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Holy Divide + Ghast + Tombs + A Storm Of Light 10/06/2011@ Katacombes, Montréal

Portrait de William
Holy Divide + Ghast + Tombs + A Storm Of Light 10/06/2011@ Katacombes, Montréal

La saison des concerts est bel et bien commencée à Montréal, une multitude de festivals fait rage actuellement dans la ville. Pour n'en nommer que quelques-uns, nous avons droit en juin au Suoni Per Il Popolo, aux Francofolies, au Fringe et à plusieurs autres organisations obscures qui se passeront de commentaires. La bonne chose c'est qu'à travers cette saturation d'événements nous retrouvons un rythme de concerts beaucoup plus pertinent qu'en hiver. La semaine dernière en est l'exemple parfait, puisque l'équipe de Pelecanus s'est glissée dans quatre spectacles différents pour votre plaisir. Nous allons vous épargner la tâche de lire quatre différentes critiques, vous aurez plutôt droit aux deux concerts qui se rapprochent davantage de notre ligne éditoriale.

Avant de commencer la décortication du fameux concert de Tombs aux Katakombes, je voulais remercier les excellents groupes Luther Higgs, Memories Of An Old Man, The Isosceles Project et Skurge pour le concert disjoncté qui a eu lieu au Piranha Bar mercredi et aussi à Xothogua, Old Wyoming et Ahna pour avoir fait trembler la Death Church le jeudi suivant. Comme vous le constatez, la scène locale est extrêmement active en ce début d'été et nous en remercions Dieu (ou Satan, libre à vous!). Cependant, l'événement majeur de la semaine prenait place en ce vendredi 10 juin, puisque nous assistions au retour de Tombs au Canada pour la première fois depuis leur passage avec Isis et Pelican en 2009. Par la même occasion, l'excellente formation américaine A Storm Of Light venait défendre sont nouvel album en première partie. La soirée était complétée par deux formations locales qui gravitent dans des extrêmes sonores totalement différents, Holy Divide et Ghast.



Le premier nom vous rappelle certainement quelque chose puisque nous avions eu l'honneur de les accueillir sur le Pelecanus Fest en mai dernier. Leur rock extrêmement lourd avait fait tourner bien des têtes lors de leur passage au Piranha Bar, mais malheureusement c'est devant une salle presque vide qu'ils ont eu l'occasion de remettre ça avec la foule montréalaise pour la première fois depuis le festival. Fidèle à leur habitude, ce détail n’allait pas les empêcher de démontrer tout leur talent. Le son était presque impeccable pour une fois et l'on pouvait entendre les voix de façon très claire. Le chant efficace de Dan fait toujours des ravages et sa gestuelle de vétéran du rock m'amuse toujours autant. Malgré le faible nombre de spectateurs, je crois que ceux qui ne connaissaient pas Holy Divide en ont eu pour leur argent. Le seul défaut du groupe est probablement le même depuis toujours : c'était extrêmement fort et nous perdions un peu la subtilité des instruments dans ce mur de son terriblement massif. Disons-le, entre tous les défauts du monde, c'est celui qui reste le plus agréable. Ne manquez pas la prochaine occasion de vous faire saigner les oreilles par Holy Divide au lancement du deuxième album de Barn Burner le 30 juin à la Sala Rossa en compagnie de Trung Hoa. On s'y voit très certainement!

Le moment qui me rendait le plus curieux de la soirée arrivait enfin, la présence sur scène des vétérans du Doom/Experimental/Noise (bref, choisissez ce que vous voulez) nommé Ghast, qui donnaient un concert pour la première fois depuis environ un an. C'était ma première expérience avec eux et disons que ce genre de musique ne court pas les rues à Montréal, alors j'avais de belles attentes. Le soundcheck semblait me donner raison puisque des sonorités très étranges émanaient de plusieurs pédales et instruments louches. Les choses se sont pourtant gâtées par la suite à cause d'un manque crucial d'ambiance, un éclairage beaucoup trop puissant et coloré pour un concert de ce style et enfin une présence sur scène quasi inexistante. L'envie de jouer ce concert semblait totalement absente et il faut dire que les nombreux problèmes de sons ne devaient pas aider à l'enthousiasme du groupe, je peux au moins reconnaitre cela. Pour le reste, je crois simplement que c'est le genre de groupe qui me fait planer sur album studio et qui me laisse de glace en concert. De plus, les projections préparées par le groupe ne semblaient pas fonctionner sur l'écran des Katakombes alors il ne restait qu'à fermer les yeux et laisser la lourdeur nous envahir. Une lourdeur extrêmement inégale qui nous envoyait par moment de petits éclats de génie, mais qui devenait extrêmement ennuyeuse à d'autres occasions. Personnellement, je dois avouer avoir eu beaucoup de mal à apprécier la voix du chanteur qui me semblait par moment beaucoup trop "Metal" typique, mais je ne peux pas lui en vouloir puisque son superbe t-shirt de Winter témoignait de ses bons goûts musicaux. Enfin, le groupe a joué sans émotions, simplement pour se débarrasser du set et pour aller voir le plus rapidement possible la présence du légendaire Keiji Haino dans le cadre du Suoni. Une décision que je respecte absolument puisque ce musicien japonais ne vient pas tous les jours se produire à Montréal, mais le booker n'a pas dû digérer cela d'une très bonne façon. Bref, Ghast est à revoir dans une meilleure ambiance, et en attendant je vais me contenter d'écouter leurs excellents albums.



