The Ocean - Pelagial (2013)

Lorsque la nouvelle du prochain album de The Ocean est parvenue à mes oreilles et lorsque j'ai appris qu'il était prévu comme un album instrumental, la déception a frappé à ma porte assez séchement. Loïc Rosetti, chanteur du groupe, usé par des tournées incessantes et un rythme de vie surhumain semble jeter l'éponge, sa voix est abîmée et il ne semble plus possible pour lui de chanter dans le groupe. Une perte immense pour un chanteur à la tessiture de voix plutôt unique et au talent indéniable. Ayant mes entrées au royaume de Poséidon (il n'est pas rare que j'aille me taper une brochette de poisson à la Tequila citron avec la petite sirène), j'apprends que "Pelagial" sera finalement enregistré et finalisé avec des voix, les cordes vocales de Loïc se sont remises de leur fatigue et de leur usure, pour notre plus grand bien et surtout pour le sien. L'album sera donc officiellement disponible en version chantée et en version instrumentale.

The Ocean est un groupe atypique, collectif dans un premier temps puis groupe à part entière à la sortie du dyptique album "Heliocentrique"/"Anthropocentrique", le combo germano-suisse a traversé de nombreux paysages stylistiques en termes de compositions et créations. "Pelagial" ne déroge pas à la règle et emprunte des sentiers certes pas inconnus pour le groupe mais rarement poussés aussi loin dans leur composition et interprétation. Comprenons-nous bien, The Ocean sort là certainement son album le plus progressif et abouti à ce jour. On y trouvera aussi bien des passages dignes de Mastodon que de Tool, des ambiances non sans rappeler Opeth ou Cult Of Luna et des parties vocales à faire pâlir de jalousie les plus expérimentés chanteurs de la scène metal moderne.

"Pelagial" est un album conceptuel, un voyage qui vous emmène de la surface de l'océan au plus profond abysse aquatique, le travail de mixage en studio s'est fait en une session avec 244 pistes ouvertes, un défi technique afin de rendre compte au plus proche possible de cette descente aux enfers bleus. Les compositions sont donc agencées pour aller du plus ouvert vers le plus oppressant, avec de temps en temps quelques touches plus légères mais dans sa globalité "Pelagial" tient son pari et on sent aisément le poids et la pression à travers cette volonté de conceptualiser au maximum le thème de cet album. On parle ici d'une vraie réussite, The Ocean sort un album qui est tout sauf amateur. Une étape que le groupe franchit aisément et qui lui permet de se placer dans les rares formations metal modernes pouvant tenir sa place aux côtés de Dillinger Escape Plan, Cult Of Luna ou Mastodon. Au-delà du talent du chanteur Loïc Rosetti, je veux mettre un coup de projecteur sur le batteur, Luc Hess, qui se place désormais sur le podium de mes batteurs préférés, original, percussif, précis et foutrement bon. Petit bonus qui ne gâche rien, la participation sur le titre "Demersal Cognitive Dissonance" de Tomas Liljedahl, ancien chanteur de Breach et actuel chanteur de The Old Wind (dont vous avez pu lire un dossier complet dans votre webzine préféré). Ce morceau est d'ailleurs mon favori de l'album.

La version instrumentale bénéficie d'un mix différent de la version avec voix, intéressant mais "Pelagial" prend tout son sens pour moi avec le chant qui amène, renforce et sublime même parfois les compositions de cet album. Pour conclure et terminer de vous convaincre d'écouter "Pelagial", sachez que le groupe a mis tous les atouts de son côté pour frapper fort : une production menée d'une main de maître par Jens Bogren qui a notamment travaillé avec Opeth, un visuel crée par Seldon Hunt et deux éditions collectors CD et LP en boxset qui pèsent plus lourd que mon compte bancaire d'une vie de travail. Enfin, un film accompagne cet album, histoire de vous faire comprendre le mieux possible ce que The Ocean a voulu faire de ce "Pelagial". Un grand album, conceptuel, abouti et durement travaillé.

A bon entendeur !!

Fred Nvrd