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Gangrene - You Disgust Me (2015)
Tout est bon dans le cochon, même quand il patauge dans la boue. Le duo de producteur/rappeur Gangrene (Oh no et Alchemist) qui opère sous le nom de Gangrene l'a bien compris et célèbre donc avec ce disque tout ce que l’on dit impropre.
Célébrant autant la cuisine (« All I do is serve kitchen nightmares. At restaurant like I'm cooking crack over a dirty ass stove wearing a crooked hat.» dans Gluttony ) que l’empereur du punk crasseux (« Like GG Allin is flier than fake suede New Balances » dans Better things), Gangrene vous invite à montrer dans leur bagnole dégommée, mais montée sur ressorts, pour parcourir les rues de leur ville imaginaire où l’on croise des rats, des déséquilibrés et des génies, car la saleté donne aussi du caractère à l’univers urbain qui sort de tous leurs pores.
Gangrene est cependant d’avantage un projet de producteur que de rappeur de génie. Même si le duo rivalise en propos outrancier et dégueulasse (« Reverse Bill Cosby a hoe. After sex, she the comatoses » dans Gluttony), il se dépasse surtout dans les choix de sample. Du jazz de fond de cave enfumé de Gluttony ou the Man with the horn aux guitares électriques de The Scrapyard ou Just for decoration, on entend de tout mais uniquement de l’inattendu. Plus troublant, le choix d’un sample d’orgue digne d’un enterrement, pour le morceau où l’on retrouve Sean Price, enregistré avant le décès récent du rappeur.
Alors que son prédecesseur célébrait la drogue et le rock 70’s au fil de morceaux colorés et entrainans, Gangrene ralentit ici le tempo avec un plus gros travail dans les atmosphères et un ton plus sombre mais cependant jamais sérieux, comme si on avait mis en musique les cartes des Crados. Gangrene fait dans l’hédonisme crétin, sale mais malin.
N’essayant pas de s’excuser mais se moquant de la folie ordinaire (le sample d’intro de Sheet music). Gangrene se complait dans les ordures mais en ressort avec un disque résolument différent et capable de faire suite à leur précédent tour de force. Le bien nommé You disgust me va en froisser plus d’un et en conquérir beaucoup d’autres.
25/02/82, 1m80, à peine 60 kilos et élevé pour parcourir le macadam parisien de refuge en refuge jusqu'à son déménagement à Londres. Chroniqueur rock de 2004 à 2010 sur Eklektik-rock puis sur la fille du rock depuis 2010, bibliothécaire 2.0 depuis 2008, passionné de musique (metal, jazz, rap, electro …) et de comics. Ecrit aussi en anglais sur Delay and Distorsion (Chronique musicale). |
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