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The Old Wind - Feast on your Gone (2013)

Portrait de Fred Nvrd
The Old Wind - Feast on your Gone (2013)

Peut-être ai-je usé 3 platines CD sur mes albums de Breach, ou 4... Je ne sais plus.... Aussi, lorsque la nouvelle du retour de Tomas Liljedahl, chanteur et fondateur de l'un des groupes les plus influents dans le monde du hardcore moderne, est parvenue à mes oreilles, mon sang n'a fait qu'un tour. Excité comme une puce un jour de foire canine, je piétine, je grogne, je bave, je saute partout, intenable, le poil dressé et la truffe au vent guettant la direction par laquelle arrivera ce "Feast on your Gone".

Mon appréhension n'est pas négligeable, que contient donc cet album, vais-je être déçu ? Y retrouverai-je tout ou partie ce qui a fait de Breach le groupe le plus marquant dans ma discographie personnelle ? Que sont devenus Tomas et ses comparses du Nord pendant toutes ces années ? Pourquoi a-t-il fallu que ce foutu groupe disparaisse ? Je les hais et je les adulent en même temps, conscient que cette dualité fait de l'entité suédoise un repère indéniable dans ma vie de musicien et de passionné extrémiste du metal et harcore alternatif.

"In Fields" ouvre la marche, une voix d'enfant pendant quelques secondes et là, magistrale, dantesque, la première mesure me colle des frissons, ils sont revenus, aucun doute à avoir, l'univers breachien n'est pas loin voire même tout près. Je suis tremblant (sincèrement) et je dévore ce premier morceau comme un cognac de 15 ans d'âge. Mid-tempo lancinant et massif, riff chargé de rage, de contemplation et d'émotions, mix de sludge, de noise et la voix si particulière de Tomas Liljedahl, cette marque de fabrique identifiable parmi toutes les autres. Sa prosodie est la même, sa tonalité n'a pas changé, sa façon d'écrire les textes non plus. Lettre ouverte à ses angoisses les plus noires, aux réflexions les plus intimes quant à son rapport au monde, morbide mais pas dénué d'espoir parfois et pourtant si peu.

"I'm Dead" poursuit le chemin entamé sur ce premier album de "The Old Wind", preuve que le questionnement du chanteur sur un possible espoir est vite déchu. Toujours cette capacité à enfiler des riffs mid-tempo d'une masse émotionnelle suffocante. Ecorché, arraché, l'univers de TOW est un tableau sanglant, scarifié par les démons intérieurs de Sir Liljedahl. Cette cohésion que l'on retrouve tout au long de l'album s'explique sans doute par le fait que cette oeuvre est le résultat du travail d'une seule et même personne qui a tout composé et enregistré. Et là, la claque est d'autant plus magistrale que la production est tellement adaptée au contenu que je ne peux qu'être en admiration totale devant "Feast on your Gone".

Les perles musicales s'enchaînent, je ferai une réécoute d'emblée deux ou trois fois à la suite de "The Old Wind" qui est, pour moi, la pierre précieuse de cet album. La sincérité qui se dégage de ce morceau m'arrache littéralement tripes et boyaux. Mon intégrité physique ne reviendra qu'à la fin, mon coeur ne retrouvera qu'un rythme régulier qu'un long moment après. Mais ma séance délicieuse de torture ne s'arrête pas là, "Spears of a thousand" et "Reign" termineront de m'achever dans une merveilleuse mélancolie accompagnée par ce sentiment incroyable d'avoir fait un saut dans le temps.

Projet studio à la base, TOW sera finalement un groupe puisque Tomas Liljedahl rassemblera une bonne partie du line-up de Breach accompagné par Robin Staps (The Ocean) en troisième guitare. Il est fort possible que je fasse plusieurs centaines de kilomètres si nécessaire pour voir TOW en live tellement ces morceaux doivent être titanesques sur scène. L'expérience ne peut qu'être unique et inoubliable.

"Feast on your Gone" est sans aucun doute l'un des albums de l'année 2013 avec "Vertikal" de Cult of Luna. Un album noir et mélancolique, violent et viscéral. Jetez-vous dessus !

The Old Wind - Feast on your Gone (2013)
The Old Wind
Feast on your Gone
In Fields
I'm Dead
Raveneye
The Old Wind
Spears of a Thousand
Reign
Chroniqueur, amateur des musiques "extrêmes", des arts alternatifs et de la contre-culture.

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