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Roadburn 2013 : journal de bord jour 03 - Lourdeur cosmopolite
20 avril : arrivé au 3ème jour du festival, rien ne va plus. L'un crache ses poumons, l'autre monopolise la salle de bains en essayant toutes sortes de techniques de résilience gastrique pour oublier les abus de la veille. Ah la vie en festival... Il faut faire vite cela dit, car dès 14h00 tapantes nous attendent les Suisses de The Ocean venus défendre leur tout dernier album "Pelagial", qui, pour rester dans les ablutions, semblaient vouloir véritablement nous rincer au sens propre du terme.
C'est dans une main stage partiellement remplie, mais pas pour longtemps, que The Ocean démarrera son set. D'après nos informations nous savions que les quelques dates françaises avant le passage au Roadburn s'étaient faites sans voix. Hasard ou pas, alors que le groupe avait décidé de lancer une version instrumentale de son album Pelagial quelques jours avant pour le promouvoir, le chanteur semblait avoir des soucis avec ses cordes vocales. Le concert commencera donc, dans l'ordre du nouvel album avec cette introduction aux sons maritimes puis par les premiers morceaux, sans voix. C'est lors du troisième morceau que le chanteur surgira du côté gauche de la scène avec une sévère envie d'en découdre. Comme nous l'avions prévu, il s'était réservé pour la prestation du Roadburn. Le groupe enchaîne donc les morceaux maintenant avec de la voix et l'apport est appréciable. Même phénomène que lorsqu'on écoute Pelagial sans, puis avec la voix. Elle est indissociable, voire totalement bénéfique à l'opus. Nous resterons pour l'intégralité du show, sans regrets, et enchaînerons donc toujours avec des francophones puisque ce seront les Français d'Alcest qui reprendront le flambeau.
Alcest, je dois l'avouer, ce n'est pas ma came. Ce groupe a définitivement quelque chose de trop "mignon" dans son ambiance globale pour moi mais je suis quand même curieux de voir ce que vaudra la prestation live. Le groupe monte sur scène et délivre quelques morceaux franchement bien interprétés, justes et totalement en phase avec ce que j'ai déjà entendu sur album. Rien de plus ni de moins. Je bougerai rapidement du show pour écouter pendant de longues minutes le groupe Monomyth qui jouait lui dans la Green Room bondée une fois de plus. C'est définitivement là que j'aurais voulu être, mais tant pis.
Ce qui se prépare de nouveau sur la main stage suscite pour moi une certaine excitation. Hier Amenra, aujourd'hui Cult of Luna. Des groupes que j'écoute depuis des années mais qu'il m'a toujours été impossible de voir. Dépucelage des pavillons en approche. Je me place près de la console et j'attends patiemment, la salle se remplissant lentement d'une fumée blanche. Les nombreux membres montent sur scène et entament le set avec l'introduction de l'album Vertikal histoire de poser l'ambiance. Les morceaux de la setlist mélangeant vieilles compositions (Ghost Trail, Finland) et nouvelles (I:The Weapon, In Awe of) s'enchaîneront avec cette lourdeur et ce raffinement caractéristique du groupe. Que dire de l'énorme voyage qu'est Vicarious Redemption avec son énorme break électro maîtrisé de bout en bout ? Pour autant je resterai légèrement sur ma faim. A cause du son ? A cause de la prestation en elle-même ? A cause des conditions qu'impose la scène, la distance? Je ne peux toujours le dire. Mais je m'attendais définitivement à quelque chose de beaucoup plus intense. On me confirmera ensuite qu'effectivement la prestation était bonne, mais pas à la hauteur de ce qui a pu être donné à Paris en début d'année.
Le set terminé, nous allons voir Lo! sur les conseils de Cult of Luna, mais aussi car nous voulions prendre une bonne dose de hardcore. Venus d'Australie, les quatre musiciens de Lo! ont investi la petite Green Room et rentrent rapidement en action en livrant un metal hardcore vif. Quelques morceaux passent, le chanteur peine à ne pas trop en faire, dans ce genre de formation le chanteur se doit de faire le show, mais ici les grimaces et attitudes fatiguent rapidement. Le groupe livre la marchandise mais rien n'est vraiment extraordinaire. Bon. En face, High On Fire prépare son deuxième set et nous ne voulions pas non plus louper cela. Time to move !
