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Chelsea Wolfe + King Dude 22/01/13 @ Il Motore, Montréal
Les nuits montréalaises sont glaciales et obscures en ce premier mois de l'année. Les rues sombres et les trottoirs enneigés nous menèrent vers un concert qui se mariait à merveille avec le climat actuel. La séduisante Chelsea Wolfe était de passage à Montréal dans le but de faire la promotion de son nouvel album Unknown Rooms: A Collection Of Acoustic Songs. Malgré une récente prestation dans notre ville, elle s'apprêtait à nous livrer une toute nouvelle expérience pour cette seconde visite en moins de 6 mois.
Cette tournée s'avère être entièrement acoustique et pour l'accompagner dans ce périple audacieux, elle n'aurait pu trouver meilleur acolyte que le mystérieux King Dude. Ce musicien de Seattle sort des sentiers battus, il propose des compositions folk très simplistes, mais que l’on voit rarement conçues de façon aussi occulte. L'ambiance rendait honneur à sa musique noire, des chandelles étaient timidement disposées aux extrémités de la scène et un immense drapeau américain était hissé à l'arrière. Ne soyez pas inquiet, le drapeau ne semblait pas évoquer le patriotisme habituel, il traduisait plutôt la honte qui plane sur ce pays controversé. Son apparence abimée et noircie par les flammes apportait un voile de noirceur sur la pitoyable scène du Il Motore. King Dude avait sa guitare à la main et un second musicien le complétait aux percussions, à la guitare et au chant.
Le duo semblait heureux d'être de passage pour la première fois à Montréal, la salle pratiquement pleine lui réserva un accueil chaleureux. Ses compositions n'étaient pas toutes très accrocheuses, mais les quelques morceaux plus vigoureux avaient de quoi nous faire sourire. Par moments, les bonnes rythmiques de sa guitare nous rappelaient les compositions un peu plus fringantes du célèbre Johnny Cash. Nous avions l'impression de galoper lorsque les répétitions de guitares nous étourdissaient et nous donnaient envie de taper du pied. De vieux titres comme Witch's Hammer ou encore Born In Blood vous confirmeront la comparaison avec ce cher Johnny. Les morceaux tirés de son plus récent album Burning Daylight avaient une saveur un peu plus étrange. Nous avions l'impression d'entendre les voix de David Bowie, Peter Steele et Elvis Presley en alternance. Les deux premières influences me plaisaient, mais les trémolos douteux à la Presley me faisaient grincer des dents à chaque occasion. Au final, King Dude offre une musique très obscure, mais qui manque parfois de complexité et de profondeur. La demi-heure qui lui était allouée était largement suffisante pour combler les amateurs du genre. Ma conclusion sur cet artiste est simple, il y a beaucoup d'imagerie pour ce que la musique propose réellement. Bref, c'est à vous de juger.
Parlons maintenant de la chère Chelsea Wolfe, cette magnifique Californienne qui semble plus froide et blanche qu'une Islandaise. Cette intrigante beauté n'égalait en rien sa voix extraordinaire. Elle pouvait aisément camoufler sa timidité derrière ce talent incroyable. Elle possède une voix qui saurait percer le coeur des insensibles, sa justesse surpassait même ce qu'elle nous offre sur album. La surprise était majeure, la délicatesse des mélodies acoustiques facilitait la découverte de son potentiel vocal. La chanteuse était accompagnée de son traditionnel musicien Ben Chisholm et par la violoniste Andrea Calderon. Le trio ne manquait pas de justesse, ils reproduisaient à merveille les titres de Unkown Rooms, la beauté de pièces comme Boyfriend, Flatlands et Spinning Centers était encore plus palpable. Pour une rare fois, le son du Il Motore rendait justice à une formation qui y jouait, je crois que c'était notre soirée de chance.
Outre les plus récentes compositions, Chelsea nous a servi quelques titres de son célèbre album Apokalypsis, remodelés pour l'occasion. Les nouveaux arrangements rendaient justice à ces morceaux qui étaient précédemment interprétés de façon beaucoup plus imposante. Cependant, la chose la plus agréable à laquelle nous ayons eu droit fut les quelques nouvelles pièces qui paraitront sur le prochain split avec nul autre que King Dude. Il joignit d’ailleurs Chelsea sur scène pour interpréter ces morceaux, la chimie qui régnait entre les deux musiciens était étonnante et mettait le chant grossier de T.J. Cowgill (alias "King Dude") en arrière-plan. Le dosage était parfait et leur cohésion laisse présager un superbe album. Malheureusement, l'expérience ne dura que deux chansons. Après quelques titres supplémentaires, Chelsea fit fuir ses musiciens pour nous offrir seule au clavier la magnifique Sunstorm et ensuite une interprétation a capella de The Way We Used To clôtura le spectacle. Cette dernière fut un peu maladroite puisque sa pédale d'effets semblait lui donner du fil à retordre. Quoi qu'il en soit, nous avions eu notre dose de douceur et de talent pour la soirée. Ce n'était certainement pas le concert le plus divertissant, mais Chelsea Wolfe s'avère une valeur sûre si vous avez envie de prendre congé des gros amplis habituels. Il s'agit également de l'occasion idéale pour sortir votre douce moitié sans qu'elle ne se plaigne de la répugnance des musiciens sur scène ou de la lourdeur insoutenable de ceux-ci. Je recommande l'expérience à quiconque veut vivre de nouvelles sensations musicales, elle vaut amplement le détour et saura vous transporter dans son univers fascinant.
Crédits photos : Renaud Sakelaris
Chroniqueur montréalais pour Pelecanus depuis juin 2010 ayant participé à l'organisation de concerts ainsi qu'au défunt projet de webradio. |
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