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Greyfell + Salem's Pot + Monolord 27.02.2015 @ Heretic Club, Bordeaux

Portrait de Floriane
Greyfell + Salem's Pot + Monolord 27.02.2015 @ Heretic Club, Bordeaux

C'est avec beaucoup d'émotion que la team Pelecanus s'envole pour Bordeaux, assister à sa toute première Make It Sabbathy ! Très impatients, on n'a pu s'empêcher de passer à Glazart la veille, pour dire bonjour à nos amis des Stoned Gatherings qui recevaient les poulains de Riding Easy pour la date parisienne de la tournée. Un franc succès qui a placé la barre très haut et qui a méchamment aiguisé notre curiosité...

Changement de décor donc, ainsi que de public, et ce n'est pas pour nous déplaire (la pinte à 4,50€ est toujours appréciée à sa juste valeur). Reçus comme des rois par Claire et Mathieu, les organisateurs des Make It Sabbathy, c'est autour d'un bon gâteau au chocolat fondant que nous faisons connaissance avec les Greyfell juste avant leur set à l'Heretic. Une rencontre suivie de quelques mots échangés avec les Salem's Pot et les Monolord, pas peu fiers de constater qu'on s'est déplacés rien que pour eux. Mais tout le plaisir a été pour nous, car ils nous ont gratifiés de deux shows qui ont bourdonné pendant longtemps dans nos sensibles oreilles.

Le chant est remarquable par sa capacité à s'adapter à tous les caprices de la mélodie, cassant avec force une éventuelle monotonie.

Greyfell, le trio de originaire de Rouen ouvre la cérémonie. Fortement imprégné de la culture du Nord, Greyfell pose d'entrée de jeu ses bases profondes et sombres, tranchées par une voix percutante. Le côté redondant et psyché fait pencher le style dans le Doom, avec une pointe de Pagan pour le choix des paroles et la rythmique qui se fait la malle, de temps à autre, vers les lointaines contrées du Valhalla… A les écouter, j'imagine aisément une armée de Vikings quitter les terres scandinaves sur leur Drakkars pour aller piller les Angles. Le chant est remarquable par sa capacité à s'adapter à tous les caprices de la mélodie, cassant avec force une éventuelle monotonie. Greyfell fait preuve d'une évidente présence scénique, et ce malgré la difficulté que représente l'ouverture de la soirée.

Le set est résolument psyché à l'ancienne, si j'ose dire ; plus hypnotique qu'ensanglanté, plus Thin Lizzy qu'Electric Wizard.

Des deux shows de Salem's Pot auxquels j'ai pu assister dernièrement, j'ai pu constater une déception générale parmi les assistances. Un désappointement que je ne partage pas du tout. En effet la presse, ainsi que la maison Riding Easy, avaient dépeint le groupe comme étant plutôt déjanté et amateur de bizarreries malsaines ou de rituels macabres, directement inspiré des clichés Black ou Doom. Je ne contredirais pas le côté perché de nos cinq chevelus, qui n'ont pas hésité un instant à accepter les « cigarettes drôles » que le public leur a proposé. En revanche, je n'ai pas du tout retrouvé l'esprit doomesque présent sur ...Lurar Ut Dig På prärien, la galette qui a révélé Salem's Pot à mes tympans. Le set est résolument psyché à l'ancienne, si j'ose dire ; plus hypnotique qu'ensanglanté, plus Thin Lizzy qu'Electric Wizard. Voilà donc où se situe la déception pour une grande majorité. Ce côté dark seventies, bien qu’inattendu, me plaît bien. Il laisse la part belle aux longs solos qui pleurent tout en gardant les cervicales en forme, et met en valeur une voix maîtrisée par les reverbs.
La mise en scène elle aussi est remarquable et surprenante. Exit les masques aux visages informes, et place aux répliques de carnaval, un brin effrayantes.

Une extrême lourdeur déferle sur l'Heretic. Les frappes intenses de Esben Willems marquent les pulsations cardiaques de toute la salle.

Quelques bières plus tard, c'est dans une atmosphère taillée sur mesure que Monolord fait son apparition. Postés devant un mur d'enceinte et foulant un tapis de pédales, Thomas V Jäger et Mika Häkki entament les premières notes issues du LP Empress Rising. Une extrême lourdeur déferle sur l'Heretic. Les frappes intenses de Esben Willems marquent les pulsations cardiaques de toute la salle. Le son si particulier du trio s'installe avec assurance face à un public qui retient son souffle. Audhumbla et Icon me transportent très loin ailleurs. J'entends encore la distorsion de ces morceaux plusieurs jours après… En dépit de la qualité indiscutable de ces compos Doom, ainsi que de la signature si personnelle que Monolord a su graver dans le genre, le groupe s'illustre également par le plaisir communicatif qu'il affiche tout au long de son set. Ils rient avec nous des incartades dans le public, discutent avec le premier rang ou tentent une percée slam sur une « foule » plutôt restreinte (bien que compétente!). Leur premier fan n'est autre que le chanteur de Salem's Pot, démasqué, qui s'égosille dans le front raw. Jolie référence. Et cette reprise de Fairies Wear Boots de Black Sabbath... Un délice ! Ma préférence toutefois, reste Empress Rising, le titre qui porte le nom de leur premier album et qui clôt la soirée. J'aurais parcouru l'hexagone dans tous les sens pour les entendre le jouer.

C'est donc sur une note plus que positive que se termine ma première Make It Sabbathy. Toujours dans une ambiance très chaleureuse, une poignée de spectateurs se portent volontaires pour aider les groupes à charger leur camion.

Salem's Pot et Monolord sont très intéressés par notre avis sur le show et veulent à tout prix savoir lequel de Paris ou de Bordeaux on a préféré. Bien évidemment, la vérité n'éclatera jamais au grand jour car c'est le rôle de la légende… Tout ce que je peux dire c'est que les deux déplacements valaient le coup !

Paris n'a plus le monopole de la bûche… Longue vie aux Make It Sabbathy !

 

Crédits photos : Patrick Baleydier

Journaliste - rédactrice, à l’affût des nouveautés rockailleuses venues du désert et d'ailleurs...

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