La pochette du dernier album "De Vermiis Mysteriis" est projetée sur l'énorme écran à l’arrière de la main stage. Le groupe rentre en action et tout de suite quelque chose me dérange. Le son est terriblement brouillon, j'essaye de bouger d'endroit, je monte, je descends, et c'est toujours très nébuleux. Nous resterons quand même car la plupart des morceaux sont de véritables hymnes au headbang, puis nous filerons à moitié du show, abasourdis, vers les Londoniens de Teeth of the Sea.
Teeth of the Sea est un projet qui m'a conquis avec l'album "Your Mercury" sorti chez Rocket Recordings en 2010. Un mélange d'électro rock expérimental aux compositions extrêmement bien menées. Nous arrivons donc et c'est une orgie de matos sur la stage01. Les musiciens aux allures hipsters très caricaturales s'étendent de gauche à droite avec un clavier à gauche, un set de percussions un peu en retrait où le mec ne semble pas avoir envie de s’asseoir, un bassiste au centre, puis un guitariste avec une Flying V et une tonne de pédales à droite. Le show commence et le groupe construit un premier mur de son, qu'ils briseront avec d'énormes beats danceflooresques. Entre temps le guitariste à droite semble avoir eu quelques soucis de fonctionnement avec sa gratte et change rapidement pour une Les Paul, on ne sent pas le souci technique mais ça semblait chaud. Le groupe enchaîne et je ne reconnais pas un seul titre de "Your Mercury", et pas l'éponyme justement que j'attendais beaucoup, mais ça transporte plutôt bien.
Après avoir un peu pris l'air, nous nous retrouvons en face de Godflesh qui était invité pour jouer en intégralité l'album "Pure". Autant dire que c'est un titre d'album assez bien choisi et totalement ironique pour une musique aussi lourde et noire. Je me place pile en face de Ben "GC" Green et déguste son son de basse tout le long du show. La trique. Le mec est impassible, le grumpy cat du metal indus. La boîte à rythme initiant chaque morceau se voit être le terrain de jeu des 2 compères martelant les milliers de paires d'oreilles présentes. Après quelques morceaux Robert Hampson (ancien guitariste du groupe de 1991 à 1992 et membre d'origine) fait son apparition au milieu de la main stage. Son ajout est discret mais la puissance du show vient de passer encore un cran au-dessus. J'ai peine à croire que le show va durer 1h20 de la sorte. Ce qui fut pourtant le cas.
Après ce déchaînement sonore, les choses deviennent floues pour moi. Je me souviens avoir voulu m'aérer le museau et soudainement je me suis retrouvé devant Asphyx. Comme ça. Devant mon premier concert de Death Metal, au premier rang. Sans trop n'y rien comprendre. Pourquoi pas hein. On me dit que le groupe est du coin, qu'on les a trop vite oublié dans la scène death, et qu'ils sont très bons. Je reste et découvre les codes d'une musique que je dois avouer mal connaître. Pour autant, une choses est sûre, le groupe est généreux sur scène et ça ne doit pas être le cas de tous. Ils remercient tout au long des morceaux leur label, les organisateurs, le public. Et les titres les uns après les autres renversent la salle qui me presse contre les retours où le bassiste et le guitariste viennent souvent poser leurs pieds pour mieux riffer l'audience. Intense ! La nuque en miettes je sors, trempé une fois de plus, du Het Patronaat. Décidément une routine n'aura jamais été aussi bonne.
Je marche jusqu'au 013 en voyant la rue en mode caméra embarquée mal fixée. L'heure est à la fête et le disco metal est là pour ça. Le rez-de-chaussé du 013 est envahi de roadburners qui n'ont pas envie d'abdiquer si rapidement. Des classiques du metal sont balancés dans tout le bâtiment et la bière coule à flot, nous rencontrons des amis d'amis d'amis qui ne sont jamais vraiment des inconnus puisqu'ils sont ici pour le même amour de la musique que nous.
Le retour au bungalow se fera plus tard que les jours précédents et mon sandwich nocturne plus gros encore. L’Afterburner, le dernier jour du festival, est déjà là demain. Malgré la fatigue que l'expérience suscite tout passe vraiment trop vite à Tilburg, mais je vous rassure, demain sera aussi un grand jour qui contiendra son lot de surprises avec Astra, Michael Rother et Golden Void.
Crédits photos : Andrey Kalinovsky / CSAOH.com
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