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Rien + Ni 29/11/2014 @ Marché Gare, Lyon

Portrait de Sandra
Rien + Ni 29/11/2014 @ Marché Gare, Lyon

Après un précédent live-report de Nothing, voilà celui de Rien. La boucle est bouclée ! Mais qu’ont-ils donc tous à invoquer le néant dans leur patronyme ? Car pourtant, à l’instar des Américains susnommés, ils en ont eu des choses à dire les Grenoblois de Rien durant leurs 15 trop courtes années d’existence. Ce samedi-là, c’est une veillée quasi funèbre mais non moins festive qui nous attend : le (presque) dernier concert de Rien, avant la mort annoncée du groupe un certain 31 décembre 2014.

Depuis le 1er décembre pour la sortie de leur ultime EP « 1 », ça s’affolait sur les réseaux, à grands coups de chroniques élogieuses et de retours sur l’oeuvre du groupe. Alors à quelques quelques jours du concert, le Marché Gare nous avait prévenu : il était de rigueur de s’assurer une place au chaud pour l’évènement. La prédiction fut de bon augure puisque c’est une longue file bien disciplinée que nous rejoignons à notre arrivée. Qui l’eut crû, quand l’an dernier pour leur précédent passage dans la même salle nous n’étions que quelques privilégiés, les yeux écarquillés, le poil levé. (Retenez l’astuce les gars, la mort prochaine et annoncée de votre groupe attisera la curiosité du chaland.)

Mais avant de savourer, il faut passer par la case première partie. Et justement mon tour, je vais le passer. Découverts l’an dernier avant And So I Watch You From Afar, revoilà Ni, les 4 gentils rigolos qui maîtrisent salement leurs instruments. Ca part dans tous les sens : une mélodie par ci, une cassure bien amenée puis un riff mathématique par là, une petite blague scato entre deux. Je comprends qu’on adore et qu’on salue l’efficacité de ce qu’ils envoient, mais chez moi ça ne prend pas, mais alors pas du tout. Je n’en dirai donc pas plus.

En tout cas après ça, la salle comble est dopée. Entre les deux groupes, le train train habituel, l’hystérique amoureuse du batteur s’égosille dans nos oreilles tandis que les geeks musiciens s’adonnent à leur passe temps favori : reconnaitre un à un les modèles de tous les instruments présents sur scène.

Puis voilà venir le temps de Rien. Rien qui, un beau jour de 1999, à peine sorti des tripes de sa matrice grenobloise, avait déjà décidé du jour de son trépas. Décidé d’être une denrée musicale périssable qui s’autodétruirait après 15 ans de bons et mélodieux services.

Des structures jazz aux envolées mélodiques en passant par les compositions mathématiques, le risque était grand de tomber dans le post-rock chiant ou la branlette-intello-musicale.

Je savoure donc une dernière fois en chair et en os la remarquable espèce de son qu’ils ont réussi à modeler. Une musique dense, complète et inventive sans pour autant être prise de tête. Cet au revoir sous forme de concert en donne le plus bel aperçu. Le condensé des expérimentations d’un collectif de musiciens qui cherchent, empruntent plusieurs voix, dont les plus casses gueules. Des structures jazz aux envolées mélodiques en passant par les compositions mathématiques, le risque était grand de tomber dans le post-rock chiant ou la branlette-intello-musicale. Mais non. Ils réussissent à faire de tout ça un ensemble robuste, une musique solide et brillante comme un diamant aux facettes multiples mais sans la « lissitude » fadasse et ennuyeuse qui aurait pu être son écueil.

Il faut voir tout ça sur scène bien sûr, les percus qui crépitent, les batteries qui bombardent, la folie douce des guitares et de la basse qui soulèvent les coeurs par surprise, le synthé qui étonne, les sourires teintés de concentration entre les musiciens. Un bémol sur les morceaux parlés/slamés issus du dernier EP, qui gâchent un peu mon plaisir. Malgré la beauté des textes, je décroche dès les premiers mots du chanteur.

Bon ce ne sera pas mon concert de l’année, malgré la symbolique de la date et tous les morceaux phares joués, je n’y ai pas retrouvé l’intensité de l’an passé, mais je repars tout de même avec la petite pointe de nostalgie un peu snobe du « j’y étais ».

Voilà, les jeux sont faits, Rien ne vit plus (il fallait bien un jeu de mot pour conclure). Tout cela avec humour et panache, quinze année durant et made in France m’sieurs dames. Et merde, on vient de perdre un sacré bon groupe.

 

Crédits photos : Rémy Ogez

Je voulais travailler dans la culture mais ça marchait pas, alors pour tromper l'ennui j'allais voir des concerts puis j’écrivais des trucs. J'ai fini par trouver du boulot, mais j'ai continué à écrire.

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