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Roadburn 2011 : Journal de bord jour 04 - Le chant du Cygne
Après avoir vu autant de groupes en trois jours, voilà que le Roadburn nous assène le coup final directement sur la mâchoire. Cette troisième journée proposait des groupes absolument divins et nous allions avoir la chance de conclure le tout sur une performance haute en couleur des légendaires Swans. Par contre, notre périple commença beaucoup plus tôt au MIDI Theater pour l'une des performances les plus spectaculaires de tout le festival.
En effet, les Maîtres Musiciens du Bukkake (j'adore traduire ce nom) nous réservaient une longue prestation ornée de décors impressionnants. Vous l'aurez deviné tout cela sur une thématique orientale et psychédélique comme ils savent si bien le faire. Mon penchant pour la musique orientale est actuellement comblé puisque je reviens tout juste du concert de Grails, soyez sans crainte je vous réserverai une critique de ce superbe moment dans les prochains jours. Revenons-en à cette sublime prestation qui a ouvert le jour 3. Il n'est pas étonnant que ce groupe soit excellent puisqu'il contient des musiciens de grande renommée qui ont œuvré avecSecret Chief 3 et Earth. Le résultat était pour le moins massif, frôlant le drone par moments avec des sonorités puissantes tirées d'instruments que je ne saurai même pas vous nommer. L'intensité était à son maximum puisque l'un des musiciens a même brisé l'immense corne tibétaine qui faisait plusieurs mètres de long. Il a ensuite eu l'idée folle de lancer la corne dans la foule pour lui faire faire du bodysurfing… une idée qui ne semblait pas plaire aux autres musiciens. Il n'eut pas le choix de renoncer vu le nombre de personnes qui s'élevait contre lui, puisque Master Musicians Of Bukkakecomporte beaucoup trop d'instruments. Deux batteurs, deux à trois guitares, un bassiste, un claviériste, un violoncelliste et un chanteur extrêmement louche et divertissant. Je vais laisser les photos parler par elle-même dans son cas, il n'y a pas mieux que les images pour décrire cette étrange entité blanche aux lunettes de conducteur de camion lourd. Je me suis littéralement laissé séduire par cet excellent groupe, je rêve déjà au moment où ils passeront par Montréal pour faire une date. Je réserve déjà mon billet et je vous recommande de ne pas manquer cela si vous êtes en Europe actuellement.
Aussitôt le premier groupe terminé, la démolition doom/sludge commençait dans cette même salle! Les sympathiques Rwake ont foulé les planches de la salle pour nous proposer un sludge à saveur très planant. Sur album je dois m'avouer vaincu, je suis un fan absolu de Rwake. Sauf que durant le concert, il y avait un manque total de profondeur au niveau du son. Tous les éléments que j'appréciais sur album semblaient avoir disparu au profit d'une dualité de chanteur/chanteuse qui prenait toute la place. À vrai dire, je n'avais jamais remarqué que sur album il y avait deux personnes qui s'occupaient simultanément des voix, honte à moi puisque la surprise aurait été moins ardue avec cette connaissance en tête. Ma conclusion pour Rwake c'est que j'adorerais les revoir dans une petite salle avec un son bien crasseux, sauf que dans un Roadburn devant mille personnes… il n'y avait aucune logique.
Deuxième étape de la saga doom/sludge, j'ai nommé les infâmes "Mangeurs de Weed"! Cette fois c'était au Main stage et la salle était remplie, tout le monde semblait excité par la prestation de ce trio complètement disjoncté. Il faut dire que l'absence de Buzzov-en contribuait encore plus au succès deWeedeater, puisque ceci s'avérait être la seule possibilité de voir l'étonnant et toujours très saoul Dave Collins en prestation. C'est avec l'énormissime God Luck And Good Speed que la formation amorça sont carnage, le son était parfait et le batteur impressionnant. Il matraquait son instrument du haut de ses 400 livres de bonne graisse américaine. Le trio était complété par le guitariste qui était beaucoup trop tranquille dans son coin pendant que Dave s'éclatait au chant et à la basse. Je crois l'avoir vu ingurgiter environ 5 bières et 5 verres de whisky en une heure, je ne comprendrai jamais comment il a pu terminer la prestation encore debout. Weedeater était la claque du festival jusqu'à présent et c'était la première prestation où je voyais la salle remplie du début à la fin. Encore une fois, j'ai compris que nous ne pourrons jamais les voir au Canada, avec leurs gueules de tueurs en série il n'y a vraiment aucun espoir… C'est avec l'ultime classique Weedmonkey que le concert se termina dans une ambiance sludge parfaite. Il fallait ensuite aller à la prochaine étape du marathon doom/sludge que me proposait cette journée!
Cette fois je me rendais à la Green Room pour voir les terribles Ramesses, malheureusement à cause d'un moment d'égarement inexpliqué je suis arrivé beaucoup trop tard dans la salle. Il n'y avait même plus de place pour respirer dans la pièce, j'ai voulu tenter ma chance malgré tout sauf que la situation devenait pénible. J'aurai préféré être coincé entre deux jolies demoiselles hollandaises… sauf que c'était loin d'être la réalité. Je me trouvais plus particulièrement prisonnier entre les fans de doom les plus crasseux de l'histoire de la musique… Malheureusement pour vous, j'ai décidé de quitter la pièce et de bien m'installer pour voir Shrinebuilder prendre possession du festival!
