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BADBADNOTGOOD & Ghostface Killah - Sour Soul (2015)
Après s’être fait connaitre dans le monde du rap grâce à des reprises de titre de Tyler, the Creator interprété ensuite avec ledit rappeur, le trio canadien a infiltré doucement cet univers pour aboutir aujourd’hui à une collaboration avec Ghostface Killah.
Du Wu-Tang Clan, celui-ci n’est pas étranger à l’exercice de la collaboration avec des compositeurs plutôt que des producteurs comme il l’a prouvé sur l’excellent Twelve reasons to die en compagnie d’Adrian Younge. Sour soul est en revanche bien moins conceptuel que l’histoire de guerre des gangs racontée sur la collaboration susnommée et se place plutôt comme une sorte de version Blue Note de l’unique album de Blakroc (la rencontre entre le producteur Pete Rock et les Black Keys).
Alors que deux de ses compères du Wu-Tang, Raekwon et le RZA, s’étaient retrouvés sur ce fameux disque, Ghostface Killah n’y avait pas eu droit et se rattrape donc sur cet album parfaitement dosé entre le mélange jazz et blues des Canadiens de BadBadNotGood et les couplets de Ghostface Killah.
De la fantaisie pimp classique (To swallow, flip tricks, sit dicks and make money. Bing « Daddy Pooh Bear » back, barrel loads, of the honey » sur Tone’s rap) au discours conspirationiste malheureusement devenu habituel de sa part (« Steroids in chickens, why they feeding us eggs ? » sur Sour soul), il pose avec la même maîtrise qu’on lui connait. L’absence de refrain, sur la plupart des morceaux, lui sied même beaucoup mieux puisque la tâche de la composition d’une accroche revient quasi uniquement aux musiciens capables de recréer à la perfection un bar enfumé, parfait décor pour le rappeur que l’on imagine aisément avec un verre de cognac à la main, debout sur la scène, à haranguer le public de tous les sujets qui le préoccupent.
Aucun autre membre du Wu ne vient le rejoindre sur cette scène imaginaire mais il est toutefois secondé par quelques guests comme Danny Brown (sur Six degrees), Elzhi (sur Gunshowers), Tree (sur Street knowledge) et MF DOOM (sur Ray gun). Ce dernier vole même la vedette à Ghostface grâce à son flow inventif encore plus adapté au déhanché suave de la batterie, de quoi faire rêver à une collaboration avec ce dernier (mais au rythme où il finit ses collaborations, on peut toujours rêver).
A noter que l’un des meilleurs moments de l’album se trouve à la fin de cette excellent collaboration sous la forme d’une conclusion instrumentale très James Bond. Preuve, si il y en avait besoin, que le groupe n’a pas nécessairement besoin de guest pour briller.
Il n’en reste pas moins que Sour soul est une collaboration très équilibrée mariant rap, jazz et blues dans un merveilleux cocktail naturel et classieux. Le genre de musique qu’on écoute dans les meilleurs bar autour d’un verre de whisky de qualité et d’un cigare cubain.
25/02/82, 1m80, à peine 60 kilos et élevé pour parcourir le macadam parisien de refuge en refuge jusqu'à son déménagement à Londres. Chroniqueur rock de 2004 à 2010 sur Eklektik-rock puis sur la fille du rock depuis 2010, bibliothécaire 2.0 depuis 2008, passionné de musique (metal, jazz, rap, electro …) et de comics. Ecrit aussi en anglais sur Delay and Distorsion (Chronique musicale). |
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