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Ghost + Blood Ceremony + Ancient VVisdom live 21/01/12 @ Théâtre Corona, Montréal
Il y avait comme un air de cérémonie œcuménique en ce froid samedi de janvier au théâtre Corona de Montréal. Était attendue la tournée nommée "13 dates of Doom" embarquant en son sein 3 groupes ayant tous plus ou moins comme point commun un côté foutrement maléfique. Que ce soit le dieu du mauvais goût pour Ancient VVisdom, les dieux paganiques pour Blood Ceremony ou le dieu du mal des judéo-chrétiens, Satan, pour Ghost. Crédits photos : François-Carl Duguay
Précisons que la soirée a pu avoir lieu à Montréal grâce à l'association d'Evenko/Heavy MTL/Greenland, emmenant donc une foule brassée de jeunes comme de vieux metalleux que l'on pourrait croiser au Heavy MTL mais aussi une dose de curieux du son (ou "music nerds") venus voir avec grande curiosité quel était ce groupe avec un pape maléfique et ses 5 prophètes encapuchonnés. Il est à noter que le groupe a cette particularité propre de fédérer plusieurs aspects et scènes du Rock avec un balancement incroyablement bon, et vit actuellement une incroyable et rapide ascension dans la scène.
Nous arrivons donc dans le quartier qui est plutôt isolé des coins habituels pour les concerts à Montréal, mais pas forcément très loin d'une station de métro, ce qui est plutôt appréciable un soir de janvier. Le temps de prendre un café dans une cantine familiale du coin et d'y croiser Ancient VVisdom se pourrir les entrailles à coup de poutine locale, nous arrivons bien en avance dans le magnifique théâtre Corona. Attention, quand je dis magnifique c'est pas du flan, on est en présence d'un lieu qui s'avère être LE lieu pour Ghost. Une fresque occupe le plafond avec des anges qui semblent jouer une douce mélopée, j'imaginais déjà à la fin du concert les mecs de Ghost ayant pris la place de ces blancs-becs asexués. L'endroit s'avèrera être aussi muni d'une acoustique particulièrement agréable après le passage des 3 groupes, la note parfaite donc pour le spot.
Après une bonne demi-heure d'attente Ancient VVisdom entre en scène avec une configuration qui de suite pique ma curiosité. De gauche à droite nous avons un guitariste acoustique, un bassiste, le chanteur qui officiera aussi aux percus et un guitariste avec une "magnifique" BC Rich, tout ça créant déjà une sorte de malaise sur le plan de la cohésion visuelle, mais après tout ce n'est pas pour ça qu'on est là. Malheureusement ce malaise visuel et humain se reflètera parfaitement sur les compositions du groupe qui s'attire de suite les adjectifs suivants : immature, ennuyeux, banal et j'en passe. J'en aurais presque souhaité qu'ils aient chopé un staphylocoque à la cantoche tiens. Tous les morceaux sont ponctués de coups de tom bass/charley bien trop redondants, de riffs électriques pas folichons ainsi que d'une guitare acoustique dans les choux. Le summum du ridicule sera atteint lorsque le chanteur décidera de sortir une chaîne (ouais, genre celle que t'utilises pour attacher ton vélo quoi) pour taper plus qu'aléatoirement sur les cymbales en bafouillant des trucs "trop maléfiques". Bon. Ok. Suivant.
