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Dopethrone + Gurt + Fange 07/07/2014 @ Glazart, Paris
Par un mois de juillet pluvieux, alors que la dépression post Hellfest plane encore sur les esprits, rien de tel qu'une bonne soirée sludge pour positiver. C'est dans la moiteur familière du Glaz'Art que les Stoned Gatherings remontent le moral des troupes. Même si l'effet met un moment avant de se faire sentir, le résultat est là.
Habituellement lorsqu'on a du mal à définir le style d'un groupe, c'est souvent que les inspirations sont variées, donc riches. C'est le cas pour Fange, les influences sont nombreuses. Dommage qu'elles soient si floues et si malencontreusement mélangées. Lorsque le frontman ose un timide « salut, on s'appelle merde » je ne peux m'empêcher de penser « c'est pas moi qui le dis ». Le son du trio est totalement déstructuré ; parfois ultra rapide, voire proche du speed, parfois lent et pesant comme du doom. La suite est juste inqualifiable, le set ne s'homogénéise à aucun instant. On cherche désespérément une cohérence qui n'arrive pas. Il est impossible de hocher la tête tant le rythme change… Conséquence immédiate : le premier rang se vide avec dépit pour emplir bar et fumoir. Bref, un prélude sans grand intérêt.
Le sludge explosif des Anglais de Gurt réjouit le Glaz'Art en moins de deux accords. Affublé d'un fort accent britannique (et de l'humour qui l'accompagne), le frontman Gareth Kelly vante les mérites de ses prédécesseurs et incite le public à les applaudir. Joli geste. Le gentleman est très communicatif et charismatique. Il ne manque pas une occasion pour tailler le bout de gras avec une salle qui commence sérieusement à chauffer. Après quelques éclats de rire machiavéliques, il propose un petit circle pit. Le Glazart a enfin atteint sa température de croisière, et ne se fait pas prier... Tantôt lourd, tantôt groovy, le son de Gurt est bien particulier. Il ressemble à du heavy malsain mais enfumé. Une sorte de blues couillu hautement saturé. Comme pour toutes les bonnes références, il y a un peu de tout et un peu de rien. C'est subtil, on se laisse porter, la nuque se dévisse toute seule : c'est le pied. Le quatuor interprète un magistral Rock'n'Roll de Led Zeppelin avant de s'éclipser. Gurt a l'immense privilège de voir fleurir quelques « cœurs avec mains » dans les premiers rangs. Beaucoup sont ceux qui quittent le concert le sourire aux lèvres... et j'en fais partie !
Attention, au Québec ça blaste dur, et c'est pas Dopethrone qui dira le contraire ! Face à un public proche de l'éruption, le trio se la joue punk à chien en lançant des « please do drugs » à tire larigot. Les petits protégés de Totem Cat Records revendraient de la weed dans le Bayou que ça n'étonnerait personne. Il faut voir Vincent Houde écarter ses immenses dreads pour scruter curieusement la salle avant de proférer de sombres incantations. Les riffs qui les accompagnent sont cadencés par un flow exigeant et écorché. Chaque passage est empreint de sorcellerie et de blues : Dopethrone est aussi sensuel que maléfique. On pense immédiatement Electric Wizard ou Weadeater, voire les deux en même temps ! Le Glaz'Art, conquis, s'esclaffe à chacune des incartades à base de drogue et d'yeux écarquillés du frontman. Lorsque résonne un « vous inquiétez pas la prochaine ne parle pas de drogues », on anticipe aisément le « nan j'déconne » qui suit… Les oreilles ont beau être chatouillées par les vannes fécondes des Québécois, elles prennent cher. Le quintet exécute son set avec aisance, sans se laisser déconcentrer par le guitariste de Fange qui s'incruste sur scène pour titiller la cymbale de la batterie. La soirée s'achève sur la reprise de Bill Withers, Ain't No Sunshine. Il n'y a effectivement aucune lueur d'espoir et les paroles prennent réellement tout leur sens. L'interprétation est osée mais fonctionne parfaitement. Le titre phare du combo est acclamé par la masse de fidèles entassés avec conviction, et qui peine à quitter le lieu. Encore une soirée Stoned Gatherings de haut niveau !
Crédits photos : Patrick Baleydier
Journaliste - rédactrice, à l’affût des nouveautés rockailleuses venues du désert et d'ailleurs... |
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