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Dâm-Funk - Invite The Light (2015)
Au contraire de Warner Bros et Paisley Records qui forcèrent Prince a réduire son triple album à un double album appelé Sign of the times, Stones Throw ne contredit pas ses artistes et sort donc aujourd’hui le triple LP de Dam Funk constitué de 20 morceaux. Un disque que le musicien considère être son premier album après avoir mis six ans à le composer et avoir sorti divers projets, dont un quintuple LP en guise d’introduction ! On n’arrête pas les génies et ça, Stones Throw le sait bien pour avoir abrité J Dilla et continué de sortir les disques de Madlib.
Dam Funk (aka Damon Riddick), comme son nom l’indique joue du funk. Plus que cela, le funk l’habite. Le funk est plus qu’une musique, c’est un état d’esprit selon le musicien et le musicien Walter « Junie » Morrison (ex. Ohio Players), la voix de l’introduction du disque, le confirme avec l’assurance d’un vétéran venu introduire les nouveaux venus sur le chemin d’une quête initiatique. Faut dire qu’avec une heure et demi de musique au compteur, Invite the light demande beaucoup de ses auditeurs mais offre énormément en retour.
Le funk de Dam Funk c’est celui de Steve Arrington (ex. Slave), de Prince, de Parliament ou encore de Rick James. Des chansons aux mélodies prenantes où des solos de keytar fleurent avec des beats distordus faits pour remuer les culs jusqu’à l’infini au-delà de notre galaxie. Avec son visuel argenté et ses notes de synthétiseur aux mélodies fluorescentes, Invite the light pourrait être un monument rétro futuriste si le génie de Dam Funk n’était pas de faire sonner tout cet attirail passé de mode comme les jouets du futur que les ingénieurs de l’époque ont imaginés. Invite the light va de l’avant, vers la lumière, comme son nom l’indique, et pas vers le passé.
Daft Punk aimerait sûrement composer des titres aussi originaux et groovy que Surveillance escape, avec ses paroles distordues tout droit sorties de la boite noire d’une fusée en pleine ascension, ses mélodies de films de science-fiction et sa rythmique à la Street of Rage, mais malheureusement pour eux ils n’ont pas le génie californien.
Sur le morceau suivant, il invite Flea (Red Hot Chili Peppers) et donne alors une petite leçon à Squarepusher pour composer des titres à la fois électroniques, progressifs et touchants.
Puis, comme si de rien n’était, il balance après un HowUFonFuckAroundAndChooseABusta de G Funk parfait pour se prendre pour un gangster californien roulant sur un low rider. Il faut dire qu’après avoir offert à Snoop Dogg un disque parfait sur 7 Days of Funk, le musicien n’a plus vraiment à faire ses preuves en la matière. Pas de problème. Il surenchérit sur le morceau suivant, et ainsi de suite pendant une heure de plus. Comment voulez-vous vous lasser d’un artiste pareil ?
Unique de par sa capacité à partir en tout sens tout en étant parfaitement capable de conserver un style cohérent, Dam Funk montre tout ce dont il est capable tout au long de ce monstrueux album maitrisé de bout en bout. Il aura fallu six ans au musicien pour en venir à bout mais le pari est réussi tant l’on prend plaisir à parcourir les rues éclairées de néons fluorescents que Dam Funk a construit. Plus qu’un disque, un voyage science-fictionnel au sein de l’afro futurisme d’un musicien hors paire. On a trouvé un remplaçant à Prince.
25/02/82, 1m80, à peine 60 kilos et élevé pour parcourir le macadam parisien de refuge en refuge jusqu'à son déménagement à Londres. Chroniqueur rock de 2004 à 2010 sur Eklektik-rock puis sur la fille du rock depuis 2010, bibliothécaire 2.0 depuis 2008, passionné de musique (metal, jazz, rap, electro …) et de comics. Ecrit aussi en anglais sur Delay and Distorsion (Chronique musicale). |
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