Le clou du spectacle était à mon avis A Storm Of Light qui revenait pour la première fois depuis leur passage avec Wolves In The Throne Room en 2009. Je ne suis pas particulièrement fan de ce groupe, mais leur tout nouvel album "As The Valley Of Death Becomes Us, Our Silver Memories Fade" est sans doute l'un de mes favoris de l'année jusqu'à présent. Ne soyons pas dupes... ce groupe n'a absolument rien d'original, mais il sait reprendre à merveille des influences évidentes comme Neurosis, Isis, Minsk, etc. Avec le déclin des piliers du genre, je pense que c'est le moment ou jamais pour le groupe de Josh Graham de prendre une importante place dans la scène Post-Metal. Revenons-en au concert, qui commençait avec le titre "Missing" et qui démontrait que le groupe est cent fois plus lourd en prestation que sur disque/vinyle. Le trio était extrêmement puissant et l'on entendait bien la voix de Graham malgré ce mur de son. L'énergie était étrangement au rendez-vous, elle provenait en grande partie du bassiste qui était intense comme on le voit rarement de nos jours dans ce style de musique. Son T-shirt de Neurosis rappelant l'époque de Souls At Zero était parfaitement choisi et il semblait être possédé par une force que seuls les Scott Kelly de ce monde savent puiser au fond d'eux-mêmes.

La setlist fut plutôt facile à deviner, elle présentait les trois piliers du nouveau disque "Missing", "Collapse" et "Black Wolves" et nous avons eux la chance d'entendre deux plus vieilles pièces qui malheureusement ne me sont pas familières puisque je déteste tout ce qu’A Storm Of Light a fait avant. Vous seriez sans doute mieux placé que moi pour les reconnaitre. Ce fut à mon avis, l'une des meilleures prestations du genre en 2011, qui n'est pas extrêmement riche pour les fans de post machin truc, et qui aiment se taper des trucs plus lourds que Mogwai et Explosion In The Sky. Un gros high five à ce groupe sympathique qui a fait tourner bien des têtes aux Katakombes, à mon avis c'était ce groupe qui avait attiré la plupart des spectateurs pour la soirée.



À ce stade de la soirée, j'étais malheureusement sourd, la perte d'un bouchon rendait l'expérience un peu étrange. Pour retrouver mon équilibre auditif, je devais subir cette orgie sonore directement dans les cages à miel (célèbre expression de notre gouru Bakt El Raalis). Ce n'est certainement pas Tombs qui allait adoucir la soirée, leur black métal teinté de sludge et de hardcore était massif à souhait. Le chant clair de Mike Hill rend le son de Tombs absolument unique parmi les groupes de black actuel. Les ayant vus en 2009, lors d'une tournée pour leur tout premier album Winter Hour, je m'attendais à beaucoup de cette prestation. Malheureusement, je n'avais pas fait mes devoirs pour ce concert… Je n'ai même pas pris une petite heure pour écouter le tout nouveau "Path Of Totality" qui vient de paraitre et j'ai été pris à mon propre jeu puisque très peu de morceaux de la prestation étaient tirés de Winter Hour. Ceci étant dit, j'aurais malgré tout pu apprécier le concert, mais ce ne fut pas véritablement le cas. L'aspect monotone de leur black métal fut plutôt pénible à endurer en cette fin de soirée, malgré quelques titres qui avaient quand même de la gueule. Je crois que Tombs propose l'un des résultats les plus intéressants en black sur la scène américaine, sauf que ce n'est pas un style que j'apprécie nécessairement beaucoup. Du moins, les musiciens sont très terre-à-terre et ne ressentent pas le besoin de se costumer et de se maquiller pour produire leurs sons violents. Je ne serais sans doute pas resté pour leur performance si cela avait été le cas… Bon Dieu nous sommes en 2011 et cette époque doit évoluer.

Merci à Tombs (et à des groupes comme Nachtmystium, Twilight, Deafheaven, etc.) de faire évoluer la mentalité de ce genre musical et de rallier des mélomanes de plus à leur noble cause de tueur de chats noirs… c'est une blague, je vous aime les black métalleux!

Chroniqueur montréalais pour Pelecanus depuis juin 2010 ayant participé à l'organisation de concerts ainsi qu'au défunt projet de webradio.

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