Mary (les vitamines, nous ne vous le répèterons jamais assez, c’est très important). Pas question d’être en retard. À 15h30 : Magma. Ouais, Magma… Pendant que nos grands prêtres de la presse rock française continuent de se branler comme des gamines sous MDMA sur chaque petit produit accompagné d’achat d’encarts publicitaires, que des milliers de personnes claquent leur budget culturel annuel pour satisfaire leur besoin de nostalgie, un des plus grands groupes français de l’Histoire de la musique se produit sur la scène principale du Roadburn. Nul n’est prophète en son pays à ce qu’on dit…
Calé juste devant la scène, les yeux écarquillés, je suis prêt comme jamais. Et personne ne sera déçu. Le concert est magique, envoûtant, renversant et encore une liste bien longue d’adjectifs dont je vais vous épargner. Vous avez de toute manière saisi. Une heure trente de bonheur, d’envolées, de la plus complexe à la plus simple, de voix qui s’entrechoquent, se superposent et dont la litanie vous retourne les tripes et le cerveau. À un moment, je détourne mon regard de la scène pour jeter un œil sur le reste du public : toute la salle est dans le même état. Un grand, très grand moment.
Comme disait ma grand-mère : dans la vie, il faut faire des choix. Ceux du Roadburn sont parfois cornéliens. Nous nous dirigeons donc vers Harsh Toke sur scène avec Lenny Kaye. Allez… Viens prendre ta dose de psychédélique au travers des gencives… Allez, viens je te dis !!! Trente minutes de riffs plus tard, il est temps d’aller s’hydrater. La clef d’un festival réussi. Et ne vous faites pas avoir : tout journaliste, ou simple spectateur, qui vous dira « j’ai fait tous les concerts du Roadburn – ou de tout autre festival d’ailleurs » est un fieffé menteur. C’est tout simplement impossible même en repoussant dans ces derniers retranchements les capacités physiques humaines (j’ai déjà essayé…). De toute manière, ne dit-on pas que trop de riff tue le riff ?
Pause terrasse, discussion avec des voisins italiens, belges, russes sur les derniers concerts. Impressions, échanges, rigolades et verres qui s’entrechoquent. Voilà AUSSI ce qui fait la magie de la Planète Roadburn. Je ne pense pas que quelqu’un vienne dans ce festival « juste comme ça ». Il n’y a que des amoureux et des passionnés de musique qui s’y déplacent. Je prends la décision de prolonger un peu ce moment de détente (toujours certaines lignes de chant de Magma dans le crâne…) et de me mettre en condition pour Goblin. Non, mais voilà la journée de fou : voir Magma ET Goblin à deux heures d’intervalle… Andrey décide de faire le second set de Corrections House (« c’était bizarre » me dira-t-il plus tard).
Goblin. L’alpha et l’omega de tout fan de prog et de films d’horreur un poil tordu sur scène. Je me sens devenir un alter-ego déformé d’Argento et de Romero. Presque le besoin de jeter des coups d’œil plein d’angoisse derrière moi. Au cas où un zombie ou un sataniste en recherche de glande ne s’y trouve… Dans un registre certes différent mais au même titre que Magma, Goblin va offrir aux festivaliers un concert mémorable, une expérience sonore et visuelle comme il est rare d’en vivre. P’tain, j’en verserais une larme de pur bonheur.
Alors qu’Andrey part à la chasse photographique, je reprends mes quartiers en terrasse pour griffonner quelques notes et décider des prochains concerts auxquels je veux assister. Papir arrive en tête de liste, tout juste suivi par The Old Wind. Ouais, le chanteur de Breach sur scène avec son nouveau groupe… Étant un vieux connard de HxC kid des 90s, je peux vous garantir que j’en frémis d’avance.
Premier arrêt donc : Papir. En quatre albums, les Danois ont posé leur son. Pas de raccourci à l’emporte-pièce, mais j’y vois une version instrumentale de Colour Haze et si j’écris cela, ce n’est que du positif ; ne pas le prendre au sens strict du copier-coller. Un Roadburn sans de grosses claques de son psychédélique ne serait de toute manière pas un Roadburn. Sur un petit nuage (qui a dit bien épais ?!), leur set se déroule comme une route céleste au coucher du soleil. Et toute droite vers les étoiles… Un de mes moments forts de cette édition 2014.
Passer du « doux » (Papir donc) à l’autre extrémité du spectre : The Old Wind. Là, pour reprendre l’analogie du nuage, c’est une grosse tempête, un déluge de riffs qui nous tombent sur le coin de la gueule. Et pas moyen de se mettre à l’abri.
Andrey aura ses mots : « autant de puissance et de précision à trois guitares… ».
Plein les pattes et la nuque raide mais un sourire jusqu’aux deux oreilles vissé au visage, il est temps de reprendre la route vers notre maison jungle… Prêt pour ce qui s’annonce déjà comme un samedi de rêve…
Crédits photos : Andrey Kalinovsky / CSAOH
Journalist, radio speaker, PR guy, booker, crate digger, community manager, promoter. Je pourrais aussi l'écrire en français, il est vrai... |
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