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Impure Wilhelmina – Black Honey (2014)

Portrait de Estelle
Impure Wilhelmina – Black Honey (2014)

Je ne sais plus qui nous a présentés mais ce dont je me souviens très clairement, c’est que le coup de foudre a été quasi instantané. Nous avions tous les deux une tendance à la mélancolie, nourrie par une vision assez désenchantée de ce qui nous entourait. Un côté un peu sombre et mystérieux aussi. La liste de nos points communs s’allongeait à mesure que les heures passaient et à la fin de la soirée, il n’y avait plus aucun doute : nous étions faits l’un pour l’autre. Impure Wilhelmina est entré dans ma vie il y a presque dix ans et depuis, il n’en est jamais sorti.

Cinq ans après l’excellent Prayers and Arsons, le groupe revient enfin avec Black Honey.

Ce qui frappe immédiatement, c’est le chant clair. Sa présence n’est pas une surprise en soi puisqu’il est apparu très tôt dans la discographie du groupe. Réécoutez "Knife" ou "Sunburst" pour vous rafraîchir la mémoire. Par contre ce qui étonne, c’est son omniprésence. Sur cet album, Michael Schindl privilégie cette facette de son répertoire vocal, reléguant de fait son homologue hurlée au second plan et la cantonnant à quelques apparitions relativement discrètes.

Conséquence directe, Black Honey dégage une impression de douceur générale. Pas d’inquiétude, les guitares un brin dissonantes si caractéristiques du "son Impure Wilhelmina" sont toujours là. Elles sont d’ailleurs remarquablement mises en valeur par la production de Raphaël Bovey. Malgré tout, cet album a un côté très pop qui le rend "lumineux". Je suis bien consciente qu’il s’agit d’un qualificatif étrange pour décrire de la musique mais c’est le seul qui me soit venu à l’esprit.

Je n’ai pas l’intention de décrypter les textes ni d’en fournir une quelconque interprétation. Chacun(e) y verra bien ce qu’il-elle voudra. Par contre il faut souligner leur poésie, la charge émotionnelle qui en émane et parfois, leur caractère extrêmement personnel.

Black Honey est peut-être l’album d’Impure Wilhelmina le plus accessible mais paradoxalement, c’est celui qui m’a le plus déstabilisée. Au bout de onze titres, j’étais incapable de dire si je l’aimais ou si je le détestais profondément. Une grande première, qui plus est avec un groupe qui partage ma vie depuis si longtemps. Il fallait pourtant que je sache. Je me suis donc plongée à corps perdu dans la source de mes tourments. Chaque nouvelle écoute remettait en question la précédente et balayait avec une facilité écœurante des certitudes que je croyais pourtant fermement acquises. La déception, froide et impitoyable, attendait patiemment son heure mais alors que la mise à mort semblait certaine, un élément faisait tout basculer. Un mot qui meurt dans un souffle, l’apparition inopinée de quelques notes cristallines… Dans ces moments là, j’avais envie de crier au génie. Avant que tout sombre à nouveau du côté obscur…

Après plusieurs jours de lutte intérieure, j’ai enfin compris. Sous ses airs simples (et non pas simplistes, j’insiste sur ce point), Black Honey est un album qu’il faut apprivoiser. Pour y parvenir, l’écoute doit être minutieuse, réfléchie ; l’attention portée aux détails et au contenu des textes, accrue. Ensuite, notre capacité d’adaptation fait le reste. Ce qui nous semblait étrange n’éveille plus la moindre réaction après quelques écoutes. On s’habitue à ce chant clair prédominant et à la relative douceur de l’album. Relative car le côté plus sombre d’Impure Wilhelmina n’est pas totalement absent ; il est juste à l’image de l’album : plus subtil. Il faut le chercher dans des chœurs ou dans des guitares fleurant bon le black metal. Finalement, ce que je prenais initialement pour de la lumière s’avère être un beau clair-obscur…

Rarement album aura suscité une telle ambivalence de sentiments à son égard, autant de doutes et de questionnements. Naïvement, je pensais que Black Honey ne serait qu’une étape de plus dans notre histoire d’amour musicale. Je me trompais. Il était l’épreuve qui allait la tester et la rendre un peu plus forte.

Impure Wilhelmina – Black Honey (2014)
Impure Wilhelmina
Black Honey
The Enemy
Submersible Words
Chest
Grand Gendarme
Black Horse
Joseph
Mute
Uncomfortable Life
Courageous
For the Man that I Love
God Rules His Empire
Quand je ne regarde pas une compétition de saut à ski, j'écoute de la musique à un volume sonore déraisonnable.

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