Évidemment je suis plein de préjugés et sachant que Blood Ceremony (tout comme Ghost) ont été conviés au Roadburn Festival en 2011 cela me fait beaucoup plus saliver les oreilles. Les membres de Blood Ceremony, originaires de Toronto, entrent donc en scène. De suite une charge de testostérone se dégage de la foule, la chanteuse/flûtiste/claviériste du groupe a décidé de faire péter le combo short moulant/collants/semelles compensées (c'est tout de suite plus agréable que le guitariste d'Ancient "Boredom" et son maquillage qui lui pissait des yeux). Le groupe nous sort définitivement un bon vieux son doom de chez papa, l'apport original sera ici la flûte traversière de la chanteuse rajoutant définitivement une petite touche prog' au tout mais qui malheureusement ne donnera pas le plaisir trouvé sur album, tout simplement parce que celle-ci n'est pas mixée aussi finement, ayant ici un son trop présent et clair pour s’immiscer dans les montées instrumentales. Le deuxième tout petit hic viendra aussi de la présence scénique de la chanteuse qui, malgré ses efforts, n'arrivera pas à si bien remplir l'espace et à soulever la foule tant que ça. Une petite salle aurait certainement changé l'approche. Mis à part ça, le groupe reste relativement agréable en live, se reposant principalement sur de solides musiciens niveau basse, guitare et batterie. Conseil : jetez quand même une oreille sur l'album "Living With The Ancients" sorti en 2011, ça vaut sympathiquement le détour.
Le set de Blood Ceremony se termine, le rideau, jusqu'ici inutilisé, tombe. Rien qu'avec ce geste anodin Ghost nous annoncent la leçon de rock'n'roll qu'ils vont nous inculquer. Tout sera ici utilisé pour nous transporter dans un spectacle musical et diabolique où chaque chose sera opérée avec malice. L'anté-pape rentre sur scène à 22h00 piles sur le morceau instrumental et terriblement glauque de Jocelyn Pook "Masked Balls" (aussi utilisé dans Eyes Wide Shut et tiré de l'album Flood que je ne vous conseillerais que trop d'écouter). Une lumière rouge sang illumine le chanteur qui fait basculer un encensoir d'avant en arrière, aucune idée de ce qui brûle dedans mais ça sent le vieux, l'église. L'odeur est aussi glauque que toute la mise en scène. Le rideau arrive en haut et de grands vitraux avec le diable sous 3 illustrations différentes se présentent à nous. Le décor est planté: je vais vivre 45 petites minutes de terreur avec un sourire jusqu'aux oreilles. Le groupe commence classiquement par Con Clavi/Con Dio et son refrain en italien, ils enchaîneront rapidement sur différents titres d'Opus Eponymous : Elizabeth, Prime Mover, Stand by Him, Death Knell puis Satan Prayer pendant lequel "popa" prend le temps de demander des acclamations au public pour chacun des musiciens présents sur scène. Viendra ensuite le temps du morceau instrumental "Genesis", pendant lequel le chanteur se tient très statiquement en arrière, scrutant la foule tel une statue dans cette chapelle d'un soir. Retentira ensuite l'excellente reprise des Beatles "Here Comes the Sun" lors de laquelle la foule aura bien du mal à chanter lors du pont quand le chanteur le demandera (prenons pour alibi que le morceau n'est pas présent sur l'album). Pour clôturer la soirée, "Ritual" résonnera jusqu'à ce que le chanteur aille faire boire du vin à quelques personnes sous une pluie de pétales de fleurs au premier rang (certainement des chrysanthèmes...).
La foule tape des mains et scande le nom du groupe qui a déjà disparu derrière un rideau en dessous duquel semblent rougir les flammes de l'Enfer. Ce sera tout pour ce soir. Tout ce que nous pouvons dire c'est que le set était bien trop court (mais ceci est d'une logique sans faille puisqu'ils n'ont qu'un seul album au compteur) et qu'ils ont méchamment assuré. Ghost est définitivement un groupe à part, autant sur son parcours que sur ce qu'il est capable de créer, sur album ou sur scène. Comme le stipule cet excellent article du blogue Invisible Oranges, Ghost est certainement en train de devenir plus qu'un hymne aux classiques du rock comme le sont Iron Maiden ou Alice Cooper pour ne citer qu'eux, ils sont tout bonnement en train de rentrer dans l'histoire. À ne surtout pas manquer si ils passent près de chez vous donc.
Photographies argentiques par François-Carl Duguay
Créateur de @Pelecanus_net + Drupal-maniac + Fils de l'internet + Amateur de culture ALT | PGP: 0x38FB7439 |
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