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Om + Daniel Higgs + Maica Mia 19/11/2012 @ Il Motore, Montréal
Le mois des morts n'est pas aussi calme qu'il devrait l'être cette année à Montréal. Les occasions de sortir sont nombreuses et il n'était pas question pour l'équipe de Pelecanus de rater le passage de l'excellente formation OM. Al Cisneros, ex-membre de Sleep, était de passage à Montréal avec sa troupe pour la première fois en près de quatre ans. Les trois musiciens avaient la ferme intention de défendre leurs nouvelles compositions tirées du sublime disque Advaitic Songs, paru plus tôt cette année sur le label Drag City.
Pour nous préparer à ce moment magistral, nous devions faire face à une formation montréalaise en ouverture. Le duo expérimental Maica Mia avait la lourde tâche de réveiller cette foule amorphe. Les mélomanes présents n'ont même pas pris la peine de se mettre debout pour écouter le groupe. L'ambiance était très zen et contemplatrice. La voix fascinante et le jeu de guitare original de la chanteuse captaient mon attention, je dois avouer que son chant ne fait pas l'unanimité dans mon entourage, mais personnellement je le trouve très réussi et émotif. Maica vous offre une voix pure et planante, elle propose un chant d'exception. Vous devriez tenter l'expérience sur le Bandcamp du groupe, l'album est en téléchargement à prix dérisoire. Il plaira à tous les fans de folk noir qui adore les doses d'expérimentation. Par conséquent, le résultat est bien différent en prestation grâce à l'énergie débordante du batteur. Cela donne naissance à des moments plus lourds qui ont probablement plu aux fanatiques de la tête d'affiche. Il s'agissait de ma deuxième rencontre avec Maica Mia, je dois avouer être beaucoup plus impressionné par cette plus récente expérience. C'était le groupe idéal pour débuter le spectacle.
La suite de cette soirée fut une surprise des plus fascinantes. Le légendaire Daniel Higgs, de la formation Lungfish, venait nous offrir une leçon de banjo. L'impressionnant personnage s'impose seul sur la scène avec une chaise, un micro et son instrument. Il n'est pas surprenant de voir un tel scénario lorsque des groupes comme Om font des tournées. Ils n'ont pas peur de déstabiliser l'auditeur avec des premières parties proposant des expériences rafraichissantes. L'émotion et la folie étaient de mise lors de la performance de Daniel, il semblait ressentir sa musique d'une façon extrêmement personnelle. J'irais même jusqu'à dire que c'était trop. Le musicien était surprenant et déstabilisant, mais il était véritablement décousu et déconstruit. Les morceaux ne se terminaient jamais réellement, le banjo devait fréquemment être accordé et les paroles semblaient improvisées. Malgré la salle remplie à craquer et une volonté de participation et d'écoute, il n'est pas parvenu à captiver les Montréalais. Après une trentaine de minutes, les gens avaient tous décroché et devenaient impatients. Comble du malheur, nous en avons eu pour une heure de délire musical répétitif et incohérent. La soirée prenait une tangente de déception avec cette longue et éprouvante expérience musicale. Je vous recommande de jeter un coup d'oeil sur les albums si le personnage vous intéresse, mais les prestations de Daniel Higgs sont vraisemblablement décevantes.
Enfin, le trio tant attendu grimpait sur la petite scène du Il Motore. Les Rickenbackers d'Al Cisneros brillaient sous les projecteurs et la magnifique batterie d'Emil Amos, également dans Grails, allait enfin être utilisée. Contrairement à leurs précédents passages, Om propose pour cette tournée un tout nouveau musicien nommé Robert A. Lowe. Les plus aventureux l'auront peut-être connu sous le nom de Lichens, son projet solo. Cet excellent artiste transforme littéralement les prestations du groupe, il ajoute un supplément indispensable avec son clavier, ses pédales, sa guitare et surtout sa magnifique et étonnante voix. À mon humble avis, il était prédestiné à rencontrer ces deux musiciens et à joindre le projet en leur compagnie. Le destin fait parfois bien les choses.
Malgré cet apport positif, la prestation du trio ne semblait pas atteindre les attentes que je m'étais fixées. Les ayant vus plus tôt cette année lors d'un festival, je croyais que les revoir en petite salle décuplerait les sensations et le plaisir de les regarder oeuvrer. Malheureusement, le son du Il Motore ne rendait pas justice à la formation. La basse ne résonnait pas assez lourdement dans la salle et nous entendions seulement les martèlements sans faille d'Emil Amos. Ce batteur est un fou furieux, un dieu des tambours, mais il s'agissait quand même d'Om! Où était ce son de basse frissonnant auquel nous avions droit habituellement? Après deux titres, la foule ordonna d'ajouter de la puissance sonore à l'instrument de prédilection du groupe. La situation fut réajustée et d'excellentes pièces tirées de leur quatrième album, God Is Good, réveillèrent la foule. Les énergisantes Crematon Ghat et Meditation Is The Practice Of Death firent oublier les premiers morceaux décevants. Sans grande surprise, la composition la plus fatale fut State Of Non-Return, ce nouveau titre me fait trembler à chaque écoute. Le ressentir en prestation fut le moment le plus réjouissant de cette longue soirée.
Aussitôt ce chef d'oeuvre terminé, nous retombions dans un segment ennuyeux avec un titre obscur du dernier album et une longue improvisation plus ou moins réussie. À ma connaissance, il s'agit bel et bien d'un nouveau morceau. L'introduction de celui-ci dura près de 10 minutes où Al Cisneros chantait des incantations sans microphone et Robert Lowe lui répondait par des cris mystérieux de l'autre côté de la scène. Certes, ce segment serait à glacer le sang s'il se retrouvait sur un album, mais en concert c'était beaucoup trop long et éprouvant. La suite ne fut pas nécessairement plus réussie, soyons francs, les riffs de Cisneros se réinventent de moins en moins. À ma grande surprise, ce douteux morceau fut le dernier du concert. Hey ho!? Avez-vous oublié le rappel? Savez-vous que vous avez composé des trucs fantastiques avant God Is Good, auriez-vous oublié? C'est alors que sans chance de rappel, Om quitta la scène et la foule resta sur sa faim. Qu'avions-nous fait pour mériter une aussi décevante soirée? Dieu seul le sait…
Crédits photos : Renaud Sakelaris
Chroniqueur montréalais pour Pelecanus depuis juin 2010 ayant participé à l'organisation de concerts ainsi qu'au défunt projet de webradio. |
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