Vous serez d'accord avec moi, il n'y a aucun "supergroup" qui propose un aussi bon line-up que celui-ci. Réunir Neuroris, Melvins, Sleep et Saint Vitus était l'idée la plus loufoque de l'histoire de la musique moderne. Cela importait peu, puisque de toute manière nous avions le résultat en pleine gueule. Les quatre musiciens semblaient plus gros que jamais sur scène et le décor massif inspiré de la pochette de l'album contribuait à l'ambiance hypnotisante du moment. C'est avec une introduction longue et lancinante que le groupe nous amena jusqu'à Solar Benediction. La puissance était au rendez-vous et le résultat s'avérait plus lourd que je le croyais, tout cela même si les musiciens ne semblaient pas nécessairement heureux de se retrouver au Roadburn. D'ailleurs, il ne faut pas se cacher que plusieurs erreurs ont été commises sur l'aspect musical, il semble évident que certains musiciens considèrent Shrinebuilder comme un projet secondaire. Notamment, Scott Weinrrich qui avait du mal à chanter dans son micro sans regarder sa guitare, il coupait même certains segments vocaux pour se concentrer sur son instrument… Dale Croversemblait le plus motivé derrière sa batterie et il en mettait parfois trop sur l'aspect énergie. La différence de mentalité et d'attitude fut le seul inconvénient du concert, parce que sinon tout était au rendez-vous. Nous avons eu droit à de nouveaux morceaux extrêmement efficaces et la présence de presque tous les classiques de leur album éponyme. Le moment fort de la soirée fut sur la très planante Blind For All To See, elle réussit à me faire voyager à chaque fois et ce n'est pas au Roadburn que cela allait changer. Globalement leur prestation fut un bon moment, mais Shrinebuilder reste un groupe où la légende dépasse quelque peu la réalité. C'était tout à fait impressionnant de voir cette belle brochette sur scène, sauf que ce ne fut véritablement pas l'un des moments forts de ce festival.
Le temps passait terriblement vite et nous allions malheureusement avoir notre dernier choix à faire…Ufomammut ou Swans pour clôturer la soirée? Je ne pouvais pas demander mieux comme choix final, l'album Roadburn de l'année performer en intégralité par Ufomammut ou les légendes vivantes de Swansque j'avais manquées à Montréal en 2010. En tant que bon membre du Pelecanus.net, j'ai choisi de suivre les autres collaborateurs et de voir le groupe de Michael Gira pour ce dernier moment au festival. La surprise était de taille, bien des rumeurs étaient venues à mes oreilles concernant la lourdeur de Swansen concert… et elles se sont toutes avérées réelles. La force de frappe des deux batteries mixées aux sonorités puissantes des guitares rendait l'expérience très massive. Pratiquement trop pour ma petite tête de festivalier épuisé, l'écoute de Swans me faisait littéralement mal au crâne. Toute cette lourdeur et cette négativité n'avaient rien de plaisant à ce moment du festival. Le manque d'entrain des musiciens et l'attitude extrêmement déplaisante de Michael Gira n'aidait pas à ma motivation pour terminer le concert. Je me suis donc recroquevillé par terre en fermant les yeux dans le fond de la salle pour terminer d'écouter les Swans. Je ne regrettais pas mon choix de salle, mais je constatais que Swans se savoure vraiment mieux durant un concert isolé qu'à la toute fin de festival comme celui-ci. Les décors et jeux de lumière étaient absents et l'on n’avait rien à se mettre sous la dent sauf une masse épaisse de son qui provenait de l'un des groupes les plus lourds que j'ai eu la chance de voir de ma vie. Vous comprendrez sans doute pourquoi je suis négatif si vous regardez certains vidéos sur le web où il est possible de constater que la chimie entre les musiciens est totalement nulle. Dès que les Swans jouèrent leurs dernières notes, la foule se pressa pour sortir. Mon état mental ne me permettait plus d'entendre une seule chanson et je crois que c'était le cas de tous les fans présents. Étrangement, c'est devant une salle pratiquement vide que le groupe revint pour un rappel quelques minutes plus tard. Malheureusement, j'avais déjà un pied de posé en dehors de la pièce et l'effort d'y retourner semblait trop pénible alors c'est sur cette étrange note que se termina le Roadburn 2011. Ce fut un concert d'une très grande qualité musicale, mais qui m'a irrité au plus haut point.
Demain, vous aurez droit à la dernière portion de notre retour sur le Roadburn et un sympathique top 5 de la part des gens qui ont fait le voyage avec nous. C'est à ne pas manquer!
Chroniqueur montréalais pour Pelecanus depuis juin 2010 ayant participé à l'organisation de concerts ainsi qu'au défunt projet de webradio. |
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