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La Querelle + Esker Mica + Kimika 07/08/10 @ Il Motore, Montréal
Quoi de mieux qu'un samedi soir montréalais pour se changer les idées? La réponse est simple, un samedi musical avec une thématique Post-rock! En effet, c'est en fin de semaine dernière que trois groupes québécois foulèrent la scène du Il Motore sur Jean-Talon. Ce n'était pas nécessairement trois formations qui proposaient du post à l'état pur, mais ce n'était pas une raison pour ne pas s'y intéresser. Le concept de la soirée était bien simple : c'était le lancement du tout premier album de La Querelle (anciennement Issue Sixteen) intitulé ''Welcome To My Battleship''. Pour l’occasion le groupe avait décidé d'inviter deux excellentes formations de Montréal, soit Esker Mica et Kimika, un groupe qui nous est plus familier puisqu'il se retrouve dans une de mes critiques précédentes. J'avais donc très hâte de voir ce que le groupe nous réservait pour cette deuxième rencontre.
Le tout commença vers 21h00 avec Esker Mica devant une salle très bien remplie. Il était désormais clair que la soirée allait être un succès au niveau de l'assistance et la foule grandissait tout au long de la soirée. C'était pour eux de bonnes conditions pour lancer les hostilités. De plus, leur rock avait tout pour charmer le public du Il Motore. Je sentais une profondeur émotionnelle et musicale bien mature pour un groupe qui m'était encore inconnu. L'apport d'un claviériste et d'une guitare sèche m'a grandement surpris et m’a fait quitter les sentiers que je prends habituellement en concert. La douceur musicale était très attirante, mais il ne faut pas négliger les passages où le groupe se laisse plus de liberté et plonge dans des cadres légèrement plus Post-rock. Ce furent les moments qui me plurent le plus lors de leur prestation, car on y sentait une lourdeur qui faisait contraste avec ce qu'on entend habituellement dans le même genre.
Ce qui me surprit cependant le plus fut l'utilisation du français pour leurs textes. Je suis toujours fier quand un groupe décide d'opter pour notre belle langue française et j'étais heureux de voir qu'Esker Mica le faisait avec une aisance déstabilisante. Les paroles sont bien structurées et surprenantes, l'album que je me suis acheté lors du concert passe en boucle chez moi depuis ce temps. C'est sans contredit la formation qui a le plus retenu mon attention depuis le lancement. Je vous invite d'ailleurs à passer par le http://eskermica.com/ pour télécharger leur dernier EP ''Infanterie Frantôme'' qui est totalement gratuit.
Kimika monta ensuite sur scène pour nous présenter son Post-rock instrumental très peaufiné. La foule était beaucoup plus compacte et l’on sentait l'engouement pour le groupe qui roule sa bosse depuis quelques années dans la métropole. Le groupe entama d'une très agréable façon le concert avec la pièce 'Octobre'. Par conséquent, plus le concert avançait, plus on remarquait que la batterie de Mathieu ne tenait pas du tout le coup face à ses martèlements violents. L'instrument ne lui appartenait pas et c'était assez évident qu'elle n'était pas adaptée à sa technique de jeu. Les cymbales tombaient aux moindres coups vigoureux et la base de la batterie avançait fréquemment lorsque la pédale était utilisée. C'était le concert le plus hostile qu'il avait livré de toute sa carrière, mais étonnement Kimika a réussi à faire son set en entier.
Ce fut une performance de trente minutes un peu moins percutante que lors de leur passage à l'Esco en juillet. La situation déstabilisante du batteur rendait les musiciens inconfortables et l’on s’apercevait qu'une crainte planait tout au long de la prestation. Quand les musiciens ne peuvent pas entrer dans leur musique entièrement, l'effet est le même dans la foule. Cependant, on ne peut pas en vouloir au groupe puisqu'ils ont affronté avec courage une situation où bien des bands auraient pété les plombs. J'ai été captivé de suivre le dénouement de leurs péripéties et j'ai été grandement surpris par leur ténacité et leur professionnalisme. Je n'ai rien à redire du reste des instrumentations, c'était bien reproduit et la guitare de Vincent avait un son que je trouvais plus lourd que lors du passage à l'Esco. On percevait une sonorité moins propre et c'est une chose qui me plait bien habituellement. Kimika reste évidemment une formation à surveiller et je vous conseille de ne pas manquer le prochain concert puisque le groupe nous réserve une petite surprise. Soyez donc au rendez-vous!
Le clou du spectacle approchait à grands pas, on avait bientôt droit à la tête d'affiche qui nous présentait son nouveau disque en intégralité.
Après avoir été généralement dans le milieu punk/ska, la plupart des membres du groupe avaient envie d'un renouveau musical. C'est finalement vers une approche Post-rock très mélodique que La Querelle a fixé son choix. Le chant de Mathieu apporte évidemment une approche plus Pop bonbon au résultat final, mais rien ne les empêche de se taper d'excellents délires à la guitare ou encore des murs de sons typiquement Post-rock. Sur les cinq membres, on compte trois guitaristes alors ce ne sont pas les possibilités qui manquent. La lourdeur de leur concert provenait de cet atout très intéressant, j'ai été agréablement surpris des segments instrumentaux et j'ai finalement adoré leur prestation en grande partie à cause de cela.
Un autre détail avait aussi attiré mon attention : la fougue du chanteur/guitariste Mathieu Lachapelle. Il dominait la scène à lui seul et semblait très habité par sa musique, se livrant à une performance qui frôlait la transe. Son chant clean n'est certainement pas le genre de chose que j'écoute régulièrement, mais il a su me divertir beaucoup plus que je ne l'aurais cru lors du concert. Malgré une musique très différente, on sentait encore tout le bagage punk que les musiciens trainaient avec eux. Sur l’aspect divertissement, c'était de loin la meilleure formation de la soirée. L'entrain et la joie étaient visibles chez tous les membres, ce n'était pas difficile de se motiver avec une salle aussi bien remplie et chaleureuse. Ils ne se sont pas cachés pour dire que le lancement dépassait toutes leurs attentes. Même malgré quelques problèmes ici et là, par exemple la guitare de Mathieu qui décide de rendre vie en plein concert, on a senti la foule toujours derrière le groupe et l'énergie ne s'essoufflait ni sur la scène, ni chez les spectateurs. C'est avec une finale complètement délirante de la pièce ''Montreal, Montreal'' que le concert se finit en beauté. Ce fut un pur délire de plusieurs minutes très noise rock, j'en ai vraiment eu plein la vue. Je suis resté étonné et surpris par une reproduction si intéressante de leur matériel studio. Je crois que La Querelle livre d'excellents concerts, c'est l'idéal pour apporter des copains qui commencent dans le genre post-rock et qui désirent un bon compromis entre l'accessibilité et l'expérimentation.
Je désire vous informer qu'un dernier concert aura lieu avant leur départ pour l'Europe. Il aura lieu le samedi 21 août au Pub Saint-Maurice à Repentigny. La Querelle sera accompagnée du groupe The Wooden String et plusieurs autres invités à venir. Pour nos lecteurs européens, sachez qu'ils seront de passage à Liège en Belgique le 10 septembre et à Paris le 11 septembre. Jetez un oeil à leur matériel et allez encourager les artistes québécois, ils ont bien besoin de votre soutien. La Querelle autofinance sa tournée alors, il est important de ne pas les laisser tomber!
Chroniqueur montréalais pour Pelecanus depuis juin 2010 ayant participé à l'organisation de concerts ainsi qu'au défunt projet de webradio. |
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