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De lettres et de notes : 12 albums concepts à (re)découvrir

Portrait de Julien
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Si vous nous fréquentez, vous devez être familiarisés avec l’idée de « concept album » (album sous tendu par un arc narratif ou thématique). A partir de là, l’unification d’un album sous un concept est à ce point large qu’elle autorise à peu près tout. Mettre en musique, un roman ou une saga ? Let’s Write…

Billy Idol - Cyberpunk | Livre : Le Neuromancien de William Gibson

S’il fallait un musicien pour illustrer l’univers cyberpunk, Billy Idol aurait figuré dans le top 3. Il faut dire qu’endosser le costume (et les dépendances diverses) de Case, protagoniste principal du roman, lui va comme un gant. Selon la légende, Gibson se serait rendu compte que Billy Idol n’aurait jamais lu son roman, lors d’une rencontre promotionnelle entre les deux hommes. Pas si dérangeant. L’idée que se fait un artiste d’une œuvre est en soi suffisante pour l’inspirer.

 

David Bowie-Diamond Dogs | Livre : 1984, Big Brother ; Georges Orwell

Bowie pouvait tout faire, nous le savons. A la base, son projet est beaucoup plus large, une de ses adaptations théâtres dont il avait le secret. Pour une sombre histoire de droits, le projet n’aboutit pas. Tristesse. Il nous reste tout de même ses deux chansons et les notes écrites du Thin White Duke, faisant état du projet.

 

Poe-Haunted | Livre : La Maison des Feuilles ; Mark Z. Danielweski

On compare trop souvent La Maison des Feuilles au film Matrix. A tort. D’un c’est anachronique, de deux c’est réducteur. Rares sont les livres ayant à ce point exploité les vertiges de la spécularité, les mises en abyme diverses, les références diverses à tous types d’art, la revivification des mythes anciens, etc. Mais en dernier lieu, c’est à la littérature que le roman se réfère, et pour être plus précis à un lecteur moderne. Poe prolonge l’expérience, parce que ce roman en est une. Aussi minime ce soit, c’est louable.

 

Bruce Springsteen - The Ghost of Tom Joad | Livre : Les Raisins de la Colère, John Steinbeck

Un des représentants majeurs de l’Americana musicale s’attaque à un des représentants majeurs de l’Americana littéraire. Et ça fonctionne fabuleusement bien. Par contre, personne n’aurait pu prévoir, Springsteen en tête, que cela serait un tel succès.

 

Mastodon - Leviathan | Livre : Moby Dick, Herman Melville

C’est bien connu, chacun cherche sa baleine blanche. Plutôt que de se colleter frontalement avec sa Némésis, Mastodon la thématise pour l’appréhender magnifiquement. Cela donne la pleine mesure de la baleine qu’Achab n’a su voir, aveuglé par son orgueil. L’album s’avère aussi profond que l’océan. Absolument indispensable.

 

Lou Reed - Le Corbeau | Livre : quelques nouvelles très très connues du moins célèbre Edgar Allan Poe

Lou Reed, prétentieux ? C’est là l’un des reproches les plus doux qu’on lui ait fait, une bonne majorité de ses collaborateurs le tenant pour un gros con irrécupérable doublé d’un junkie sans parole. Mais, aussi prétentieux soit-il, il n’était pas vaniteux. En témoigne cet album où Reed investit Poe pour mieux se l’approprier. La légendaire Providence renaît de ses cendres. Sinon, Reed intercale un petit titre, Perfect Day, histoire de parachever le côté totalement mythique de l’album.

 

The Alan Parsons Project - I Robot | Livres : Le Cycle des Robots, Isaac Asimov

Toute bonne idée n’est pas destinée à s’épanouir. L’album très expérimental peine à restituer la richesse des concepts d’Asimov. En cause, un conflit d’idées entre les membres du groupe et l’auteur qui ne sont tombés d’accord sur à peu près rien. Cela arrive. Demandez un peu à Stanislas Lem ce qu’il pense des adaptations cinématographiques de son Solaris. (Non, ne lui demandez pas, il en est atterré.)

 

Pink Floyd - Animals | Livre : La Ferme des Animaux, Georges Orwell

La charge anti stalinienne d’Orwell ne pouvait pas ne pas intéresser le groupe, désireux de secouer la société anglaise victorienne de Margaret Thatcher. Conservant la catégorisation animalière, Pink Floyd réalise un pamphlet parfait où passé et présent se répondent de manière tragique, presque désespérante. L’art engagé par excellence.

 

Hawkwind - The Chronicle of the Black Sword | Livres : Saga de Elric de Melniboné, Michael Moorcock 

La fantasy tellurique dans toute sa splendeur mise en musique par le mythique groupe cosmogonique (à ce niveau-là, difficile de se contenter de l’appellation space-rock). Manquant de mots, je vous invite à faire vous-même le voyage.

 

Panic ! At The Disco - A Fever You Can’t Swear Out | Livres : Monstres Invisibles, Survivant, Journal Intime ; Chuck Palahniuk

Nous sommes libres de penser à peu près ce qu’on veut du groupe, mais on doit leur reconnaître leur ambition de lecteur. Fight Club… n’est qu’une part minime de l’œuvre du génial Palahniuk. Pourquoi, n’avons-nous pas (ou plus) d'écrivains comme ça, nous ?

 

Porcupine Tree-Fear of a Blank Planet | Livre : Lunar Park ; Bret Easton Ellis

Bret Ellis est le Lou Reed de la littérature américaine : gros con prétentieux  coké, et pourtant jamais vaniteux. Si ce n’est Zombies, tout à fait inconsistant, ses romans dépeignent avec beaucoup de justesse le matérialisme cannibalisant de notre société. Nous le disons cynique et faux-cul, nous oublions qu’il se situe dans la veine sarcastique mordante d’un Mark Twain. Sans atteindre les sommets artistiques d’engagement d’Animals, Porcupine Tree brosse toutefois le portrait d’une société reaganienne anglaise minée par l’aliénation, l’abrutissement et les intolérances entre communautés diverses. Le portrait est glaçant, chaque société occidentale, pouvant se réfléchir devant.

 

Ben Nichols - The Last Pale Night in the West | Livres : Méridien de Sang (mais aussi La Trilogie des Confins) ; Cormac McCarthy

Là encore, un artisan de l’Americana musicale frayant avec un autre artisan de l’Americana littéraire. Que d’artefacts ! A titre personnel, je le compare à Among Toundras que nous avons chroniqués précédemment, bien que Ben Nichols, pour hanté soit-il, peut se montrer plus rêveur, plus doux. De Cormac McCarthy, nous connaissons essentiellement No country for Old Men (et sa génialissime adaptation  par les frères Coen) et le très puissant La Route, univers post-apo par lequel nous apprenons que l’homme, dénué de tout, se distingue Ô surprise ! non par sa religion, mais par son empathie et sa spiritualité, mais il est permis de lire les ouvrages mentionnés ci-dessus, même s’ils s’adressent davantage à un lecteur américain, du fait des mythes du Grand Ouest qu’ils brassent.

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J'aime les chats roux, les pandas roux, Josh Homme et Jessica Chastain.

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